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En Ukraine, la guerre des ondes contre les drones tueurs

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Oleksiy Tcherniouk montre différents systèmes de guerre électronique conçus par sa société Kvertus, près de Kiev, le 26 février 2024. ADRIENNE SURPRENANTE / MYOP POUR « LE MONDE »

Les « champs de force » protecteurs, ces boucliers invisibles popularisés depuis des décennies par la science-fiction, sont devenus une réalité sur le champ de bataille en Ukraine. Selon leur puissance, leur fréquence et leur distance à la cible, ils sont capables de paralyser un drone kamikaze se dirigeant vers sa cible. Appelés « dômes » ou « REB » (acronyme de « combat radio-électronique » dans le jargon militaire russe et ukrainien), ces Les champs magnétiques n’ont rien d’ésotérique : ce sont des brouilleurs de fréquence, qui font partie de l’arsenal de ce que l’on appelle en français les « systèmes de guerre électronique » (SGE).

L’armée ukrainienne réclame ces dômes pour protéger ses troupes et son matériel en première ligne. Une poignée d’industriels ukrainiens spécialisés recherchent des solutions technologiques, industrielles et financières pour répondre à la demande.

Leur importance est devenue essentielle depuis l’été 2023, lorsque les drones FPV (quadcoptères kamikaze) ont commencé à être massivement utilisés des deux côtés du front. Ces munitions tapies bon marché (entre 300 et 1 000 euros l’unité) sont capables de toucher n’importe quelle cible avec une grande précision, qu’il s’agisse d’un soldat dans sa tranchée ou d’un char montant une colline. une agression ou une ambulance se précipitant à reculons. Les unités de drones des deux camps publient souvent des vidéos de leurs attaques réussies sur les réseaux sociaux, montrant un soldat mis en pièces ou un véhicule blindé explosant en boule de feu.

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En conséquence, il est devenu extrêmement dangereux de circuler sur une bande de terre de dix kilomètres le long de la ligne de contact. Les drones FPV fonctionnent en association avec une constellation de drones d’observation survolant en permanence les arrières ennemis (sauf en cas de météo défavorable). Grâce à cette présence constante de capteurs (notamment infrarouges dans l’obscurité), le champ de bataille est devenu quasiment transparent. Les rotations de personnel, la logistique et les évacuations constituent donc des opérations bien plus risquées qu’il y a encore un an, lorsque l’artillerie avait le dessus. Plusieurs commandants ukrainiens interrogés par Le monde attestent que les drones russes FPV représentent la principale cause des pertes dans leurs rangs.

« Le front est saturé de petits drones comme DJI Mavic [fabriquant chinois, leader mondial des quadrirotors] »», raconte Oleksiy Tcherniouk, 29 ans, vice-président de Kvertus, l’un des trois principaux fabricants ukrainiens de brouilleurs, dans son bureau de Kiev. Ce petit bonhomme, au visage bon enfant et au regard vif, souligne une évidence : le résultat du travail des drones FPV est aussi spectaculaire que celui de SGE est invisible.

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