Jérôme V., 46 ans, Simone M., 43 ans, Adrien L., 34 ans : le procès pour viol de Mazan a ouvert lundi sa cinquième semaine d’audience avec la poursuite du défilé des 50 coaccusés de Dominique Pelicot, excusé pour la journée pour raisons médicales.
« Il ne va pas bien. Il doit subir une intervention médicale cet après-midi», a expliqué le président du tribunal correctionnel du Vaucluse, Roger Arata, au début de l’audience.
Dominique Pelicot, 71 ans, avait déjà subi un examen vendredi, une journée sans audience. Son avocate, Me Béatrice Zavarro, a indiqué dimanche à l’AFP que cela “s’était bien passé”, s’attendant à ce que son client soit présent lundi.
Le procès, qui a débuté le 2 septembre et devait durer jusqu’au 20 décembre, avait déjà été suspendu pendant deux jours à la mi-septembre en raison de l’absence de M. Pelicot, malade.
En son absence, le tribunal a donc commencé lundi à examiner les cas d’un troisième groupe de coaccusés, sept des cinquante hommes que Dominique Pelicot avait conviés sur internet, depuis dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, à venir. violant sa femme, après l’avoir droguée avec des anxiolytiques.
Jusque-là, les cas de dix coaccusés avaient été étudiés.
« Dépendance sexuelle »
La plupart d’entre eux sont poursuivis pour viol aggravé et risquent jusqu’à 20 ans de prison pénale. Dix-huit de ces accusés, dont Dominique Pelicot, semblent détenus. Trente-deux autres paraissent libres, le dernier, en fuite, étant jugé par contumace.
En attendant que ces sept hommes soient interrogés, vraisemblablement jeudi, en présence de Dominique Pélicot, le tribunal a commencé par décortiquer leurs personnalités et leurs parcours de vie.
Jérôme V., 46 ans, ancien employé dans un magasin alimentaire, est l’un des principaux accusés de ce procès hors norme. Selon le parquet, il fait partie des quatre hommes venus six fois au domicile conjugal du couple à Mazan (Vaucluse), dans le sud-est de la France, en 2020, pour violer Gisèle Pelicot.
Enfant victime de « violences psychologiques et verbales » de la part de ses parents, il est « pragmatique et utilitaire dans son rapport aux autres », a expliqué l’enquêteuse de personnalité, Elisa Scheidt. Passionné de « randonnées et d’aventures extra-conjugales », il avait une « sexualité frustrée, qui le conduisait à chercher satisfaction ailleurs ».
Viol de concubines
Père de trois enfants dont un illégitime, il s’engage comme pompier volontaire. « Un bon prétexte pour approcher les femmes », a-t-il expliqué à l’enquêteur, s’interrogeant sur une éventuelle « addiction au sexe ».
“Au niveau des relations humaines, il était spécial” mais “il n’avait aucune raison d’aller voir ailleurs”, a témoigné à la barre, en larmes, sa compagne actuelle, qui continue d’aller le voir au parloir. “Je ne comprends pas pourquoi il ne m’a pas parlé de Madame Gisèle”, a-t-elle ajouté en la regardant et “en lui apportant tout son soutien”.
Ce dernier n’a pas réagi.
Le tribunal a également parlé de Simone M., 43 ans, ouvrière du bâtiment après 12 ans chez les chasseurs alpins. Présenté comme « quelqu’un de influençable, de naïf », il aurait « sombré dans l’alcool » en raison d’une vie de couple jugée par son entourage comme « déséquilibrée et disharmonieuse ».
Adrien L., 34 ans, issu d’un milieu familial « très stable », présente « une grande fragilité narcissique », selon l’enquêtrice Marianne Douteau. Décrit comme « mythomane » et « jaloux » par une ex-compagne, il est incarcéré depuis 2020 et a déjà été condamné à 14 ans de prison pour trois précédents viols de ses concubines.
Lundi, le tribunal a également entendu des enquêtes de personnalité concernant quatre autres prévenus : Thierry P., artisan frigoriste de 61 ans, également mis en examen pour détention d’images pédopornographiques ; Jean T., 52 ans, alias « Bill », ancien couvreur, décrit par son entourage comme « serviable, courageux et gentil » ; Redouane E., 55 ans, infirmière libérale aux « nombreux besoins sexuels » ; ou enfin Thierry P., 54 ans, ancien maçon tombé dans l’alcoolisme après la mort de son fils de 18 ans dans un accident de voiture.
Clôturés à 18 heures sans nouvelles sur la santé de Dominique Pelicot, les débats devraient reprendre mardi à 9 heures avec les auditions des trois psychologues qui ont examiné ce groupe de sept accusés.
(AFP)
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