Aucun pouvoir n’est éternel. Peu importe à quel point il est autoritaire. Le dictateur syrien Bachar al-Assad, 59 ans, en fait enfin l’amère expérience. Acculé pendant douze jours par une offensive éclair des rebelles syriens, il a fui sa forteresse de Damas dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre et a abandonné le pays en s’envolant depuis l’aéroport international de la capitale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. (OSDH), une ONG basée en Grande-Bretagne mais avec de nombreux relais en Syrie.
Le dernier survivant du Printemps arabe, qui a vu de nombreux pays du Moyen-Orient s’enflammer pour renverser leurs dictateurs, tombe à son tour, abandonné par l’armée et les forces de sécurité, après vingt-quatre ans de pouvoir. “Assad a quitté la Syrie via l’aéroport de Damas, avant le retrait des membres des forces armées et de sécurité” du site, rapporte le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, à l’AFP vers 4 heures du matin. « Nous déclarons la ville de Damas libérée du tyran Bashar Al-Assad, Les rebelles du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) l’ont également annoncé sur Telegram. C’est le moment que les déplacés et les prisonniers attendent depuis longtemps, le moment du retour chez eux et le moment de la liberté après des décennies d’oppression et de souffrance. Des propos repris par la suite à la télévision publique. Ils ont également appelé les Syriens déplacés à l’étranger à retourner dans un pays « Syrie libre » et pour sauvegarder les avoirs de l’État syrien «libre».
Une demi-heure plus tôt, les combattants annonçaient avoir pris la prison de Sednaya, à Damas, et libéré les détenus de cet établissement pénitentiaire, symbole des pires exactions des forces d’al-Assad, qualifié d’« abattoir humain ». Les premières images publiées sur les réseaux montrent un détenu prosterné au sol, terrifié, incapable de répondre à la question « comment tu t’appelles ? ».
Le groupe HTS, qui dirige la coalition rebelle, venait d’entrer dans la capitale, où des habitants ont déclaré à l’AFP avoir entendu des tirs nourris. Plus tôt dans la nuit, ils ont pris la ville de Homs. Après l’annonce de l’évasion du « boucher de Damas », le Premier ministre s’est dit prêt à coopérer avec les “direction” ce que le peuple choisira, et s’est également déclaré prêt à toute procédure de “remettre”. Le chef de la coalition rebelle a appelé ses combattants à ne pas s’approcher des institutions publiques de Damas.
Des progrès rapides
Il aura donc fallu treize années d’une terrible guerre civile pour que le boucher de Damas s’en aille, fuyant, contraint et forcé. Après plus d’un demi-million de morts. L’une des pires crises migratoires de l’histoire. Un califat meurtrier autoproclamé qui, pour un - seulement, aura ébranlé la planète et exporté ses soldats du malheur jusque dans les salles de concert européennes. Tout cela parce qu’un homme a refusé de céder le pouvoir que son père lui avait déjà imposé d’une main de fer.
Pourtant, il y a à peine deux semaines, Bachar al-Assad semblait toujours aussi profondément assis dans son fauteuil de président dictateur, toujours soutenu par ses alliés russes et iraniens. La décapitation du Hezbollah au Liban, les réticences de Téhéran et de Moscou, déjà occupés ailleurs, à soutenir Bachar al-Assad, également très affaibli en interne, ont permis une large coalition, dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham et retirée pour ans autour de la ville d’Idlib, ont repris le chemin de la guerre, mercredi 27 novembre. En seulement trois jours, ils ont pris Alep, la deuxième ville du pays, déjà martyrisée au début. de la guerre civile.
Dès le week-end dernier, des rumeurs de coups de feu à Damas laissaient présager ce que personne n’osait croire : la chute probable du président tout-puissant. Son armée promet une contre-offensive. Sans succès. Chaque jour qui s’est écoulé depuis lors continue de témoigner de sa faiblesse et de sa désintégration. Jusqu’à la prise, jeudi 5 décembre dans l’après-midi, de la ville de Hama, à 140 km au sud d’Alep, sur la route de Homs. L’avancée rapide des forces rebelles n’a laissé à Bachar d’autre choix que de fuir pour sauver sa vie et celle de ses proches.
En même -, libérer les millions de Syriens victimes de son joug depuis tant d’années. Et qui rêvera de le voir un jour jugé pour ses crimes. Son départ ouvre désormais une question aussi inquiétante qu’inconnue : qui lui succédera ? Que pouvons-nous faire après tant d’années d’horreur pour restaurer un pays aussi blessé et fragmenté ? Le leader du groupe Tahrir al-Sham affiche actuellement une façade plutôt très modérée. Reste à savoir s’il s’agit d’une réalité ou d’un artifice de circonstance.
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