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Séparée de sa fille, une Russe la retrouve grâce à un Ukrainien

Anastassia et sa fille Darina sont enfin réunies grâce à l’aide d’Alexeï, un soldat ukrainien.

AFP

Lorsque l’armée ukrainienne est entrée en Russie pour son offensive surprise dans la région de Koursk en août dernier, Anastassia Gridina s’est retrouvée séparée de sa fille de 3 ans, Darina, par la nouvelle ligne de front. S’ensuivent quatre mois d’angoisse pour la jeune femme vivant près de Moscou, alors que la petite fille se retrouve coincée dans le territoire occupé par les troupes de Kiev.

La semaine dernière, Darina est finalement rentrée en Russie, en compagnie d’une cinquantaine de civils de la région de Koursk, après de rares négociations entre Moscou et Kiev. Si Darina et Anastassia ont pu être réunies, c’est en partie grâce aux efforts d’un Ukrainien en zone occupée. «Je lui suis très reconnaissante», déclare Anastassia Gridina. Elle affirme qu’il s’agit d’un « correspondant de guerre » nommé Alexeï, mais, selon les informations de l’AFP, il s’agit d’un soldat ukrainien déployé dans la zone.

Darina tient dans ses mains un petit cheval en plastique pendant que sa mère raconte son voyage. Tout a commencé le 6 août, lorsque des soldats ukrainiens sont entrés en Russie et se sont emparés de centaines de kilomètres carrés, deux ans et demi après le lancement d’une offensive russe à grande échelle contre l’Ukraine.

Anastassia est à Moscou, où elle est partie chercher du travail, laissant temporairement son enfant chez sa grand-mère dans la région de Koursk. L’incursion ukrainienne surprend les habitants. Les familles sont séparées, comme celle d’Anastassia.

Lien unique

Pendant environ quatre mois, Darina et son arrière-grand-mère ont vécu dans une zone sous contrôle ukrainien, d’abord dans leur maison, puis dans un complexe scolaire à moitié détruit dans la ville de Soudja. Le contact avec le reste de la Russie est alors impossible, le réseau téléphonique étant coupé.

L’Ukrainien Alexei, qui se trouve dans la région de Koursk, devient le seul lien entre Anastasia et sa fille. Le jeune Russe sait très peu de choses sur lui. Elle dit qu’elle ne connaît même pas son nom de famille. Les journalistes de l’AFP ont identifié cet homme et lui ont confirmé cette histoire. Alexei a réussi à contacter la jeune mère, qui a reçu de lui des vidéos de sa fille. Puis il a montré à la petite fille les vidéos envoyées par Anastassia.

Après des semaines de discussions, Alexei demande à la mère d’envoyer une autre vidéo, cette fois plus officielle. Il souhaite obtenir son consentement filmé pour que Darina soit emmenée en Ukraine. De là, elle ira en Biélorussie, puis en Russie. Le plan comporte des risques, mais Anastassia est d’accord. « S’il ne les avait pas fait sortir, je pense qu’ils ne seraient pas partis et qu’il n’y aurait pas eu d’issue », dit-elle, reconnaissante.

« Les gens ont peur »

Alexei a tenté de convaincre les autres habitants des villages occupés de le suivre. Mais « les gens ont peur ». Ceux qui acceptent sont escortés par l’armée de Kiev jusqu’à la région frontalière de Soumy, en Ukraine, avant de poursuivre leur voyage avec l’aide de la Croix-Rouge.

Les «dernières minutes» avant les retrouvailles en Russie ont été insupportables, raconte Anastassia. Quand Darina la voit, elle « est très surprise, s’exclame ‘Maman’ et sourit », dit-elle. La famille est désormais réunie, mais l’épreuve a traumatisé le petit. Elle a du mal à s’endormir, craignant qu’à son réveil, il n’y ait personne autour d’elle.

Pendant quatre mois, Darina a vécu au milieu des combats. Les rues étaient « couvertes de verre, tout était détruit », raconte Tatiana, la grand-mère d’Anastassia.

Tout le monde veut que les combats s’arrêtent

Leurs conditions de vie étaient rudimentaires dans l’école qui leur servait de refuge. Les forces ukrainiennes ont distribué du pain et des conserves, juste assez pour ne pas « mourir de faim », selon elle. Il n’y avait ni électricité, ni gaz, il faisait froid. « Le soir, nous étions assis dans le noir », raconte Tatiana. Darina était trop petite pour comprendre, “mais j’étais très inquiète”.

Tatiana se souvient également de ses interactions avec les soldats ukrainiens. La grand-mère russe et les jeunes soldats ukrainiens ont des interprétations différentes de l’Histoire ou du « qui a attaqué qui » dans ce conflit, reconnaît Tatiana.

Mais ils sont d’accord sur l’essentiel : les combats doivent cesser. “Nous leur avons dit que nous en avions assez” et les Ukrainiens ont répondu la même chose, assure Tatiana. “Personne n’a besoin de la guerre.”

(afp/eu)

 
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