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En Tunisie, le président sortant Kais Saied déclaré vainqueur d’élections avec une très faible participation

La participation s’est établie à 27,7% contre 45% il y a cinq ans au premier tour, selon l’autorité électorale Isie. Son président, Farouk Bouasker, a jugé ce taux « respectable », bien qu’il soit le plus bas pour un premier tour de présidentielle depuis le renversement du dictateur Ben Ali en 2011 dans ce pays qui fut le berceau des soulèvements démocratiques du Printemps arabe.

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Seuls Ayachi Zammel et Zouhair Maghzaoui — seconds couteaux selon les experts — ont été autorisés à affronter Kais Saied, 66 ans, sur 17 candidats initialement, licenciés par l’Isie pour irrégularités présumées. L’opposition, dont des figures de proue sont en prison, et des ONG tunisiennes et étrangères ont critiqué un vote “faussé en faveur de M. Saied”.

une légitimité « entachée »

Ayachi Zammel, inconnu du grand public, n’a pas pu faire campagne car il est emprisonné depuis début septembre et condamné à trois reprises à plus de 14 ans de prison pour des soupçons de faux parrainages. Zouhair Maghzaoui était considéré comme « un larbin » car il avait un projet souverainiste de gauche similaire à celui de Kais Saied, qu’il soutenait jusqu’à récemment.

“La légitimité de l’élection est nécessairement entachée lorsque les candidats susceptibles de faire de l’ombre à M. Saied ont été systématiquement exclus”, a commenté pour l’AFP le politologue tunisien Hatem Nafti.

Le processus de sélection des candidats avait été très contesté en raison du nombre élevé de parrainages requis, de l’emprisonnement de candidats potentiels connus et de l’éviction par l’Isie des principaux rivaux du président, dont Mondher Zenaidi, ancien ministre de Ben Ali.

Pour l’expert français du Maghreb Pierre Vermeren, même si avec une aussi forte abstention, « la légitimité démocratique » du scrutin est « faible », « la Tunisie a un président et la majorité des Tunisiens se laissent faire ». Il a relevé des analogies avec l’Algérie voisine, « où personne ne remet en question le président » Abdelmadjid Tebboune.

Après l’annonce du scrutin, environ 400 partisans du président sont sortis pour célébrer sa victoire, agitant des drapeaux devant le théâtre municipal du centre de Tunis, scandant « le peuple veut encore Kais ».

Un groupe a joyeusement chanté l’hymne national. Oumayma Dhouib, 25 ans, s’est dite « très heureuse » de la victoire de « Kaisoun », un surnom affectueux. La jeune femme a assuré être « convaincue par ses idées et sa politique », comme sa mère Khadija, 52 ans, qui lui « fait confiance ».

Un durcissement

Kais Saied, élu en 2019 avec près de 73% des suffrages (et 58% de participation), était encore populaire lorsque ce spécialiste du droit constitutionnel à l’image incorruptible s’est emparé des pleins pouvoirs à l’été 2021, promettant l’ordre face à l’instabilité politique. .

Trois ans plus tard, de nombreux Tunisiens lui reprochent d’avoir consacré trop d’énergie à régler des comptes avec ses opposants, notamment le parti islamo-conservateur Ennahdha, dominant durant la décennie de démocratie qui a suivi le renversement du dictateur Ben Ali. Selon l’expert Nafti, Kais Saied « a perdu près d’un million de voix » par rapport à 2019.

Depuis son coup d’Etat à l’été 2021, les ONG tunisiennes et étrangères et l’opposition dénoncent une « dérive autoritaire » de Kais Saied, via un démantèlement des contre-pouvoirs et un étouffement de la société civile avec des arrestations de syndicalistes, militants, avocats et chroniqueurs politiques.

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Selon Human Rights Watch, « plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des raisons politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux ».

Selon l’analyste Hatem Nafti, cette nouvelle victoire électorale pourrait annoncer un nouveau durcissement du pouvoir face aux voix critiques car Kais Saied pourra « imposer son sacre pour justifier la répression ».

S’exprimant dimanche soir dans son QG de campagne, Kais Saied a déclaré, sur un ton martial, vouloir « poursuivre la Révolution de 2011 » et construire « un pays débarrassé des gens corrompus et des complots ». “La Tunisie restera libre et indépendante et n’acceptera jamais toute ingérence étrangère”, a-t-il ajouté.

 
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