La question du maintien de la gratuité de l’accès à Notre-Dame-de-Paris est toujours en débat. La ministre Rachida Dati a maintenu sa proposition de placer un billet à 5 € par touriste, lors de la Conférence des évêques de France, ce lundi 18 novembre.
Les touristes doivent-ils payer l’entrée à Notre-Dame de Paris pour financer le patrimoine religieux ? Rachida Dati a réitéré sa proposition, ce lundi 18 novembre, devant le président de la Conférence des évêques de France (CEF) qui a réitéré l’attachement de l’Église à la gratuité.
« Cette proposition a suscité un débat, je le sais. Mais je le trouve cohérent, et j’aimerais que nous puissions l’étudier ensemble sérieusement», a déclaré le ministre de la Culture lors de la clôture des Etats généraux des patrimoines religieux (EGPR).
Le ministre a lancé l’idée fin octobre, estimant qu’un billet de 5 euros par touriste rapporterait « 75 millions d’euros par an », reversés au patrimoine religieux. Le diocèse de Paris a immédiatement réitéré son attachement au principe du libre accès aux églises.
« Protéger » la liberté de religion
“Je n’avais pas l’intention de marchandiser le patrimoine religieux”, a assuré Rachida Dati, selon qui une telle proposition “protège la liberté de culte” et “pourrait contribuer à sauver une grande partie de notre patrimoine”. S’exprimant devant le ministre, le président du CEF Eric de Moulins-Beaufort a souligné que “les lieux de culte sont affectés au culte exclusivement et entièrement et leur accès est libre”.
Les églises et les cathédrales « ont toujours été des lieux ouverts à tous », et « l’entrée payante pour assurer leur entretien » serait une manière de « trahir leur vocation originelle », a-t-il insisté, espérant qu’elles « soient préservées de la marchandisation croissante » observée en 2017. lieux de culture.
Tous deux se sont exprimés à l’occasion de la remise d’un rapport, initié en septembre 2023 par le CEF pour recenser le patrimoine religieux français, le deuxième au monde après l’Italie avec plus de 100 000 édifices (dont 60 000 propriétés privées).
« Près de 4 000 édifices religieux protégés »
Le but de cette enquête était notamment de réfléchir sur les usages permettant de mettre en valeur ce patrimoine extrêmement riche, mais accablant pour les finances des petites communes. « Ces États généraux ont confirmé ce que l’on savait déjà : près de 4 000 édifices religieux protégés sont en mauvais état, voire en danger », a déclaré Rachida Dati.
Rappelant que 13 millions d’euros avaient été récoltés grâce à la collecte lancée en septembre 2023 par Emmanuel Macron pour aider les communes de moins de 10 000 habitants à préserver leurs édifices religieux, Rachida Dati a assuré vouloir “aller encore plus loin” et “revoir le modèle”. de cette collection pour permettre à « d’autres que la Fondation du Patrimoine » d’y participer.
Le ministre a également mis en avant un amendement du gouvernement visant à débloquer « 300 millions d’euros supplémentaires » dont « une part significative » sera consacrée au « patrimoine rural », et donc en grande partie au patrimoine religieux.
Une enquête sur l’état de santé des édifices religieux
Selon l’enquête publiée lundi, 40.068 édifices religieux appartiennent aux communes, et 2.145 sont la propriété des diocèses. Sur les 149 cathédrales que compte la France, quatre seulement appartiennent à des diocèses, contre 87 à l’État et 52 à des communes. L’État est en effet propriétaire des édifices religieux construits jusqu’en 1905, et ceux construits après appartiennent à l’Église.
En lançant son enquête, l’Église a également souhaité identifier les usages « compatibles avec le culte », notamment solidaires ou culturels, au sein des édifices religieux. Ceux-ci sont évoqués par l’ensemble des 69 diocèses ayant répondu : accueil des plus démunis (dans 26 diocèses), vestiaires solidaires (10), mais aussi concerts (64 diocèses) ou cours d’orgue (55) ou encore asile climatique (24). .
Selon cette enquête, 411 édifices religieux diocésains ont été désacralisés depuis 1905 (dans 87 diocèses), et 72 édifices démolis depuis l’an 2000 (sur 69 diocèses ayant répondu). Au final, l’enquête souligne aussi la connaissance incomplète que l’Église a encore de son patrimoine mobilier, puisque sur les 69 diocèses concernés, seuls 10 % ont achevé leur inventaire. Il est en cours dans 74% des diocèses et 16% ne l’ont pas encore commencé.
Quant au « patrimoine immatériel », l’enquête a recensé 30 itinéraires de pèlerinage, 112 fêtes patronales et 743 pardons locaux. Un guide du mécénat du patrimoine religieux, destiné à tous les propriétaires, a également été présenté à cette occasion.
Related News :