News Day FR

«J’étais un fou furieux, sans complexes»

Avant de s’installer à Palavas, dans l’Hérault où il est à la tête de trois établissements, Alain Joyes a beaucoup voyagé. Lui qui a grandi entre Sévérac-le-Château et l’Afrique, où il a également travaillé, ainsi qu’à Paris où il a fait l’essentiel de sa carrière.

Pour moi, c’était le mouton ou la SNCF, plaisante Alain Joyes, originaire de Sévérac-le-Château. Cela aurait pu aussi être la santé, puisque sa sœur Sylvie et son frère Patrice sont respectivement médecin et pharmacien, et qu’il a lui-même tenté sa première année de médecine à Nîmes, sur les traces de son grand-père Yves Testor, lui-même médecin. même et surtout connu pour avoir été maire de Sévérac-le-Château et conseiller général de l’Aveyron.

Les frères Joyes avaient installé leur atelier rue des Douves, à Sévérac. Ernest, deuxième en partant de la gauche, est l’arrière-grand-père d’Alain.
Reproduction L’Aveyronnais

Ce sera finalement une longue carrière dans la restauration, commencée à Paris, poursuivie en Afrique et qui se termine à Palavas-les-Flots, dans l’Hérault, où le sexagénaire est à la tête de trois entreprises, les hôtels Le Brasilia et Les Alizés et le restaurant Sur la braise.

Une enfance africaine

Mais avant de s’installer sur les bords de la Méditerranée, les Aveyronnais ont vu du pays. Et même des pays !

Né en 1959 à Paris – « Ma mère était à l’école d’infirmière et mon père terminait ses études d’agronome et d’ingénieur rural » – le petit Alain découvre l’Afrique où son père est en poste dans plusieurs pays. . Il y a fréquenté des écoles françaises, au Sénégal, au Niger, en Côte d’Ivoire, en Algérie, au Maroc… De cette enfance africaine, il garde un bon souvenir, d’insouciance. « Nous avions peu de références mais c’était un monde merveilleux, avec les autres enfants. De retour à Sévérac, je me souviens que nous courions pieds nus sur les graviers. On avait de la corne sous les pieds», sourit-il.

Il poursuivra sa formation au CEG de Sévérac. Il y obtient son BEPC avant de partir de l’autre côté de la Méditerranée, au Maroc, inscrit au lycée Descartes de Rabat. Il passe finalement son baccalauréat en , à Nîmes, tandis que son père quitte l’Afrique pour travailler au canal Philippe-Lamour qui irrigue la vallée du Cros.

Alain Joyes, à Palavas-les-Flots, devant son hôtel-restaurant Le Brasilia, face à la plage.
Reproduction L’Aveyronnais

« Après le bac, j’ai fait une année de médecine mais ça n’a pas marché du tout. J’ai donc décidé de revenir à mes premières amours et je suis entré en BTS production culinaire.” D’abord à Clermont-Ferrand puis à Chamalières. Son diplôme en poche, Alain Joyes est embauché dans la restauration collective, chez Marest, puis travaille un temps chez McDonald’s des Champs-Élysées, l’un des premiers de France. « Un nouveau monde », se souvient-il, « une expérience étrange ».

Mais le jeune homme ne veut pas en rester là. Il a répondu à une offre pour rejoindre l’Essec, à Cergy-Pontoise, une grande école de commerce qui propose des formations couplées à la prestigieuse Cornell University, dans l’Etat de New York, aux Etats-Unis. « Si je me fais prendre, suggéra-t-il à son père, tu me payes la moitié et je financerai le reste. » “Et je me suis fait prendre, c’était incroyable !”

Mais l’Aveyronnais a besoin d’améliorer son niveau d’anglais et part donc travailler six mois à Londres.

Une année « extraordinaire » à Brazzaville

« Dès mon passage à l’Essec, j’ai été embauché au Méridien de la Porte Maillot, à Paris, où j’ai développé toute la comptabilité informatique. Et quand ma copine, qui était aussi à l’Essec, a validé son année, nous sommes tous deux allés travailler pour l’hôtel Méridien à Brazzaville, au Congo, raconte Alain Joyes qui est ainsi rentré en Afrique. J’étais directeur de la restauration de l’hôtel et de la restauration de l’aéroport. Nous fabriquions notamment des plateaux repas pour les avions. Au Congo, j’ai vécu quelque chose d’extraordinaire. C’était à l’époque un régime communiste, dirigé par Sassou Nguesso qui était aussi président de l’OUA (1 ).»

« J’étais un fou furieux, sans complexes », avoue-t-il.

L’Aveyronnais pourrait raconter des anecdotes pendant une soirée entière, sur cette période qui n’a duré qu’une seule année. “Mais ma femme n’a pas pu le supporter et nous sommes rentrés à Paris.” Et là, lui qui vient de vivre cet intense intermède africain et qui possède déjà une belle expérience dans l’hôtellerie-restauration, éprouve une « cruelle déception ». « Je pensais que tout le monde allait récupérer mon CV, mais pas du tout. Au lieu de cela, on m’a proposé de revenir à l’essentiel», constate le Sévéragais. Finalement, j’ai repris la direction d’un Green Hotels pendant un an avant de revenir dans la restauration collective, chez Pargest. J’étais acheteur et chef de produit. C’est le début des hôtels Balladins et Relais Bleus. Mais avec la crise économique, tout s’est effondré.»

Au restaurant des francs-maçons

Mais Alain Joyes rebondit encore. « J’avais été initié à la Maçonnerie en 1989. J’ai donc répondu à un appel d’offres pour gérer le restaurant du Grand Orient de France, L’Oie et le Grill », au septième étage de l’immeuble qui abrite la loge, rue Cadet dans le 9ème arrondissement de la capitale. Mais c’est au huitième étage, réservé aux francs-maçons, lors de « banquets mémorables », qu’il rencontre de nombreuses personnalités du monde politique, économique, artistique… Des visiteurs sur lesquels il reste discret. Mais lorsqu’un nouvel appel d’offres est lancé en 2005, il est temps pour lui de quitter l’établissement. « J’ai acheté Le Saulnier, dans le 10e arrondissement. Nous avons accueilli beaucoup de groupes. Là, j’ai baissé les prix, j’ai créé du volume, j’ai changé le système. Ça marche vraiment bien ! Mais cette période faste s’achève avec plusieurs événements qui vont toucher le tourisme et notamment la restauration. « Nuage du volcan islandais, tremblement de terre au Japon, gilets jaunes, Covid…, énumère Alain Joyes. Tout s’est effondré. On a eu 150 000 euros d’annulations ! Mais dans son malheur, l’entrepreneur a de la chance. “Les murs appartenaient à la Mairie de Paris qui prenait en charge le loyer et les salariés touchaient le chômage.” C’est le moment que l’Aveyronnais a choisi de retourner dans le Sud, à Palavas-les-Flots où, depuis douze ans maintenant, il dirige l’hôtel-restaurant Le Brasilia, un bel établissement trois étoiles en front de mer. est également à la tête d’un deuxième hôtel, Les Alizés – également trois étoiles – et du restaurant bar glacier Sur la braise.

« Quand j’avais encore Saulnier, je faisais l’aller-retour, en TGV, entre Montpellier et Paris. Et j’ai finalement vendu en juillet dernier.

Il est également en train de vendre Le Brasilia à sa fille Sophie, âgée de trente ans. «Je n’aurais jamais pensé l’avoir à mes côtés», confie Alain Joyes. « Elle a deux masters en droit et, après des stages dans de grands groupes hôteliers, elle m’a appelé et m’a dit : « Papa, je veux venir travailler avec toi ». Elle a appris sur le tas et a développé une passion pour le métier. Et elle a vu qu’on pouvait bien gagner sa vie si on travaillait bien.

Les Joye ont encore de beaux jours à vivre (et entreprendre) à Palavas. Et à Sévérac – « Mon port d’attache » – où Alain Joyes aime retrouver ses camarades, sur le marché, lui qui aime aussi accueillir des Aveyronnais dans ses établissements. « Nous servons de l’aligot de saucisse dans nos restaurants à Palavas ! »

(1) Organisation de l’unité africaine
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :