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Les compagnies pétrolières accusées d’opacité sur une étape clé de la production

(Paris) Plusieurs médias accusent les grandes compagnies pétrolières d’« opacité » concernant les rejets nocifs pour l’environnement liés au « torchage », procédé qui consiste à brûler sur place le gaz naturel issu de l’extraction du pétrole.


Publié à 13h26

Mis à jour à 13h57

Émissions de CO2 liés au « torchage » du gaz naturel issu de l’extraction pétrolière ont atteint 1,4 milliard de tonnes en onze ans dans 18 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, selon cette enquête publiée vendredi menée par Mediapart et treize médias internationaux, coordonnée par le collectif de journalistes et réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC).

“Les industriels européens sont ceux qui polluent le plus, avec 33%” de ces 1,4 milliard, “suivis par les compagnies pétrolières du Moyen-Orient (31%) et d’Amérique du Nord (14%)”, selon eux.

Le torchage est une des solutions pour évacuer, par combustion, le gaz naturel qui s’échappe lors de l’extraction du pétrole. Mais « le gaz est brûlé pour rien, alors que des technologies matures permettent de le réinjecter dans le sol ou de le récupérer pour produire de l’électricité », constate Mediapart.

Le torchage a émis l’équivalent de 381 millions de tonnes de CO2 en 2023, selon la Banque mondiale. Cela représente 1% des émissions mondiales annuelles, soit plus que celles de la France (315 millions).

Toutefois, les entreprises maintiennent « l’opacité » sur ces émissions, selon les médias. « Certains d’entre eux déclarent volontairement leurs émissions de torchage, mais uniquement au niveau mondial, sans aucun détail supplémentaire. »

Le consortium médiatique a ainsi estimé les gaz à effet de serre issus des flammes émises par 665 infrastructures pétrolières et gazières entre 2012 et 2022 puis les a attribués aux sociétés exploitant les champs concernés.

“Nous avons également observé des écarts entre les résultats de notre enquête et les déclarations de certaines majors européennes, ce qui laisse penser qu’elles sous-déclarent leurs émissions”, écrit Mediapart.

Parmi les plus gros pollueurs, la société algérienne Sonatrach arrive en tête du classement, avec 235 millions de tonnes équivalent CO.2 dans onze ans. Également dans le top 10 : les britanniques BP et Shell, les américains ExxonMobil et Chevron, ou encore le français TotalEnergies.

Nos travaux suggèrent que le groupe pétrolier français sous-estime l’ampleur du torchage sur ses sites pétroliers à travers le monde, et affiche par conséquent un bilan carbone meilleur que la réalité.

Mediapart

Le groupe prend en compte les émissions des infrastructures qu’il exploite, mais exclut celles dont il est “actionnaire mais non gestionnaire”, selon Mediapart, qui rappelle que c’est “la méthodologie standard du secteur”.

“Comparer les chiffres audités et publiés avec des résultats basés sur une méthodologie non reconnue et ne faisant l’objet d’aucune vérification par un tiers semble refléter une approche biaisée”, a rétorqué TotalEnergies dans sa réponse à Mediapart, également transmise à l’AFP. Le groupe considère les mesures par images satellite « beaucoup moins précises que les mesures directes réalisées sur les installations ».

Contactés par l’AFP, Sonatrach, BP, ExxonMobil et Chevron n’ont pas répondu.

Shell a indiqué à l’AFP qu’elle “ne reconnaît pas les chiffres de cette analyse”, estimant que ses données publiées “sont conformes aux réglementations” du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de l’UE.

 
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