(Washington) Après avoir ajouté mercredi la Chambre des représentants à ses victoires électorales à la Maison Blanche et au Sénat, Donald Trump deviendra en janvier l’un des présidents les plus puissants de l’histoire des Etats-Unis, avec des freins et contrepoids restreints.
Sébastien BLANC
Agence France-Presse
Cinq points principaux lui garantissent des bases solides :
Légitimité démocratique
Mercredi après-midi, avec plus de trois millions de voix d’avance dans les bulletins encore en cours de dépouillement, Donald Trump semble en passe de remporter le vote populaire face à Kamala Harris. Il sera alors le premier président républicain depuis 20 ans à réaliser cet exploit.
L’homme de 78 ans a déjà obtenu une nette majorité au collège électoral, avec 312 grands votants contre 226 pour son rival défait. Il a notamment réalisé un grand chelem dans les sept Etats clés censés être les plus disputés.
« L’Amérique nous a donné un mandat puissant et sans précédent », a-t-il déclaré le 6 novembre dans son discours de victoire.
Contrairement à 2016 où Hillary Clinton avait obtenu plus de voix que lui, Donald Trump pourra s’appuyer sur cette légitimité populaire pour conjurer la contestation.
Lisez « Qui a voté pour Trump ? » »
Un congrès allié
Après huit jours de dépouillement des suffrages exprimés lors de l’élection historique du 5 novembre, le Parti républicain a conservé sa majorité à la Chambre des représentants, selon les projections des médias américains mercredi.
Le camp Trump avait déjà repris le contrôle du Sénat, la chambre haute du Congrès, la semaine dernière. Cet organe crucial du pouvoir fédéral dispose de prérogatives très importantes, notamment dans la nomination ou la révocation de personnalités clés de l’exécutif, ou encore dans la confirmation des magistrats fédéraux.
Il convient de noter que le président élu a réussi à étouffer toute dissidence au sein du Parti républicain, qui épouse désormais sa ligne « Make America Great Again ».
En contrôlant l’ensemble du Congrès, Donald Trump se facilitera l’adoption du budget et des lois fédérales mettant en œuvre son programme.
Une nouvelle immunité
Donald Trump sera le premier président à prendre ses fonctions avec une confortable dose d’immunité dans l’exercice de ses fonctions.
Cela découle d’un arrêt historique de la Cour suprême, rendu le 1est Juillet dans le dossier des poursuites fédérales visant l’ancien président pour ses tentatives illicites de renverser les résultats de l’élection remportée en 2020 par Joe Biden.
Cette décision a apporté un répit à Donald Trump, qui a échappé à trois des quatre retentissants procès criminels qu’il redoutait cette année. Devenu à nouveau chef de l’exécutif, il bénéficiera d’un horizon judiciaire tout à fait dégagé.
Il pourrait notamment échapper à toute condamnation à New York dans l’affaire des paiements cachés à la star du porno Stormy Daniels et on s’attend à ce que le procureur spécial Jack Smith, chargé d’enquêter sur les tentatives illégales d’annulation des résultats de l’élection de 2020, mette fin à ses poursuites.
Un gouvernement de fidèles
Alors novice en politique, Donald Trump a accepté, au début de son premier mandat en 2017, de s’entourer de responsables aguerris et rompus aux affaires publiques, une manière de rassurer les chancelleries étrangères.
Face au comportement parfois imprévisible du leader, ces éléments modérateurs étaient surnommés les « adultes dans la salle ».
Pour son deuxième mandat, le septuagénaire prend soin de s’entourer de loyalistes, récompensant notamment ceux qui l’ont aidé dans sa campagne, parmi lesquels les milliardaires Vivek Ramaswamy et Elon Musk, qu’il a chargé de préparer des coupes draconiennes dans le budget fédéral.
Ces derniers jours, il a choisi ou nommé d’autres proches collaborateurs à des postes clés, comme Kristi Noem à la Sécurité intérieure, Pete Hegseth à la Défense, Mike Waltz à la Sécurité nationale ou encore Matt Gaetz à la Justice.
A noter que Donald Trump, qui a passé son premier mandat à attaquer les décisions souveraines de la banque centrale américaine, aura l’occasion de nommer en 2026 le successeur de l’actuel chef de la Fed, Jerome Powell.
Une Cour suprême remaniée
Après avoir ancré la Cour suprême des États-Unis dans le conservatisme lors de son premier mandat, en nommant trois juges sur neuf, Donald Trump va désormais pouvoir cimenter cet ancrage dans la durée.
Deux piliers conservateurs de la Haute Cour, Clarence Thomas et Samuel Alito, âgés respectivement de 76 et 74 ans, pourraient en effet envisager de se retirer et de laisser le président nommer – à vie – deux remplaçants nettement plus jeunes.
La plus haute instance judiciaire américaine conserverait alors sa majorité conservatrice peut-être pendant des décennies.
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