(Bakou) Le leader par intérim du Bangladesh, Muhammad Yunus, a jugé mercredi que devoir se battre pour de l’argent à la COP29 était “très humiliant” pour les pays les plus vulnérables qui subissent les conséquences du changement climatique dont ils ne sont pas responsables.
Publié à 6h31
Mis à jour à 14h23
« Il est très humiliant pour les nations de venir demander de l’argent pour réparer […] le problème que d’autres leur ont causé », a déclaré M. Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix, à Bakou où il participe à la conférence annuelle des Nations Unies sur le climat.
« Pourquoi devons-nous faire tout ce chemin pour négocier ? Nous savons très bien quel est le problème », a-t-il protesté.
Lors des négociations en Azerbaïdjan, les nations du monde entier espèrent parvenir à un accord qui augmenterait considérablement le financement climatique pour les pays en développement.
Certains souhaitent que les 100 milliards de dollars actuels par an soient multipliés par plus de 10 pour couvrir le coût de l’abandon des combustibles fossiles et de l’adaptation aux catastrophes climatiques.
Les Occidentaux semblent néanmoins réticents à dépenser davantage en période d’austérité, appelant à la mobilisation du secteur privé.
Les discussions habituellement animées mais diplomatiques ne sont pas à l’abri de tensions géopolitiques étrangères à la lutte contre le réchauffement climatique.
La ministre française de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a annoncé depuis Paris qu’elle ne se rendrait pas à la COP29 à Bakou après les attaques « inacceptables » du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Il avait auparavant dénoncé les « crimes » du « régime du président Macron » dans les territoires français d’outre-mer. Emmanuel Macron n’est pas venu au sommet au début de la COP29.
“Réaliste”
La ministre brésilienne de l’Environnement a soumis mercredi à Bakou au chef de l’ONU Climat la nouvelle feuille de route de son pays pour 2035, document obligatoire dans le cadre de l’accord de Paris et que peu d’États ont encore formellement dévoilé.
De son côté, la chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a assuré qu’il n’existait « pas d’alternative unique » aux énergies fossiles, qu’il fallait avoir une vision « réaliste ».
« Nous ne pouvons pas nous précipiter dans l’oubli industriel au nom de la neutralité carbone », a déclaré le Premier ministre conservateur grec Kyriakos Mitsotakis.
Que faisons-nous ici ?
Ces débats se déroulent au cours de l’année qui sera probablement la plus chaude jamais mesurée et qui battra une fois de plus un record d’émissions de CO.2généré par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, selon une nouvelle estimation des scientifiques du Global Carbon Project.
Cette étude ajoute que le monde doit viser zéro émission nette de CO2 d’ici la fin des années 2030 pour espérer contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, par rapport à la fin du XIXe siècle. Soit bien avant 2050, l’horizon envisagé actuellement par une centaine de pays.
C’est ce que la présidence promeut depuis le début de l’année : le créneau temporel se rétrécit et il faut agir de toute urgence.
Yalchin Rafiev, négociateur principal de l’Azerbaïdjan pour la COP29
Pour lui, « il est encore possible de maintenir les 1,5°C à portée de main » et un accord sur le financement climatique d’ici le 22 novembre « ouvrira sans doute la voie ».
L’atmosphère générale de doute a été bien résumée par le Premier ministre d’un petit pays habituellement discret dans cette enceinte, l’Albanie.
“La vie continue avec ses vieilles habitudes”, a regretté Edi Rama. Que diable faisons-nous dans cette assemblée, si, encore et encore, il n’y a pas de volonté politique commune de s’unir et de passer des paroles aux actes ? »
Avec Julien Mivielle, Agence France-Presse
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