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C’est Nabih Berry qui bloque la présidentielle

Le patriarche Béchara Raï a pour la première fois critiqué nommément le président de la Chambre, Nabih Berry, pour avoir bloqué l’élection présidentielle.

“Le président de la Chambre, Nabih Berry, est responsable du blocage de l’élection présidentielle, car il ferme le Parlement alors qu’il est obligé (par la Constitution) de l’ouvrir”, a tonné le président de la Chambre. Église maronite dans une interview accordée à La Voix du Liban ce week-end.

Au-delà du fait que ces propos interviennent à quelques jours de la deuxième commémoration de la vacance à la tête de l’Etat (après la fin du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre 2022), c’est la première fois que le chef de l’Eglise maronite s’en prend M. Berry est nommément nommé et l’accuse aussi clairement d’avoir fait obstacle à l’élection d’un nouveau président, le poste le plus élevé réservé aux maronites dans la hiérarchie officielle. Le prélat a lancé cette accusation dans un contexte tendu pour le chef du pouvoir législatif. Alors qu’il est le principal négociateur avec les Etats-Unis, à travers leur envoyé au Liban, Amos Hochstein, pour mettre fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël, M. Berry est menacé depuis plusieurs jours de sanctions américaines pour avoir « bloqué » avec son allié chiite le tenue de l’élection présidentielle libanaise. A cela s’ajoutent les récentes frappes israéliennes contre des régions considérées comme des bastions du Berry. Une démarche perçue comme porteuse de messages israéliens forts envers celui qui jongle entre son alliance avec le Hezbollah et son statut de négociateur officiel au nom d’un Liban sans président.

Le patriarche ne s’est pas contenté d’attaquer explicitement le chef du pouvoir législatif. Il a de nouveau critiqué les pressions exercées par M. Berry pour que le futur chef de l’Etat soit le résultat d’un consensus général. Pour lui, il doit y avoir des élections en bonne et due forme, comme le prévoit la Constitution. « Certains plaident pour un accord autour de l’élection présidentielle, même si cela est contraire à la Constitution car tout maronite a le droit d’accéder à la présidence de la République. Et ils en sont conscients», a lancé Béchara Raï en pique à Nabih Berry qui a longtemps conditionné la reprise des séances parlementaires dédiées au vote (suspendues depuis le 14 juin 2023) à un dialogue qui aboutirait à un accord généralisé. Une condition que le président de la Chambre, au lendemain des déboires subis par le Hezbollah sur le terrain, a abandonné afin d’accélérer la tenue de l’élection présidentielle mais… pas avant un cessez-le-feu.

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C’est autour de ce dernier point qu’une autre critique de Mgr Raï a été adressée à M. Berry mais aussi au Hezbollah qui continue, en pratique, de lier le pays et ses échéances constitutionnelles à la fin de la guerre, un conflit « que le peuple libanais et le gouvernement ne veulent pas, et dans lequel le pays a été entraîné après avoir abandonné la neutralité », a déclaré Mgr Raï qui avait longtemps insisté pour consacrer ce principe et maintenir le Liban loin des conflits régionaux. “Ce qui se passe aujourd’hui retarde l’élection présidentielle qui s’éloigne alors que nous continuons à la lier à la fin de la guerre au Liban et à Gaza”, a regretté le patriarche, rappelant que “le pays qui agonise a besoin d’un président qui jouisse de la confiance”. du peuple libanais et qui possède des compétences en matière de sécurité et d’économie.

Le sommet religieux et la conférence de Paris

Mgr Raï a évité de citer les noms des personnes éligibles à la présidence, faisant écho sur ce plan au Saint-Siège. “Le Vatican travaille avec plusieurs pays pour la tenue de l’élection présidentielle, mais ne se mêle pas des noms”, a-t-il assuré, arguant que le pape François l’avait interrogé sur les raisons du retard dans le comblement du vide à Baabda. Le patriarche (qui s’est également entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Saint-Siège) a également confié avoir remis au souverain pontife trois documents : un politique, centré sur la vacance à la tête de l’Etat, le second relatif à la situation sociale après le déplacement massif de population dû à la guerre entre Israël et le Hezbollah, et un le troisième reprenant le communiqué publié à l’issue du sommet religieux islamo-chrétien tenu à Bkerké le 16 octobre.

Ce texte, adopté avec l’approbation de tous les chefs religieux, dont le président du Conseil supérieur chiite, Cheikh Ali el-Khatib, proche du tandem chiite, avait notamment appelé à un cessez-le-feu immédiat, l’application de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité ) – qui a mis fin à la guerre de 2006 entre le Parti de Dieu et l’État juif – dans sa totalité (y compris le retrait du parti chiite des zones situées au sud du Litani). Les dignitaires ont également appelé à l’élection d’un « président qui bénéficierait de la confiance de tout le peuple libanais, de la compréhension la plus large et du plus grand consensus ».

Dans son homélie prononcée dimanche à Bkerké, Béchara Raï s’est attardé sur ce communiqué soulignant que le sommet « a insisté, comme les précédents, sur les constantes au cœur de la formule libanaise, à commencer par l’unité des Libanais autour de leur Etat, à travers une solidarité qui transcende toutes les différences politiques ». “Nous suivons avec les chefs religieux les modalités de mise en œuvre du communiqué de ce sommet, qui a constitué une lueur d’espoir en ces temps sombres”, a déclaré le chef de l’Eglise maronite.

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Par ailleurs, le Patriarche a salué la conférence de « soutien au peuple et à la souveraineté du Liban » tenue jeudi dernier à Paris à l’initiative du président français Emmanuel Macron. Outre l’enveloppe d’un milliard de dollars qu’elle a dégagée, la conférence a convergé avec le sommet religieux de Bkerké sur les prochaines étapes à suivre tant sur le plan politique que militaire au Liban. Mgr Raï y voyait donc « une feuille de route pour une solution diplomatique au conflit actuel ».

Le patriarche Béchara Raï a pour la première fois critiqué nommément le président de la Chambre, Nabih Berry, pour avoir bloqué l’élection présidentielle. “Le président de la Chambre, Nabih Berry, est responsable du blocage de l’élection présidentielle, car il ferme le Parlement alors qu’il est obligé (par la Constitution) de l’ouvrir”, a tonné le président de la Chambre. Église…

 
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