L’Iran poursuit inlassablement ses efforts pour obliger les femmes à respecter le port obligatoire du hijab. Le 12 novembre, la directrice du département des affaires féminines au sein du Bureau pour la promotion de la vertu et la prévention du vice à Téhéran a annoncé la création d’une « clinique de traitement » pour les femmes iraniennes qui refusent le voile islamique. Talebi Darastani a déclaré que l’établissement vise à aborder scientifiquement et psychologiquement la révélation de soi, en particulier chez les adolescentes et les jeunes adultes. Elle a également déclaré que la clinique les aiderait dans leur quête d’identité islamique.
« Le hijab et la façon dont les femmes s’habillent n’ont rien à voir avec leur santé mentale. C’est un choix personnel. s’insurge Roshanak, un peintre de 31 ans. « Il est choquant de voir à quel point le gouvernement déteste les femmes. Il met en œuvre des idées folles comme celles-ci, dénonce cette féministe. Son seul objectif est de les intimider et de continuer à les opprimer, en injectant avec force son idéologie dans la tête de chaque habitant. »
“Rester silencieux n’apportera pas de changement”
La création de cette clinique a été annoncée dix jours après l’arrestation d’Ahou Daryaei, étudiant à l’université Azad de Téhéran. Après une altercation avec la sécurité du campus et les Basijs (miliciens des Gardiens de la Révolution, NDLR) Concernant sa tenue vestimentaire, la jeune femme avait décidé, dans un moment de colère, de se déshabiller et de traverser l’enceinte universitaire en sous-vêtements.
Cette affaire a suscité un tollé général, Ahou Daryaei devenant un nouveau symbole de la résistance des femmes au hijab. Selon les médias affiliés à l’État, elle a ensuite été transférée dans un hôpital psychiatrique. Amir Mahjoob, directeur des relations publiques à l’université, l’a décrit comme un « fille souffrant de troubles psychologiques ». Le 19 novembre, la justice iranienne a assuré qu’Ahou Daryaei ne serait visé par aucune procédure judiciaire et que ” malade “, elle avait été « remis à sa famille ».
Début novembre, un autre drame a choqué les Iraniens : Arezou Khavari, une jeune Afghane de 16 ans vivant dans le sud de Téhéran, s’est suicidée après avoir subi, à cause de son hijab, des menaces et de fortes pressions psychologiques de la part de son responsables de l’école.
Triste et en colère face à ces deux événements, Roshanak ne cache pas une certaine déception. Comme beaucoup, elle espérait que les femmes iraniennes souffriraient moins après le mouvement « Femme, Vie, Liberté » : « Le silence et la patience des femmes n’atténuent pas les comportements offensants ou les lois injustes ; au contraire, ils les prolongent et les perpétuent, déplore le peintre. Les jeunes Iraniennes d’aujourd’hui comprennent que rester silencieuses face à la coercition, de la part du gouvernement ou de leur père, n’apportera pas de changement. »
Non-port du voile assimilé à la nudité
Étudiante et militante à Ispahan, Neda Kavianpour constate chaque jour que la police des mœurs, dont la présence avait diminué lors de « Femme, vie, liberté », est revenue dans la rue pour intimider les femmes. Un projet de loi sur la chasteté et le hijab a également été approuvé fin septembre, grâce au soutien des représentants du gouvernement et de leurs alliés.
Ce texte assimile le refus du port du hijab à la nudité. Amirhossein Bankipour, député d’Ispahan, a précisé que la répression de “dévoilement” et le “nudité” se ferait principalement au moyen de caméras et que les amendes et les avertissements seraient envoyés directement aux téléphones des contrevenants.
Malgré ce durcissement qui s’accompagne de violences, de harcèlement et de détentions arbitraires, Neda Kavianpour ne veut pas perdre espoir. « J’espère que les femmes iraniennes continueront à se battre avec courage et créativité pour obtenir la liberté et le respect qu’elles méritent. »
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Une répression dangereuse
Plus de deux ans après le décès de Mahsa Amini, Depuis le 16 septembre 2022, et le lancement du mouvement « Femme, Vie, Liberté », la guerre contre les femmes s’intensifie en toute impunité, dénonce Amnesty International.
Depuis le lancement en avril d’une campagne nationale baptisée « Plan Noor », l’ONG a noté “une nette augmentation, dans les lieux publics, du nombre de patrouilles de sécurité à pied, à moto, en voiture et dans les fourgons de police chargés de veiller à l’application du port obligatoire du voile”.
Cette répression se caractérise notamment par des courses-poursuites dangereuses visant à arrêter les conductrices. Le 22 juillet, des policiers ont abattu une Iranienne dans une voiture, la blessant grièvement.
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