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Procès pour viol à Mazan | Trois coaccusés multiplient les justifications

“J’ai tout oublié”, “Je n’ai rien compris”, “J’étais terrifiée” : accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, à l’invitation de son mari, trois coaccusés ont multiplié les explications baroques jeudi à Avignon, pour tenter de justifier leurs actes, réfutant toutefois toute intention de viol.


Publié hier à 9h38

Devant le tribunal correctionnel du Vaucluse, Jean T., couvreur de 52 ans, Simone M., 43 ans, ancienne chasseuse alpine, et Redouane E., 55 ans et infirmière libérale, ont parlé avant tout d’elles-mêmes, jusqu’à vous présenter en victime. Seule la première s’est excusée auprès de la victime, droguée par son mari puis violée par lui et des dizaines d’inconnus qu’il a recrutés sur internet entre 2011 et 2020.

Jean T., alias « Bill », son pseudonyme sur le site Coco.fr où il a rencontré Dominique Pelicot, affirme avoir été drogué lorsque le mari lui a proposé à boire à son arrivée au domicile conjugal de Mazan (Vaucluse).

Droguée, comme Gisèle Pelicot. Seule raison qui peut expliquer, selon lui, son black-out sur les événements du 21 septembre 2018.

« Je me suis retrouvé dans la voiture, je ne sais pas comment je suis arrivé là-bas. Ensuite je rentre chez moi », direction Lyon, à deux heures et demie de route, raconte-t-il.

Étonnamment, si Jean T. ne se souvient plus des faits, il peut détailler la procédure demandée par le mari : se garer à l’écart, entrer dans la maison par la cour, se déshabiller dans la cuisine.

Ce n’est qu’en visionnant les vidéos, après son arrestation, que l’accusé a pris conscience des faits. Dans l’un d’eux, il lève le pouce en signe de satisfaction vers la caméra. En tout cas, « il ne m’a jamais dit que sa femme dormait, droguée et que je venais la violer », insiste-t-il.

« Ils savaient tous », réfute d’emblée Dominique Pelicot, décrit comme le « chef d’orchestre » des viols contre son épouse.

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PHOTO ZZIIGG, ARCHIVES REUTERS

Dominique Pélicot

Mais pourquoi n’a-t-il pas porté plainte s’il estime avoir été drogué, demande un évaluateur ? « Ce fut une mauvaise réunion. On oublie tout et c’est fini”, répond Jean T.

“J’étais un lâche”

Consciente qu’il y avait “quelque chose de bizarre”, Simone M. est également restée, pensant que c’était “un fantasme” du couple.

“Je n’ai rien compris, j’ai été négligent, j’aurais pu lui transmettre une maladie ou autre”, concède-t-il, reconnaissant qu’il ne portait pas de préservatif, comme la plupart des 50 coaccusés de ce procès emblématique de soumission chimique. .

Voisin du couple Pelicot à Mazan, il avait même rencontré Gisèle Pelicot au domicile du couple, après avoir pris contact avec son mari, sur Coco.fr, mais avant de l’agresser sexuellement. “Je suis venu parler vélo” avec son mari, explique-t-il.

« J’aurais pu me dénoncer, j’étais un lâche. J’avais peur de tout perdre, ma famille… », poursuit le quadragénaire, décrit par l’enquêteur de personnalité comme « quelqu’un de très influençable », de « naïf », qui « a du mal à considérer la malveillance des gens ». autres “.

“Je voulais partir”

Redouane E. s’est clairement posé en « victime » : « Dans la situation de terreur de M. Pelicot, oui, je suis une victime. Une situation de danger imminent se produit en moi, […] dès que j’ai vu Pélicot, j’ai eu envie de partir.

Ce qu’il ne fera pas cependant pour “éviter de frustrer ce monsieur” : “Quand un mouton se retrouve face à un loup, on ne lui demande pas pourquoi il ne s’enfuit pas”, ajoute-t-il, provoquant un rire fou et moqueur de Gisèle. Pélicot.

L’un des avocats des parties civiles, Antoine Camus, lui avait alors fait remarquer qu’il “n’avait pas l’air terrifié” dans les vidéos, notamment lorsqu’il imposait une fellation à la victime.

“Je n’ai rien imposé, […] Je l’ai fait par peur, je l’ai fait parce que ce monsieur me paraissait être un dangereux psychopathe”, affirme-t-il, sous le regard abasourdi de M.moi Pélicot.

« À aucun moment il n’a remis en question ni eu peur de quoi que ce soit. Il ne s’est pas précipité, intervient Dominique Pelicot, dans un drôle de rôle d’arbitre.

Victime, Redouane E. serait finalement victime des enquêteurs, qui n’auraient pas fouillé le téléphone de Gisèle Pelicot : « Je demande que nous soyons traités sur un pied d’égalité : il n’y a pas de parole sacrée par rapport à une parole négligeable. Nous devons tous être soumis au même doute.

M.moi Pélicot lève les yeux au ciel.

 
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