Campagne marquée par la question de l’âge

(Washington) La candidate démocrate à l’élection américaine Kamala Harris fête dimanche ses 60 ans dans une campagne marquée par la question de l’âge, notamment de son rival de près de 20 ans son aîné, Donald Trump, dont certaines performances récentes posent question.

Des propos décousus de l’ancien président républicain de 78 ans à son refus de divulguer son dossier médical, Kamala Harris multiplie depuis deux semaines les attaques contre sa santé et son acuité mentale.

« S’il est épuisé pendant la campagne, cela soulève la question : est-il apte au travail le plus difficile au monde ? », a demandé vendredi le candidat démocrate lors d’un rassemblement dans le Michigan.

Ces débordements visant Donald Trump sonnent comme un écho aux mois de campagne durant lesquels les républicains prenaient un malin plaisir à pointer du doigt chaque gaffe, maladresse ou trou de mémoire de Joe Biden, 81 ans, alors candidat à sa réélection.

L’arrivée du vice-président dans la course à la Maison Blanche pour remplacer Joe Biden a donné un coup d’accélérateur à la campagne démocrate. Et cela a aussi soudainement mis en lumière l’âge de Donald Trump, à peine plus jeune que Biden.

S’il gagne en novembre, le candidat républicain sera le président le plus âgé de l’histoire américaine à prêter serment.

La volonté de Kamala Harris de se positionner d’emblée comme l’incarnation d’une nouvelle génération a bouleversé Donald Trump, le poussant à ironiser et minimiser leur différence d’âge.

«Je ne savais pas qu’elle avait 60 ans. Je pensais qu’elle était un peu plus jeune », a déclaré le républicain à Fox News en août.

“Qu’est-ce qu’il essaie de cacher?” »

En fin de campagne, et alors que les deux candidats sont au coude-à-coude dans les sondages, l’âge revient sur le devant de la scène.

Le 12 octobre, Kamala Harris a publié son rapport médical, qui la décrit comme étant en « excellente santé » et apte à assumer la présidence. Seul problème de santé mineur signalé : allergies saisonnières et urticaire.

Depuis, elle ne cesse de souligner le refus de Donald Trump d’en faire autant. Et son équipe présente les récits parfois très confus du Républicain lors des meetings comme autant d’illustrations d’un possible déclin cognitif.

« Qu’est-ce que Donald Trump essaie de cacher ? », a déclaré mercredi Kamala Harris sur X, consciente que ce facteur inquiète une partie de l’électorat.

Selon un sondage du Pew Research Center, le pourcentage de personnes qualifiant Donald Trump de « vif d’esprit » est passé de 58 % en juillet à 52 % en septembre.

Par ailleurs, si 49% des électeurs estiment que l’âge de Donald Trump pourrait nuire à sa candidature, seuls 46% d’entre eux estiment que l’âge de Kamala Harris pourrait favoriser le sien.

« Une couche supplémentaire de sexisme »

Pour Nancy Hirschmann, de l’Université de Pennsylvanie, c’est le signe des préjugés qui persistent dans la société américaine, où le poids des électeurs plus âgés est important.

Kamala Harris bénéficie d’un fort soutien parmi les jeunes électeurs, mais à l’inverse, les électeurs plus âgés se tournent vers Donald Trump.

“Son âge a un effet, dans la mesure où le sexisme aux États-Unis affecte souvent davantage les femmes âgées que les femmes plus jeunes”, explique Nancy Hirschmann.

“Il y a une couche supplémentaire de sexisme envers les femmes de plus de 50 ans”, ajoute le professeur.

Le colistier de Donald Trump, JD Vance, s’est particulièrement illustré à cet égard en comparant Kamala Harris à une « dame aux chats », un cliché sur les femmes choisissant de vivre sans partenaire ni enfant.