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Ambassadeur de l’Ukraine au Canada

(Ottawa) Cela fera 1000 jours cette semaine depuis que la Russie a envahi l’Ukraine et que la patrie de Volodymyr Zelensky résiste. Arrivée au Canada dès les premiers jours de l’assaut, l’ambassadrice Ioulia Kovaliv, ancienne proche collaboratrice du président ukrainien, revient sur les derniers mois de cette guerre, que seule « la paix par la force » pourra résoudre.

Que signifie cette étape importante pour l’Ukraine et pour vous personnellement ?

Cela fait beaucoup, 1000. Au-delà du nombre, il y a les tragédies humaines, les vies perdues, les familles brisées, les villes détruites. Enfants ukrainiens déportés vers la Russie, civils détenus et torturés. Mais c’est aussi 1000 jours de résistance et d’unité ; 1000 jours, alors que tout le monde s’attendait à la chute de l’Ukraine en l’espace de quelques jours. Et ces 1000 jours représentent déjà une victoire stratégique pour l’Ukraine. Le pays continue de se battre, de vivre et de prouver au monde que la démocratie, les droits de l’homme et la souveraineté méritent d’être défendus.

En ce qui me concerne, durant ces 1000 jours j’ai ressenti le poids de la perte de vies humaines, tant dans ma famille que chez mes proches. Je pense que l’un des moments les plus difficiles a été de devoir annoncer à une mère réfugiée ici et que je connaissais bien que son fils était mort au front, tué par les Russes. Ce fut l’une des périodes les plus difficiles de ma vie.

Quel impact le retour de Donald Trump pourrait-il avoir sur le cours de la guerre ?

En tant qu’ambassadeur au Canada, je ne suis pas vraiment en mesure de commenter ce qui se passe aux États-Unis, mais l’Ukraine a réussi à travailler de manière bipartite avec le Congrès américain. Le président Volodymyr Zelensky a rencontré Joe Biden et Donald Trump lorsqu’ils étaient candidats ; nous continuerons à travailler avec l’administration américaine.

Ce que je dirai cependant, c’est que nous devons tous être conscients que le virus de l’autocratie se propage à travers le monde. Il y a eu l’invasion illégale de Vladimir Poutine, puis l’Iran a fourni des drones à Moscou, et maintenant on voit la Corée du Nord envoyer des milliers de soldats, environ 11 000, dans la région de Koursk.

Le président Volodymyr Zelensky veut « forcer la Russie à faire la paix ». Que veut-il dire par là ?

Entre l’annexion illégale de la Crimée en 2014 et l’invasion à grande échelle de février 2022, plus de 200 cycles de négociations ont eu lieu entre la Russie et les dirigeants européens. Regardez où cela nous a mené. Nous savons que la seule chose que Vladimir Poutine comprend, c’est la force. L’hésitation et l’apaisement sont un feu vert pour poursuivre l’agression – nous l’avons également vu en Géorgie et en Transnistrie. Il n’y aura pas de paix sans respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

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PHOTO OLEKSANDR GIMANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un homme marche parmi les débris à Odessa, en Ukraine.

Le Canada a fait de nombreuses promesses à l’Ukraine, mais celles-ci tardent souvent à se concrétiser. Quelle est votre évaluation de l’aide canadienne?

Nous sommes reconnaissants que le Canada soit l’un de nos plus puissants alliés. La paix par la force s’obtient sur le champ de bataille, le soutien militaire est donc évidemment crucial. Il y a des attaques de drones presque toutes les nuits, la livraison du système de défense aérienne est donc très attendue. Il devrait arriver très prochainement, c’est à dire d’ici la fin de l’année⁠1.

L’industrie canadienne de la défense produit également des véhicules blindés de haute qualité [un premier lot des 50 véhicules promis a été livré en juin dernier]et le Canada continue de former des pilotes d’avions de combat. Sur le plan humanitaire, l’engagement de Montréal⁠2 visant à rapatrier des milliers d’enfants ukrainiens illégalement déportés vers la Russie constitue une étape importante.

Les députés conservateurs ont voté contre le traité de libre-échange Canada-Ukraine, arguant que la taxe sur le carbone ne devrait pas y être incluse. Comment l’avez-vous interprété ?

Nous sommes conscients qu’il existe des débats fondés sur des enjeux politiques nationaux. Ce que je ressens depuis 1000 jours, c’est le soutien massif de la population à travers tout le pays. J’ai toujours été très touché par cela. La relation entre nos deux pays est unique, non seulement parce que nous partageons les mêmes valeurs, mais aussi parce qu’elle repose sur des liens humains très forts. Nous travaillons avec tous les partis politiques et nous espérons que ce soutien sera durable dans le temps. Et puisque le Canada assurera la présidence du G7 en 2025, nous espérons que ce sera l’occasion de réaffirmer le soutien du G7 à l’Ukraine.

Les propos de l’entretien avec l’ambassadeur ont été reformulés dans un souci de clarté et de concision.

Vague de soutien international pour 1000 jours de résistance

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    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Depuis le 15 mars 2022, le conseiller municipal Serge Sasseville manifeste presque quotidiennement devant le consulat russe à Montréal, son voisin d’en face. Il arrive avec sa poussette tachée de faux sang et fait entendre sur un haut-parleur les sons des mitrailleuses et des alertes aériennes, puis l’hymne ukrainien. « Au début, je le faisais seul, avec mon téléphone et mon enceinte. En moyenne, je devais m’absenter environ trois jours par mois », affirme-t-il.

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    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    « Les Russes n’ont pas trouvé drôle ce que je faisais. Ils ont commencé à diffuser très fort de la musique russe dans le haut-parleur pour couvrir l’hymne national ukrainien », se souvient celui qui est persona non grata en Russie depuis avril 2023. Les fenêtres de sa résidence sont décorées de drapeaux ukrainiens, le dernier en date « d’un satin jaune et bleu vif » confectionné par une Ukrainienne ayant remplacé ceux que le soleil avait blanchis. À l’approche du jour 1000, Serge Sasseville n’a pas l’intention de baisser drapeau. “Je resterai jusqu’au retour de la paix selon les critères établis par Volodymyr Zelensky”, assure-t-il.

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    PHOTO RALF HIRSCHBERGER, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Plus près de l’Ukraine, une manifestation pour dénoncer l’invasion russe a été organisée dans les rues de Berlin, en Allemagne. Les opposants russes en exil Vladimir Kara-Mourza, Ioulia Navalnaïa (veuve d’Alexeï Navalny) et Ilia Yachine étaient en tête du cortège.

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    PHOTO IRINA DAMBRAUSKAS, REUTERS

    Une manifestante passe la main sur une fresque murale à l’effigie de l’opposant russe mort en captivité Alexeï Navalny, en marge d’un rassemblement de soutien à l’Ukraine à Buenos Aires, en Argentine.

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    PHOTO REMO CASILLI, REUTERS

    A Rome, des manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de Russie en Italie pour marquer le 1000e jour de l’invasion russe de l’Ukraine.

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    PHOTO HOLLIE ADAMS, REUTERS

    L’ambassade de Russie au Royaume-Uni, située à Londres, a également reçu la visite de manifestants opposés au régime de Vladimir Poutine.

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    PHOTO EDUARDO MUNOZ, REUTERS

    Un manifestant brandit un drapeau pour exiger la fin de la guerre devant le consulat général de Russie à New York, aux États-Unis.

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Extrait des propos de Serge Sasseville devant le consulat de Russie

1. Lire l’article « Un cadeau tant attendu »

2. Lire l’article « Un plan qui « touche notre humanité » »

 
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