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Entre le Premier ministre et les dirigeants macronistes, un début de mariage raté

L’objectif de la rencontre – fluidiser les relations – en dit long sur les tensions entre le Premier ministre et les troupes macronistes. Michel Barnier a rendu visite ce mardi matin au groupe Ensemble pour la République (anciennement Renaissance) pour « faire connaissance ». Mais la rencontre a vite tourné au vinaigre.

« Il a répondu très vivement aux députés, notamment à Gérald Darmanin. Le groupe en est ressorti choqué, secoué », souffle l’un des participants. « L’atmosphère était toxique, à couteaux tirés. Il a dit qu’il n’acceptait aucune critique», soupire un autre. Un symbole du début d’un mariage raté entre le chef du gouvernement issu de la droite et les cadres du camp présidentiel, pourtant condamnés à s’entendre.

“Il essaie de se démarquer, c’est une erreur”

Cette rencontre (on n’ose pas dire la dernière chance) était pourtant attendue par Gabriel Attal et ses troupes, après plusieurs semaines électriques. Depuis la passation du pouvoir le 5 septembre, Michel Barnier n’aimait guère le long discours ambitieux de son prédécesseur, lui décochant quelques flèches. Des attaques inattendues, renouvelées quelques jours plus tard lors de sa déclaration de politique générale. « Il a parlé à Gabriel Attal comme il a parlé à Mathilde Panot [cheffe du groupe LFI]ça peut surprendre… Il essaie de se démarquer, peut-être par ambition personnelle, mais c’est une erreur stratégique de s’aliéner le groupe», soupire un député de l’Ensemble.

« Les tacles flattent peut-être l’ego de Michel Barnier, mais ça n’avance rien. C’est gênant, nous sommes le groupe politique le plus important dans sa majorité, il a besoin de nous », renchérit la députée Prisca Thévenot, ancienne porte-parole du gouvernement. Quant à l’ancien négociateur du Brexit, on n’a pas vraiment apprécié les multiples mises en garde des macronistes dans les médias depuis sa nomination, résumées par cette formule de Gabriel Attal dans un entretien à Indiquermi-septembre : « Rien ne peut se faire sans nous. Et si nous parvenons à des compromis, ce sera le cas : le Parlement décide et le gouvernement exécute. » Une tape sur les doigts pour rappeler que l’avenir de Michel Barnier ne dépendait que de la bonne volonté du camp macroniste.

Affrontement sur le budget

Ces tensions ne sont pas sans danger pour la fragile coalition au pouvoir. Car ils se sont cristallisés ces derniers jours sur la délicate préparation du budget 2025. Les macronistes, par la voix notamment de Gérald Darmanin, ont répété qu’ils ne voteraient aucune augmentation d’impôts. Une piste néanmoins évoquée… par Michel Barnier. L’ancien commissaire européen a proposé des augmentations pour les « plus riches » et les grands groupes afin d’augmenter les recettes de l’État. « Nous avons nos lignes rouges. C’est normal de les faire entendre à travers les voix de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin », explique Prisca Thevenot. « Nous poursuivons ce que nous proposons depuis sept ans. Nous ne pourrons pas voter pour des choses auxquelles nous ne croyons pas », renchérit Mathieu Lefèvre, député proche de l’ancien ministre de l’Intérieur.

Les élus se sont réunis ensemble ce mardi soir, avant une conférence de presse mercredi midi, pour présenter leurs propositions budgétaires. Avant un premier bras de fer avec le gouvernement, qui doit dévoiler son projet de budget jeudi en Conseil des ministres ?

Notre dossier du gouvernement Barnier

Un député d’Horizons relativise cette querelle de début de mandat. « Nous avons vécu un séisme électoral, nous vivons encore des bouleversements, chacun doit trouver sa place. « C’est parfois compliqué de revenir sur les bancs quand on a été au pouvoir, raconte-t-il. Michel Barnier a franchi une première étape ce mardi soir en survivant à sa première motion de censure. Sur les bancs de l’hémicycle, Gabriel Attal, Gérald Darmanin et une bonne partie des macronistes ont pourtant brillé par leur absence.

 
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