Les Philippines sont un peu le Far West asiatique, où les inimitiés ont tendance à se régler d’un coup de fusil. Même au plus haut niveau de l’État. Lors d’une conférence de presse émaillée d’insultes le week-end dernier, la vice-présidente Sara Duterte a affirmé qu’elle faisait l’objet d’un complot d’assassinat. Avant de dire qu’elle avait elle-même ordonné à un membre de son équipe de sécurité de tuer le président si ce complot aboutissait.
« J’ai parlé à un membre de ma sécurité. Je lui ai dit que si j’étais tué, il devait tuer BBM (Président Ferdinand Marcos, NDLR), Lisa Araneta (la première dame) et Martin Romualdez (le président de la Chambre des représentants). Ce n’est pas une blague, ce n’est pas une blague”, dit-elle, ajoutant : “Je lui ai dit : ‘Ne t’arrête pas tant que tu ne les as pas tués’, et il a dit oui.” »
Des menaces prises au sérieux
Quelques heures plus tard, le service de communication du palais présidentiel a indiqué avoir transmis “cette menace active contre le commandement de sécurité présidentiel afin qu’il prenne immédiatement les mesures nécessaires”. « Toute menace contre la vie du président doit toujours être prise au sérieux, d’autant plus que cette menace a été publiquement révélée dans des termes clairs et certains. » dit également la communication du président.
Le bureau présidentiel, citant le ministère de la Justice, a déclaré que les menaces proférées par Duterte faisaient désormais l’objet d’une enquête et pourraient donner lieu à des poursuites. Les alliés de Marcos au Congrès enquêtent séparément sur la campagne de Rodrigo Duterte, qui a fait plus de 6 000 morts dans des opérations antidrogue, et sur les allégations de corruption liées à l’utilisation des fonds publics par Sara Duterte pendant son mandat de secrétaire d’État. éducation.
Une vieille rivalité
L’alliance électorale de 2022 entre les deux familles les plus puissantes des Philippines, les Marcos et les Duterte, a commencé à s’effriter en janvier dernier. Le père de Sara Duterte, l’ancien président Rodrigo Duterte, avait alors accusé Ferdinand Marcos d’être un “toxicomane”tandis que ce dernier affirmait le lendemain que la santé de son prédécesseur se détériorait en raison d’une consommation prolongée de fentanyl, un opioïde. Ni l’un ni l’autre n’ont fourni la preuve de leurs allégations.
«Depuis les élections, il y avait déjà des fissures» analyse Sol Iglesias, professeur de sciences politiques à l’Université des Philippines à Manille, qui prédisait à l’époque « Frictions et rivalités ». Mais il semble que les tensions s’intensifient à quelques mois des élections de mi-mandat du printemps 2025. « Cela illustre une fois de plus la fragilité de toute alliance politique aux Philippines. » » déplore Jayeel Cornelio, sociologue et professeur de sciences politiques à la prestigieuse université jésuite Ateneo de Manille. Surtout quand il s’agit de deux puissantes dynasties politiques qui se battent pour le pouvoir.
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