La coalition du président obtient la majorité au Parlement

Un pari réussi : le premier président de gauche de l’histoire du Sri Lanka a remporté haut la main les élections législatives en obtenant une majorité absolue qui lui laisse les mains libres pour réformer le pays.

Marxiste de formation mais largement convertie depuis à l’économie de marché, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, a été élue en septembre à la tête d’un pays épuisé par la pire crise économique de son histoire et une brutale cure d’austérité.

Ses promesses de réduire les impôts sur les produits de première nécessité et d’éradiquer la corruption lui ont assuré un large soutien populaire.

62% des voix

Après avoir dépouillé plus des trois quarts des suffrages exprimés, la coalition NPP dirigée par le parti présidentiel, le Front populaire de libération (JVP), a remporté au moins 123 des 225 sièges du nouveau Parlement.

Le NPP, qui ne détenait que 3 sièges à l’Assemblée législative sortante, avait déjà recueilli près de 62% des suffrages, loin devant les partis d’opposition.

Elle est arrivée première dans 21 des 22 circonscriptions du pays avec plus de 5,68 millions de voix, soit plus que le score obtenu par le nouvel homme fort du pays lors de son élection en septembre.

« Un tournant pour le pays »

Le parti du leader de l’opposition Sajith Premadasa n’a obtenu que 18% des voix, celui du prédécesseur de M. Dissanayake, Ranil Wickremesinghe, à peine 4,5%, selon les résultats publiés par la commission électorale.

“Les gens ont voté pour se débarrasser de la corruption et de ce système corrompu”, a déclaré vendredi à l’AFP Chanaka Rajapaksha, un électeur du NPP.

En votant jeudi dans la capitale Colombo, le président s’est montré très confiant dans ses chances de victoire. “Nous pensons que cette élection est cruciale et marquera un tournant pour le pays”, a-t-il anticipé devant la presse.

“L’opposition est morte”

“J’espère un nouveau pays, un nouveau gouvernement qui comprend le peuple”, a déclaré jeudi Milton Gankandage, un retraité de 70 ans, en votant dans les urnes de la banlieue de la capitale.

Tous les analystes avaient prédit une large victoire du camp présidentiel face à des adversaires divisés. “L’opposition est morte”, a déclaré l’analyste Kusal Perera. “Le résultat du vote est une affaire close : le NPP formera le prochain gouvernement.”

Même si son parti a conservé comme emblème la faucille et le marteau communiste, Anura Kumara Dissanayake a fait campagne avec le soutien inattendu des milieux économiques.

Manifestations populaires contre les pénuries et l’inflation

Autrefois inquiets, chefs d’entreprise et hommes d’affaires ont été rassurés par sa décision de ne pas jeter l’accord conclu en 2023 avec le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de remettre le pays sur les rails.

L’économie du Sri Lanka s’est effondrée en 2022, obligeant son gouvernement à faire défaut sur sa dette publique, alors estimée à 46 milliards de dollars (42 milliards d’euros).

Plusieurs semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l’inflation qui ont suivi ont provoqué la chute du président Gotabaya Rajapaksa en juillet 2022.

Une amélioration économique fragile

En échange d’une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d’impôts et les réductions des dépenses publiques.

Dans un contexte d’amélioration économique fragile, M. Dissanayake a exprimé sa volonté de renégocier certaines clauses de cet accord.

Le FMI a entamé les discussions sur les « approches alternatives » défendues par M. Dissanayake mais a également rappelé la nécessité de « protéger et développer » les efforts entrepris.

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