(Bakou) Quelques mois avant le retour au pouvoir de Donald Trump, le représentant de Joe Biden à la conférence annuelle de l’ONU sur le climat à Bakou a promis lundi que l’action climatique se poursuivrait aux Etats-Unis.
Publié à 6h24
Mis à jour à 9h49
Benjamin LEGENDRE
Agence France-Presse
Mais la perspective d’un retrait américain de l’accord phare de Paris (2015), pour la deuxième fois, affaiblit la parole des négociateurs de la première puissance mondiale.
Les COP en ont déjà fait l’expérience sous le premier mandat de Donald Trump (2017-2021) : à l’époque, les Länder, les villes et les entreprises avaient promis de compenser, au moins en partie, les revers au niveau fédéral.
“Même si le gouvernement fédéral américain de Donald Trump suspendait son action climatique, le travail visant à contenir le changement climatique se poursuivrait aux États-Unis”, a déclaré John Podesta, l’envoyé américain pour le climat, lors d’une conférence de presse.
Le thème de la coopération entre États, alors que le monde n’a toujours pas réussi à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre, traverse tous les sujets de cette conférence organisée par l’ONU et l’Azerbaïdjan.
« Il est temps de montrer que la coopération mondiale n’est pas au point mort. C’est à la hauteur du moment », a déclaré le chef de l’ONU sur le changement climatique, Simon Stiell.
L’enjeu principal de cette COP, qui durera jusqu’au 22 novembre, est de fixer le montant de l’aide climatique des États développés aux pays en développement afin qu’ils se développent sans charbon ni pétrole, et puissent faire face à davantage de canicules et d’inondations. Aujourd’hui à 116 milliards de dollars par an (en 2022), la future aide climatique devra être plus que décuplée, selon les pays pauvres.
Les pays développés ont contracté une « dette climatique », a lancé Tasneem Essop, du Réseau Action Climat (CAN), qui regroupe des milliers d’ONG.
Mais les Occidentaux jugent irréalistes les ordres de grandeur avancés pour leurs finances publiques.
Le président de la COP29, Mukhtar Babaev, a parlé de « centaines de milliards » dans son discours d’ouverture, mais aucun négociateur n’a dévoilé ses cartes.
Agenda bloqué
Ces promesses de persévérance collective n’ont pas empêché un échec embarrassant des négociations dès le début de la conférence : les Etats s’opposaient sur l’agenda officiel, ce qui bloquait tout.
Motif : plusieurs pays, dont la Chine et l’Inde, souhaitent discuter de l’application de l’accord de la COP28 uniquement sous l’angle financier. Tandis que la COP de Dubaï l’année dernière a également fixé des objectifs pour lancer la sortie des énergies fossiles.
Autre point de discorde : la Chine demande, s’exprimant également au nom du Brésil, de l’Inde et de l’Afrique du Sud, d’ajouter le sujet des barrières commerciales unilatérales liées au climat, visant principalement l’Union européenne.
L’Accord de Paris en danger
« La COP29 est un moment de vérité pour l’accord de Paris », a déclaré M. Babaev, ministre azerbaïdjanais de l’Écologie et ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale Socar, lors de l’ouverture lundi.
Environ 51 000 participants sont accrédités, selon ONU Climat. De nombreuses ONG critiquent la tenue de la conférence dans un pays qui célèbre le pétrole comme un « don de Dieu », et où les autorités ont arrêté et poursuivent plusieurs militants écologistes.
Il suffira d’une signature pour que Donald Trump, lors de son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, rejoigne l’Iran, le Yémen et la Libye en dehors de l’accord quasi universel adopté à Paris en 2015.
Cet accord est le moteur qui a permis d’infléchir la trajectoire du réchauffement autour de 3°C ou moins d’ici 2100, contre 1,3°C déjà en moyenne aujourd’hui, et probablement 1,5°C sur une année en 2024.
A Paris, les pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C, par rapport à 1850-1900.
Personnes absentes
Les Européens jurent qu’ils redoubleront d’efforts pour compenser le retrait américain, mais ils sont peu nombreux à Bakou. Et seule une poignée de dirigeants du G20 seront présents.
L’argent public du Nord, aujourd’hui à 69 % des prêts selon l’OCDE, permet de construire des centrales solaires, d’améliorer l’irrigation, de construire des digues ou d’aider les agriculteurs à faire face aux sécheresses.
Mais l’ambiance dans les pays riches est à l’austérité (en Europe) ou au désengagement international (aux États-Unis).
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