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« Nous avons atteint un niveau supplémentaire. C’est l’horreur”

Estelle, 42 ans, en fait partie. Ses yeux sont rouges et elle a du mal à trouver ses mots. “Il y a beaucoup de monde ce soir : les gens comprennent ce qui s’est passé, car les violences routières contre les cyclistes ont lieu tous les jours”, elle murmure. Là, nous avons atteint un niveau supplémentaire. C’est horrible.

Cyclistes rassemblés à la mémoire des défunts ©AFP ou concédants de licence

Le drame s’est produit à peine trois cents mètres plus loin, à l’angle du boulevard Malesherbes et de la rue Boissy-d’Anglas, peu avant 18 heures. Selon les informations révélées par le site Acte 17, l’automobiliste, un homme de 52 ans, à bord d’un véhicule de type SUV dans lequel était également présente sa fille de 17 ans, a coupé la route au jeune homme qui circulait à vélo. Il se serait énervé et aurait heurté le capot de la voiture. Une dispute en apparence anodine, qui a dégénéré : le conducteur a alors roulé sur le cycliste. Selon le parquet de Paris, des témoins oculaires « a perçu une attitude volontaire du conducteur lors du mouvement de la voiture vers le cycliste ». Le suspect, qui affirme qu’il s’agit d’un accident, a été rapidement interpellé et placé en garde à vue. Elle a été prolongée de 24 heures mercredi soir. Une enquête pour meurtre a été confiée à la 1ère circonscription de police judiciaire.

“Agressif”

Employé pendant trois ans au sein du groupe Free, où il exerçait une activité de développeur d’applications, Paul Varry consacrait une partie de son temps à la promotion du vélo et des mobilités douces. « Militant actif » de l’association Paris en selle, selon la porte-parole de l’association, Marion Soulet, “il allait porter la voix des cyclistes lors des réunions publiques”. “C’était une personne très souriante, très calme” décrit-elle.

A Saint-Ouen, d’où il est originaire, il a contribué à la rédaction du « Livre blanc à destination des piétons et cyclistes qui a largement inspiré l’action publique dans le déploiement des mobilités douces à l’échelle de la ville », a indiqué la mairie dans un communiqué.

« Tout le monde est très choqué. Nous avons un vrai problème sociétal avec le partage de l’espace public : les gens s’emportent, deviennent hyper agressifs », déplore de Libération la maire Les Républicains du 8ème arrondissement, Jeanne d’Hauteserre. Le drame a stupéfié la classe politique parisienne, divisée sur l’augmentation du nombre de pistes cyclables dans la capitale (quelque 500 kilomètres au total désormais). « Il est inacceptable de mourir aujourd’hui à Paris, à 27 ans, en faisant du vélo. Ces actes doivent être sévèrement condamnés. » a réclamé la maire socialiste, Anne Hidalgo. « Ce jeune homme est une nouvelle victime de ces violences routières. La voiture peut rendre fou. Ça tue, » a ajouté son adjoint chargé des transports, l’écologiste David Belliard.

Selon les données communiquées par le ministère de l’Intérieur, près de 90% des “présumé responsable” des accidents de la route mortels en 2023 concernaient des véhicules motorisés, y compris des voitures. Seulement 4% faisaient du vélo. A Paris comme ailleurs, les associations cyclistes dénoncent “impunité” dangereux pour les automobilistes. “Chaque jour, il y a des violences contre les cyclistes de la part d’une minorité d’automobilistes qui ne supportent pas de partager la route, déplore Alexis Frémeaux, président de Better Travel by Bicycle. Ils vous klaxonnent quand ils sont derrière vous parce que vous leur faites perdre quelques secondes, vous coupez la parole, vous insultez. Mi-juin, la maire écologiste du 12e arrondissement de Paris, Emmanuelle Pierre-Marie, racontait avoir été agressée verbalement (avec en prime des insultes sexistes) par un motocycliste à contresens qui avait failli la renverser sur une piste cyclable. .

“Acceptation”

“Malheureusement, les plaintes déposées par nos membres sont souvent classées sans suite, car ces violences sont soumises à une forme d’acceptation dans la société, continues Alexis Frémeaux. Le cycliste n’est pas considéré comme légitime sur la voie publique. Le militant exige que les autorités judiciaires « poursuivre systématiquement les auteurs de violences routières, même s’il n’y a ni blessé ni tué », et que leur permis de conduire leur soit retiré préventivement. « Il ne faut pas banaliser cette violence, confirme Marion Soulet, de l’association Paris en selle. Ce qui est arrivé à Paul aurait pu arriver à n’importe lequel d’entre nous. Sur l’ensemble de l’année 2023, en , 226 cyclistes sont morts dans des accidents de la route – c’est la troisième année consécutive que ce chiffre dépasse les 200. “Mais ce n’est pas un accident, il a été renversé, dit Marion Soulet. C’est un meurtre.

 
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