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Avec les explosions au Liban, les services de renseignements israéliens redorent leur blason après le fiasco du 7 octobre

La réputation des services de renseignements israéliens a été ternie par l’attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre, mais le redoutable Mossad semble avoir restauré son image avec la vague d’explosions meurtrières d’appareils de communication au Liban, affirment les experts.

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Les autorités israéliennes n’ont pas commenté l’attaque sans précédent de mardi qui a transformé des téléavertisseurs utilisés par des membres du Hezbollah libanais en explosifs, tuant 12 personnes et en blessant environ 2 800 à travers le Liban.

Le mouvement islamiste Hezbollah, soutenu par l’Iran et allié du Hamas palestinien, échange des tirs quasi quotidiens avec l’armée israélienne depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Il a accusé Israël d’être responsable des explosions d’appareils de transmission au Liban.

Selon des analystes et certains médias israéliens, les explosions de téléavertisseurs semblent être l’œuvre du Mossad (service de renseignement extérieur israélien), célèbre pour des exploits tels que l’opération « Colère de Dieu », qui visait à éliminer les dirigeants du groupe palestinien Septembre Noir, dont l’unité de commando a tué onze athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972.

« L’opération Pager a été une nouvelle démonstration éclatante des prouesses des services de renseignement israéliens », a déclaré John Hannah, du Jewish Institute for Security Affairs.

Le Mossad a « démontré à plusieurs reprises sa capacité non seulement à pénétrer en profondeur dans les réseaux les plus sensibles de ses pires adversaires, mais aussi à exécuter des opérations d’une précision et d’une létalité exquises quand il le souhaite », a-t-il ajouté.

“Surpris”

Les explosions de mardi surviennent moins de deux mois après qu’une frappe aérienne israélienne fin juillet a tué l’ancien chef militaire du Hezbollah Fouad Shokr près de Beyrouth, une opération qui nécessitait des informations précises sur sa localisation.

Le lendemain, l’Iran a annoncé la mort à Téhéran du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui aurait été tué par l’explosion d’un engin caché quelques semaines plus tôt. Israël, pointé du doigt, n’a pas non plus commenté l’attaque.

Alors que la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, se poursuit, ces récents assassinats de dirigeants montrent à quel point Israël s’est appuyé sur le Mossad pour accomplir des exploits de grande envergure, affirment les experts.

Bien que d’autres services de renseignement israéliens soient plus directement responsables des territoires palestiniens, « il est assez clair que le Mossad a été tout aussi surpris que les autres » par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, a déclaré Hannah.

Le Mossad a été créé en 1949, mais c’est la prise d’otages des athlètes israéliens tués par Septembre Noir aux Jeux olympiques de Munich en 1972 qui a donné naissance à son modus operandi : déployer des agents secrets à l’étranger pour éliminer les ennemis d’Israël.

Dans les mois qui suivirent, les dirigeants de Septembre Noir et leurs alliés de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) commencèrent à être éliminés dans des circonstances mystérieuses en Italie, en France et à Chypre.

Le bilan du Mossad n’est cependant pas sans faille.

En 1973, des agents israéliens tuèrent par erreur un serveur marocain, Ahmed Bouchikhi, pensant qu’il s’agissait d’Ali Hassan Salameh, chef des opérations Septembre Noir.

En 1997, des agents israéliens ont tenté sans succès d’empoisonner l’ancien chef du Hamas Khaled Meshal lors d’une tentative d’assassinat à Amman.

Avertissement

Pour Barak Gonen, professeur au Collège de technologie de Jérusalem, les explosions de téléavertisseurs de cette semaine représentent une innovation technologique importante.

La Chine a déjà « attaqué des entreprises américaines en introduisant un nouveau dispositif de la taille d’un grain de riz dans les circuits imprimés des PC qu’elles utilisaient », a-t-il expliqué.

« On peut considérer cette opération (des bipeurs, ndlr) comme une extension de l’opération chinoise, où la charge utile ne se limitait pas au commandement et au contrôle, mais incluait aussi un détonateur », a ajouté M. Gonen.

Les responsables du Hezbollah ont affirmé qu’ils ne cherchaient pas la guerre, mais ont juré de se venger de l’attaque, suscitant ainsi la crainte d’une nouvelle conflagration régionale.

Aux yeux d’Eyal Pinko, du Centre Begin-Sadat pour les études stratégiques, cette opération était un avertissement adressé au Hezbollah « de ne pas aller plus loin ».

Selon Yossi Melman, commentateur des services de renseignement du quotidien israélien de gauche Haaretz, « l’opération n’avait aucun objectif stratégique ».

L’explosion du bipeur « aurait été complétée par des frappes aériennes massives et même une invasion terrestre » en cas de guerre « à grande échelle », a-t-il ajouté, mais « je ne pense pas qu’elle ait un objectif stratégique ».

 
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