La leader de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado, apparue en public jeudi pour la première fois depuis fin août, a été arrêtée après la manifestation contre l’investiture du président Nicolas Maduro à Caracas.
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9 janvier 2025 – 21h40
(Keystone-ATS) Une source de l’opposition a indiqué à l’AFP que le leader avait été arrêté alors qu’il quittait la manifestation.
Quelques minutes plus tôt, son équipe avait annoncé sur X qu’elle avait été « violemment interceptée alors qu’elle quittait la manifestation » à moto. Selon le message sur X, des coups de feu ont été tirés sur le cortège de motos qui l’accompagnait.
Elle avait envisagé une éventuelle arrestation, confiant lundi à l’AFP : “S’il m’arrive quelque chose, les instructions sont très claires (…), personne ne négociera la liberté du Venezuela pour ma liberté.”
Elle a également assuré qu’elle ne voulait pour rien au monde « rater (le) jour historique » de la manifestation.
Lors des dernières grandes manifestations du mois d’août, Mme Machado, 57 ans, est apparue brusquement au coin d’une rue pour monter sur un camion podium, a harangué la foule puis a rapidement disparu à moto pour échapper à son arrestation. La police semble avoir contré ce mode opératoire jeudi.
« Nous n’avons pas peur ! »
Jeudi, elle est de nouveau arrivée dans un camion vêtue de blanc et brandissant un drapeau vénézuélien et a prononcé un bref discours dans lequel elle a déclaré : « Tout le Venezuela est dans les rues, nous n’avons pas peur ! A partir d’aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase. Le Venezuela est libre, nous continuerons ! »
Les autorités avaient déployé massivement les forces de l’ordre dans le pays, notamment dans la capitale.
“Je laisserai ma peau sur l’asphalte pour mes enfants, mais cela en vaudra la peine car le Venezuela sera libre !” », a déclaré Rafael Castillo, 70 ans, avant l’arrestation.
Concluant une tournée internationale à Saint-Domingue, l’opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle, a appelé à la “libération immédiate” de Mme Machado. “Nous nous reverrons tous très bientôt à Caracas, en liberté”, a-t-il déclaré.
“Le seul président élu dans ce pays est Nicolas Maduro, le peuple l’a élu et le peuple le soutient”, a déclaré Noeli Bolivar, 28 ans, qui participe à la marche “pour la paix” en faveur du président. , organisée par le gouvernement, qui comme celle de l’opposition a rassemblé des milliers de partisans.
-Agitant des drapeaux vénézuéliens et portant souvent des vêtements rouges, les partisans du pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello, ont quitté l’est de Caracas pour rejoindre le centre-ville.
Des marches similaires ont eu lieu dans tout le pays, selon des images de la télévision publique.
L’opposition revendique la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia à l’élection présidentielle. Elle assure que les procès-verbaux des bureaux de vote qu’elle a collectés prouvent que l’ancien diplomate a remporté le vote haut la main – plus de 67% des voix – face à « un régime qui se sait battu » et isolé sur le plan international. .
Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé le président sortant vainqueur du scrutin avec 52% des voix, mais sans publier le procès-verbal, se disant victime d’un piratage informatique. Une hypothèse jugée peu plausible par de nombreux observateurs.
L’annonce du CNE a provoqué des manifestations dans tout le pays, durement réprimées. Les troubles post-électoraux ont fait 28 morts, plus de 200 blessés et 2 400 personnes arrêtées pour « terrorisme ».
De nombreuses arrestations
Les forces de sécurité ont procédé à de nombreuses arrestations ces derniers jours : quelque 150 personnes, dont un responsable présumé du FBI (police fédérale américaine) et un militaire américain, selon M. Maduro, qui a parlé d’une « agression » financée par les Etats. -Uni.
Washington, qui ne reconnaît pas la victoire de M. Maduro, a qualifié de « catégoriquement fausse » toute accusation de participation « à un complot visant à renverser Maduro », selon un porte-parole du département d’État.
L’ONU s’est dite “profondément préoccupée” jeudi par la détention d’opposants politiques et en particulier celle de M. Correa, a écrit Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.
Parmi les personnes arrêtées figurent le respecté Carlos Correa, directeur d’une célèbre ONG de défense des droits de l’homme, Enrique Marquez, figure de l’opposition vénézuélienne, et le gendre de M. Gonzalez Urrutia.
Exilé en Espagne depuis septembre, M. Gonzalez Urrutia termine une tournée en République dominicaine qui l’a notamment conduit à la Maison Blanche.
Il avait prévu de se rendre vendredi à Caracas pour prêter serment à la place de M. Maduro, un projet jugé « peu probable » par les observateurs. L’arrestation de Mme Machado l’amènera sans doute à revoir ses projets.
Les autorités vénézuéliennes, qui ont promis une récompense de 100 000 dollars pour l’arrestation de M. Gonzalez Urrutia, ont menacé de prison ceux qui l’accompagnaient, affirmant qu’ils réagiraient comme s’ils étaient face à une « force d’invasion ».