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Au cœur des « points noirs » de la biodiversité, les plantes attendent d’être découvertes

De la Colombie au Myanmar, les botanistes ont identifié 33 « points noirs », c’est-à-dire des régions qui abritent une biodiversité rare et peu connue de la communauté scientifique. Accélérer les efforts pour documenter ces espèces, disent-ils, est crucial pour atteindre les objectifs convenus par les pays lors de la COP15 à Montréal.

Selon une équipe de chercheurs des Royal Botanic Gardens de Kew, au Royaume-Uni, les États, les scientifiques et les organisations environnementales gagneraient à concentrer leurs activités de conservation sur ces zones riches en diversité végétale.

Dans leur récente étude, publiée dans la revue Nouveau phytologue (Nouvelle fenêtre)les botanistes prônent la mise en valeur de ces 33 taches brunes (points noirs) qui regorgerait d’espèces qui n’ont jamais été nommées ni géolocalisées, en raison de lacunes dans la collecte de données.

À l’heure où le déclin de la biodiversité s’accélère à un rythme sans précédent, un question brûlante est nécessaire, disent-ils : Où concentrer en priorité les efforts pour garantir la préservation de la diversité végétale ?

Pour contrer la tendance à la perte des habitats naturels et des espèces qui y vivent, les États du monde entier, à l’exception des États-Unis, ont adopté un accord international lors de la COP15 sur la biodiversité à Montréal, en décembre 2022.

Dans le cadre mondial Kunming-Montréal – l’équivalent de l’Accord de Paris sur le changement climatique, mais pour la biodiversité – 30 % des terres et des océans, en particulier les zones qui couvrent grande importance pour la biodiversité et les fonctions et services écosystémiquesdoit être dûment préservé et géré d’ici 2030.

Une compréhension incomplète de la diversité végétale […] pourrait compromettre les actions visant à mettre en œuvre certains des objectifs du cadre mondial, en particulier la protection et la restauration de la biodiversité.

Une citation de Extrait de l’étude « Les points noirs de la diversité végétale pour les priorités de collection mondiales »

Faute de connaissances plus approfondies sur les espèces qu’ils cherchent à protéger, les pays ont du mal à prioriser les efforts de conservation et finissent par agir dans des régions qui ne sont pas les plus menacées.

Dans le passé, les efforts de conservation se sont peut-être révélés moins efficaces puisqu’ils donnaient la priorité à la protection de vastes territoires qui n’étaient pas nécessairement les plus riches en biodiversité ni les plus menacés, selon le professeur Alexandre Antonelli, directeur du Jardin botanique. membres de la famille royale de Kew.

Par où commencer ?

La communauté scientifique utilise déjà la notion de points chauds (points chauds) de la biodiversité, concept introduit au début des années 1990, pour guider ses activités de recherche et de conservation. Ainsi, 36 régions du globe concentrent à elles seules une biodiversité exceptionnelle, dont des espèces végétales rares et menacées.

Cependant, ces points chauds et d’autres efforts de cartographie plus récents ont accordé relativement peu d’attention aux lacunes existantes en matière de connaissances taxonomiques et géographiques.notent les chercheurs. Toutefois, ce sont les espèces peu connues qui devraient retenir notre attention, ajoutent-ils.

Dans leur rapport annuel État des plantes et des champignons dans le monde 2023Les experts des Royal Botanic Gardens de Kew ont estimé que 3 plantes sur 4 qui n’ont pas encore été identifiées ou décrites sont probablement déjà en danger d’extinction.

Les chercheurs se sont donc lancés dans une course contre la montre pour documenter les 100 000 espèces végétales qui n’ont pas encore été officiellement nommées.

La petite orchidée Aeranthes bigibbum, fleur endémique de Madagascar, a été récemment découverte par des botanistes.

Photo : Jardins botaniques royaux, Kew / Johan Hermans

Pour affiner le portrait, les biologistes ont analysé des données historiques et géographiques sur des milliers de plantes vasculaires pour tenter de prédire le nombre de plantes actuellement inconnues, selon les pays et les régions. Ils ont ensuite cherché à déterminer si ces résultats étaient cohérents avec les 36 points chauds de biodiversité déjà reconnue.

Leur analyse intègre également des facteurs environnementaux et socio-économiques, tels que le climat, la topographie, la pauvreté, la sécurité et le niveau de protection déjà accordé à la biodiversité – éléments, précisent-ils, qui sont rarement pris en compte lors de l’évaluation des zones à prioriser pour la collecte de données et la conservation des environnements naturels.

Parmi les 33 taches brunes que cette méthode a permis d’identifier, la Colombie, le Myanmar, la Nouvelle-Guinée, le Pérou, les Philippines et la Turquie ont été identifiés comme zones prioritaires.

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Les chercheurs ont cartographié en rouge ce qu’ils considèrent comme les 33 « points sombres » de la biodiversité, qui sont aussi, de manière générale, des « points chauds » de la biodiversité. En orange, les « points chauds » qui ne sont pas considérés comme des « points sombres » par les chercheurs.

Photo : Les points noirs de la diversité végétale pour les priorités de collection mondiales, Onde et al., New Phytologist, Vol. 244

La plupart de ces régions se trouvent dans des pays d’Asie tropicale (14), tandis que les pays d’Asie tempérée et d’Amérique du Sud en comptent respectivement 8. L’Afrique en compte 2, dont Madagascar, tandis qu’en Amérique du Nord, le seul point sombre se trouve le long de la côte sud-ouest du Mexique.

Coordonner la recherche avant qu’il ne soit trop tard

Les auteurs de l’étude espèrent que l’identification de ces nouvelles régions d’intérêt permettra de mieux coordonner les expéditions de recherche sur le terrain – et d’en accélérer le rythme.

Selon eux, ces résultats pourront alimenter les discussions lors du prochain grand rendez-vous sur la biodiversité : la COP16, qui se tiendra à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre.

La collecte et la préservation de la diversité végétale sont urgentes, [notamment] pour assurer la survie des écosystèmesdisent-ils.

Retarder la protection des espèces et des zones peut conduire à leur extinction avant même qu’elles ne soient nommées et géolocalisées.

Une citation de Extrait de l’étude « Les points noirs de la diversité végétale pour les priorités de collection mondiales »

Ces espèces peu connues ouvrent également la porte à un monde de découvertes pour les chercheurs, qui espèrent faire progresser la science en identifiant de nouveaux organismes. Qui sait si ceux-ci permettront de concevoir de nouveaux médicaments ou de nouveaux carburants ?

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Sur l’île de Bucas Grande se trouvent des espèces endémiques des Philippines, l’un des pays où les botanistes pensent que les plantes n’ont pas encore été nommées ni géolocalisées.

Photo : Getty Images / MARIE GRACE VARELA

Les auteurs de l’étude prennent cependant soin de souligner que toute expédition visant à collecter et identifier de nouvelles espèces ne peut se faire sans le consentement des communautés autochtones et locales.

Ces derniers, qui détiennent d’importants savoirs traditionnels sur la faune et la flore qui les entourent, devraient pouvoir tirer une part des bénéfices découlant de l’exploitation de leur biodiversité.

Après tout, certaines espèces peuvent représenter un grand mystère pour la communauté scientifique, mais elles sont souvent déjà connues et utilisées par ceux qui habitent le territoire.

 
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