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“C’est un peu un jeu du chat et de la souris”

Cette flotte est un exemple parmi d’autres de la capacité de la Russie à contourner les sanctions européennes, imposées après le début de l’invasion totale de l’Ukraine. Dans une résolution adoptée ce jeudi, le Parlement européen appelle à des mesures plus ciblées contre ces navires lors des prochaines séries de sanctions de l’Union européenne (UE). Par exemple, que tous les navires naviguant dans les eaux européennes sans assurance connue soient systématiquement sanctionnés. Ou que toutes les importations de combustibles fossiles russes, y compris le GNL, soient interdites dans les États membres.

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Pas à pas

Cette flotte « fantôme » est un nouvel exemple qui montre qu’il existe des failles dans le système de sanctions européen. “C’est inévitable car on ne peut pas tout prévoir à l’avance. C’est un peu un jeu du chat et de la souris. Évidemment, le pays qui fait l’objet de sanctions tentera toujours d’exploiter les failles, de les contourner d’une manière ou d’une autre.explique Frédéric Dopagne, professeur de droit international à l’UCLouvain. Les sanctions économiques ne sont pas parfaitement efficaces, ni immédiatement. L’Union européenne tente, à mesure que différentes séries de sanctions sont introduites, de compléter et d’affiner sa réglementation en comblant les lacunes. C’est un processus.

Un processus trop lent ? Alors que la majorité des sanctions ont été adoptées il y a près de trois ans, l’économie russe fait preuve de résilience : le FMI prévoit également une croissance de l’ordre de 3,2% en 2024.Les Russes sont clairement capables de générer chaque année des centaines de milliards de dollars pour financer leur complexe militaro-industriel.confirme le Professeur. Nous savons qu’ils ont réussi à mettre au pas toute l’économie, qui est désormais une économie de guerre.

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Fractures internationales

Selon Frédéric Dopagne, l’effort de guerre est «heureusement financé« par les exportations d’hydrocarbures, principalement vers la Chine, l’Inde et d’autres pays du Sud ».Je pense que c’est ce qui sauve l’économie russe, malgré les très larges sanctions du G7.

mouette

Il existe actuellement des fractures au sein de la communauté internationale. Nous sommes soit dans un camp, soit dans un autre.

L’impact des sanctions européennes est donc limité tant que les autres grandes puissances continuent d’importer du pétrole et du gaz russes. “L’Union européenne, à elle seule, n’est pas en mesure d’engager une action diplomatique auprès de ces pays pour tenter de les convaincre d’arrêter. Il n’y a rien à faire, nous avons des limites intrinsèques en termes de situation géopolitique. Il existe actuellement des fractures au sein de la communauté internationale. Nous sommes soit dans un camp, soit dans un autre.

Volonté politique

Que peut mettre en place l’UE, en plus des sanctions ? Dans sa résolution, le Parlement européen invite par exemple les pays du G7 à mieux appliquer le plafonnement des prix imposé au pétrole russe transporté par voie maritime.

Frédéric Dopagne avance de son côté l’idée d’interdire l’importation de produits pétroliers raffinés dans un pays tiers. “Apparemment, les produits pétroliers bruts russes étaient raffinés en Turquie. La Russie continue donc d’exporter indirectement du pétrole vers l’Europe. Maintenant, pour l’interdire, c’est une question de volonté politique. Toute mesure restrictive est décidée à l’unanimité au sein de l’Union européenne. Cependant, nous savons que Viktor Orbán [le Premier ministre hongrois, NdlR] chaque fois fait son cinéma avant l’adoption d’un nouveau train de sanctions. Et puis, nous avons aussi besoin de moyens matériels et humains pour mettre en œuvre et contrôler les sanctions. Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain, cela prend du temps. Nous progressons petit à petit.

Mais pourquoi persister à appliquer des sanctions contre la Russie, si cela n’entrave pas son ambition d’annexer l’Ukraine ? “L’autre objectif des sanctions est symbolique. Il y a une volonté de montrer un soutien important vers Kiev.

Frédéric Dopagne se montre optimiste : «Toutes ces sanctions sont néanmoins sans précédent par leur ampleur. En fin de compte, le fait que la Russie tente par tous les moyens de contourner les sanctions montre qu’elle n’est pas totalement indifférente. Il y a donc certes une efficacité, mais peut-être pas à la hauteur de celle qu’attend l’Union européenne.

 
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