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« Une prison à ciel ouvert » : la Tunisie critiquée pour son traitement des migrants

“La vie n’est pas facile, elle est très compliquée pour nous, subsahariens”, explique Matignon. Nous rencontrons cet homme, originaire de la République démocratique du Congo, devant un centre pour migrants à Tunis.

Comme des dizaines d’autres personnes, le Congolais attend patiemment que son dossier soit traité. Il a accepté l’offre des autorités tunisiennes de retourner volontairement dans son pays d’origine.

L’Agence -Presse rapportait récemment qu’entre janvier et fin juin, 3 500 personnes avaient accepté ce retour volontaire, soit une augmentation de 200 % par rapport à la même période de l’année précédente.

Travailler c’est compliqué, se loger c’est pas facileexplique Matignon pour justifier sa décision de quitter la Tunisie trois ans après son arrivée.

La stratégie consiste à les mettre dans une position vulnérable afin qu’ils acceptent le retour volontaire.explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits de l’homme, qui explique que de nombreux migrants qui ne parviennent pas à rejoindre le continent européen se retrouvent coincés dans des conditions précaires dans ce pays du Maghreb.

Des conditions qui s’ajoutent à un contexte de méfiance. En février, le président Kaïs Saïed a dénoncé dans un discours un plan criminel visant à modifier la composition du paysage démographique en Tunisie.

Des migrants installés dans un champ à Jebiniana, en Tunisie, en 2023

Photo : Reuters / JIHED ABIDELLAOUI

La Tunisie est une prison à ciel ouvert pour les migrants. Il y a aujourd’hui des milliers de migrants bloqués qui ne peuvent pas travailler, être hébergés, louer un appartement ou se déplacer et qui sont privés de toute forme d’aide ou d’assistance de la part de la société civile.

Une citation de Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux

De nombreux migrants originaires d’Afrique subsaharienne transitent par ce pays du Maghreb en raison de sa proximité avec l’Europe. La ville côtière de Sfax, lieu de nombreux départs maritimes, n’est qu’à environ 180 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.

Cependant, la traversée n’est plus aussi simple qu’avant. C’est très surveillétémoigne Josué, un autre Congolais rencontré au même endroit.

Dans un rapport publié lundi, des experts duLUI souligner les techniques utilisées par les autorités tunisiennes pour limiter les flux migratoires. L’organisation internationale note qu’entre janvier et juillet, 265 personnes sont mortes lors d’interceptions en mer.

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Selon l’ONU, entre janvier et juillet 2024, 189 personnes sont mortes lors des traversées depuis la Tunisie, et 265, lors d’opérations d’interception en mer.

Photo : Reuters / JIHED ABIDELLAOUI

Leur rapport mentionne également des allégations de transferts forcés et arbitraires vers les frontières avec l’Algérie et la Libye, sans accès à l’aide humanitaire [et] sans prendre en compte les risques de déshydratation, de malnutrition ou de blessures causées par les coups de soleil.

UN L’hypocrisie européenne?

Nous sommes préoccupés par le fait que, malgré ces graves allégations, la Tunisie continue d’être considérée comme un lieu sûr.ont écrit des représentants duLUIen référence au partenariat développé entre Bruxelles et Tunis pour lutter contre la migration irrégulière.

En juillet 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, ont notamment signé un accord aux côtés du président tunisien, Kaïs Saïed. L’accord prévoyait le versement de 150 millions d’euros pour la première année, dans le but d’aider Tunis à limiter les flux migratoires versUE.

Il s’agit d’un investissement dans notre prospérité et notre stabilité communes.

Une citation de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, en juillet 2023

Selon Romdhane Ben Amor, cette implication financière justifie les réactions très timide des dirigeants européens concernant le traitement des migrants en Tunisie.

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Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux, dresse un dessin critique de la collaboration entre l’Union européenne et la Tunisie.

Photo: Radio-Canada / Raphaël Bouvier-Auclair.

Les migrants sont expulsés dans des voitures et des bus financés par l’Union européenne. Les migrants sont interceptés sur les côtes, avec des pratiques violentes qui ont provoqué de nombreux drames, avec des bateaux donnés par les Européensaffirme-t-il, dénonçant un hypocrisie de Bruxelles.

La Tunisie est un pays souverain, donc lorsqu’il y a des allégations d’actes répréhensibles concernant ses forces de sécurité, nous attendons bien sûr, en tant que partenaires de la Tunisie, qu’elles enquêtent dûment sur ces questions.a déclaré Ana Pisonero, porte-parole de la Commission européenne, fin septembre.

Signe de l’importance du rôle que joue la Tunisie dans la politique migratoire européenne, la Première ministre Giorgia Meloni est revenue à Tunis il y a quelques mois pour défendre ce partenariat qui semble avoir porté ses fruits : entre janvier et août, les arrivées de clandestins en Italie ont diminué. de 65% par rapport à la même période de l’année précédente.

A Tunis, Matignon ne connaît pas encore la date de son retour en République démocratique du Congo, mais sa décision est prise. Après trois ans en Tunisie, pays où il aurait aimé rester, ce sera un retour à la case départ.

C’est comme si j’avais perdu du temps par rapport à ce que j’avais laissé derrière moidit-il.

 
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