► Pourquoi une telle décision ?
D’abord parce que Joe Biden en a la possibilité. L’article II de la Constitution des États-Unis accorde au président des États-Unis le « pouvoir d’accorder des sursis et des grâces pour les crimes contre les États-Unis, sauf dans les cas demise en accusation ». Il s’agit donc exclusivement de justice fédérale, celle qui concerne les Etats-Unis, et non de justice étatique. Pourtant, les ennuis judiciaires de Hunter Biden – pour avoir menti en 2018 lors de l’achat d’une arme à feu, détenu pendant 11 jours, nié être un consommateur de drogue, et pour fraude fiscale, pour un montant remboursé depuis – relèvent bien de la justice fédérale.
Ensuite, parce que Joe Biden estime que son fils a été victime de harcèlement politique, pour nuire au président. « Aucune personne raisonnable examinant les faits dans les affaires Hunter ne peut parvenir à une conclusion autre que celle-ci : Hunter a été choisi uniquement parce qu’il est mon fils – et c’est faux. »a déclaré le démocrate de 82 ans dans un communiqué, décrivant « une erreur judiciaire ». Selon de nombreux juristes, les faits reprochés à Hunter Biden auraient dû connaître une autre issue judiciaire. En juin 2023, un accord a été trouvé entre les avocats de l’accusé et le procureur, qui excluait la prison. Il a été rejeté sous la pression des parlementaires républicains.
► Quel rôle a joué la victoire de Donald Trump ?
Par le passé, Joe Biden a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’interviendrait pas dans l’enquête visant son fils, d’une part, et que, d’autre part, il n’utiliserait pas son autorité de président pour gracier son fils. Mais la victoire de Donald Trump le 5 novembre ainsi que ses nominations ont certainement changé la donne quant à une éventuelle grâce : le prochain locataire du Bureau Ovale n’a pas caché ses intentions de régler ses comptes et de déchaîner la colère de la justice contre ses adversaires. Kash Patel, fidèle des fidèles, choisi samedi à la tête du FBI, ne dit rien d’autre.
Dans son communiqué, Joe Biden n’évoque pas le retour de Donald Trump à Washington. Mais les avocats de son fils oui. Dans un document de 52 pages intitulé « les poursuites politiques contre Hunter Biden » rendu public samedi, ils estiment que « l’élection ayant rendu son verdict, la menace contre Hunter est réelle ». Avant d’ajouter : « Trump a dit que sa liste d’ennemis incluait Hunter », assurant au passage que « la perspective de voir Trump se venger des procureurs spéciaux refusant d’adopter une ligne dure contre Hunter les a mis à rude épreuve. pression considérable pour poursuivre Hunter.
► Comment ce pardon a-t-il été reçu ?
Les grâces présidentielles constituent toujours, en fin de mandat, des sujets de polémique. On se souvient de la grâce, par Bill Clinton, de son demi-frère Roger, condamné en 1985 pour trafic de cocaïne, ou du financier Marc Rich, le dernier jour de son mandat. Ou encore en 2020 de Charles Kuchner, le père de Jared Kushner, gendre de Donald Trump, reconnu coupable de fraude fiscale.
La décision de Joe Biden n’échappe pas à ces critiques. Les Républicains, bien entendu, ont vivement réagi. Mais le malaise touche aussi les rangs démocrates. Jared Polis, le gouverneur du Colorado, a considéré qu’il s’agissait d’un « Un précédent malheureux qui pourrait servir de prétexte à d’autres présidents et qui va ternir la réputation » par Joe Biden. D’autres démocrates, comme Eric Holder, ministre de la Justice sous Barack Obama, estiment au contraire la grâce justifiée, les faits reprochés à Hunter Biden n’étant pas de nature à justifier le caractère extrême de la justice fédérale américaine.
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