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Pour Merkel, Trump est « fasciné » par les autocrates

Donald Trump et Angela Merkel lors du G8 en Allemagne en juillet 2017.

AFP

Trump, Poutine, sa jeunesse en RDA : Angela Merkel, chancelière allemande entre 2005 et 2021, revient sur son parcours dans ses mémoires intitulées « Liberté » à paraître mardi prochain.

L’hebdomadaire allemand « Die Zeit » a publié jeudi des extraits en avant-première, dont les passages suivants :

Donald Trump

A propos de sa première rencontre avec le président américain à la Maison Blanche, en mars 2017, qui ne lui a pas laissé « un bon sentiment », elle écrit : « Nous étions à deux niveaux différents. Trump était émotif, j’étais factuel. Lorsqu’il prêtait attention à mes arguments, c’était généralement pour leur faire encore des reproches. Son objectif ne semble pas être de trouver une solution aux problèmes soulevés. (…) J’ai conclu de mes entretiens : la coopération pour un monde interconnecté ne serait pas possible avec Trump.»

« Apparemment, le président russe le fascinait beaucoup. Dans les années qui ont suivi, j’ai eu l’impression que des dirigeants aux tendances autocratiques et dictatoriales exerçaient sur lui une certaine fascination.

En juin 2017, Trump annonçait au téléphone à Merkel que les États-Unis allaient se retirer de l’accord de Paris sur le climat, « un coup dur » pour celle qui voulait faire du climat « un sujet central » du G20.

Ukraine et Otan

Concernant son opposition à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN – pour laquelle elle a longtemps été critiquée – elle s’explique en revenant sur le sommet de l’alliance en 2008 à Bucarest.

La présence de la flotte russe de la mer Noire dans la péninsule ukrainienne de Crimée présente des risques, a-t-elle déclaré : « Jusqu’à présent, aucun des pays candidats à l’adhésion à l’OTAN n’avait connu une telle imbrication avec les structures militaires russes.

«Je trouvais illusoire de penser que le statut de candidat aurait protégé l’Ukraine (et la Géorgie) de l’agression de Poutine.»

A l’issue du sommet, un compromis « qui avait un prix » a été trouvé.

«Le fait qu’on n’ait pas promis à la Géorgie et à l’Ukraine le statut de pays candidat constituait un ‘non’ à leurs espoirs. Le fait que l’OTAN leur ait en même temps laissé entrevoir une promesse générale d’adhésion était pour Poutine un « oui » à l’adhésion (…) une déclaration de guerre.

« Je suis revenu de Bucarest avec des sentiments mitigés. Nous avions évité une grande dispute, mais dans le même temps, il était devenu clair que nous, au sein de l’OTAN, n’avions pas de stratégie commune vis-à-vis de la Russie.

« Plus tard, dans un autre contexte (…) Vladimir Poutine m’a dit : « vous ne resterez pas chancelier pour l’éternité et ensuite elles (l’Ukraine et la Géorgie, ndlr) deviendront membres de l’Otan. Et je veux empêcher cela.

« Et j’ai pensé : vous n’êtes pas non plus président pour toujours. Toutefois, mes inquiétudes quant aux tensions futures avec la Russie n’ont pas diminué à Bucarest.

La jeunesse sous la dictature

Angela Merkel se souvient d’une « enfance heureuse » à Templin, petite ville de l’ex-RDA communiste, au nord de Berlin.

Son père, pasteur de Hambourg, dans l’ouest, dirigeait un séminaire de formation en théologie dans le but de pallier la pénurie de clergé sous un régime hostile à la religion.

“Mes parents ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour créer des espaces de protection pour moi et mes frères et sœurs (…) Je leur en serai toujours reconnaissant.”

« Vivre sous une dictature signifiait « vivre en permanence sur le fil du rasoir ». Même si une journée commençait par négligence, tout pourrait changer en quelques secondes si les frontières politiques étaient transgressées, mettant ainsi nos vies en danger.

« Trouver où se trouvaient exactement ces limites était le véritable art de vivre. Mon caractère conciliant dans une certaine mesure et mon approche pragmatique m’ont aidé.

Mais pas toujours. Comme le jour à l’université où l’étudiante Angela Merkel a été surprise en train de faire des exercices de physique, le sujet de ses études, au lieu d’assister à un cours général obligatoire sur le marxisme-léninisme.

Le professeur lui a ordonné de quitter l’amphithéâtre : « J’ai dû descendre les escaliers jusqu’en bas. Un silence de mort régnait dans la pièce. Une fois dehors, « j’ai remarqué que mes genoux tremblaient ». Si l’épisode n’a eu aucune conséquence, elle ne l’a jamais oublié : “C’était humiliant.”

Avec le recul, elle ressent une « sorte de supériorité » face à ce régime. “Parce que cet Etat n’a pas réussi, malgré tout, à me priver de quelque chose qui me faisait vivre et ressentir : une certaine insouciance.”

(AFP)

 
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