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peut-on soigner les hommes violents ?

Une femme est tuée par son compagnon ou ex-conjoint tous les trois jours, rappelle Victimes, lundi 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Au-delà des violences conjugales, elles représentent l’écrasante majorité des 84 000 victimes de violences sexuelles signalées en 2023.

Malgré les progrès impulsés par le mouvement #MeToo, les violences faites aux femmes restent un fléau. Certains hommes violents sont condamnés, mais peut-on vraiment les soigner et prévenir la récidive ?

C’était l’objectif de la loi du 17 juin 1998, dite loi Guigou, qui prévoyait une injonction de traitement pour les auteurs d’infractions sexuelles, généralisée ensuite à toutes les formes de violences. Ces soins peuvent se faire en consultations spécialisées sous forme de thérapies de groupe ou individuelles ou de traitements médicamenteux.

Il n’y a pas de profil type

Gabrielle Arena, psychiatre, et Caroline Legendre, psychologue clinicienne, co-auteures, avec la sexologue Gaëlle Saint-Jalmes, de Ces hommes parmi nous.Traiter les auteurs de violences sexuelles (1), pratiquaient déjà à l’époque et devaient se former pour pouvoir intervenir auprès des auteurs de violences. Les hommes, disent-ils, souvent “ordinaire”loin du cliché de « monstre ».

“Il n’y a pas de profil type”, observe Gabrielle Arena, ancienne responsable d’un centre de ressources pour les intervenantes auprès des auteurs de violences sexuelles (Criavs), aujourd’hui à la retraite. « Ce sont des collègues de travail, des pères de famille. Cette banalité reflète leur nature humaine et souligne la nécessité de comprendre leur parcours sans excuser leurs actes. »

Ce que ces hommes ont en commun, ce sont des parcours de vie souvent chaotiques. « Chez les auteurs de violences sexuelles, on retrouve fréquemment des traumatismes précoces ou des déficiences dans la construction de leur identité, souvent liés à des relations parentales défaillantes, poursuit le psychiatre. La violence peut être une stratégie inconsciente pour surmonter les angoisses d’anéantissement ou pour compenser de graves défauts narcissiques. »

Les hommes violents manquent souvent aussi d’empathie. “Ils sont incapables de se mettre à la place de l’autre, et ce phénomène est amplifié par des mécanismes de défense psychologiques comme le déni et le clivage, explique Caroline Legendre, spécialisée dans le travail en prison et ancienne juriste, retraitée de la fonction publique. La séparation est un processus complexe qui permet à l’agresseur de se déconnecter de ses actes criminels, dont il est conscient à ce moment-là, puis de reprendre une vie normale. »

Les cas de violence domestique sont parfois moins complexes

Ces agresseurs peuvent-ils vraiment être soignés ? « En tant que professionnels, nous faisons le pari que chacun est capable d’évoluer. Mais plus le traumatisme est ancien, plus il sera compliqué, d’où la nécessité d’en prendre en charge le plus tôt possible. underlines Gaëlle Saint-Jalmes, clinical psychologist at the Villepinte remand center (Seine-Saint-Denis).De plus, tous les patients ne sont pas accessibles au travail thérapeutique, notamment en thérapie individuelle. »

Les cas de violence domestique sont parfois « moins complexe à traiter car il y a souvent moins de déni » explique, de son côté, Alain Legrand, président de la Fédération nationale des associations et centres d’accompagnement des auteurs de violences conjugales et familiales (Fnacav). « Si les thérapies sont bien menées et sur le long terme – de deux à vingt ans – elles peuvent apporter des résultats durables pour ceux qui s’engagent sincèrement dans la démarche. J’ai par exemple suivi pendant huit ans un patient condamné pour violences graves, qui a complètement changé sa vie à la fin de ce travail. »

Alain Legrand veille à ce qu’un accompagnement thérapeutique « réduit en moyenne de 30 % » le taux de récidive. Un chiffre qui n’est pas confirmé par Stéphanie Pellegrini, directrice adjointe du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) de l’Essonne. « La prise en charge est un levier pour lutter contre la récidive, mais il est difficile d’évaluer précisément son efficacité, nuance-t-elle. Le rappel du cadre, la prise en compte de la victime et tout le travail criminologique aideront également la personne à prendre conscience des actes qu’elle a commis. »

(1) Ed. du Détour, 2023, 256 p., €20.90.

 
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