(Base aérienne de Ramstein) Volodymyr Zelensky a de nouveau plaidé jeudi pour l’envoi de troupes occidentales en Ukraine pour “forcer la Russie à la paix”, au moment où Kiev craint de perdre le soutien américain avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Publié à 7h26
Mis à jour à 13h27
GT DUNLOP avec Pierrick YVON à Berlin
Agence -
Le président ukrainien a participé, avec le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, à la dernière réunion du « groupe de contact » des partisans militaires de Kiev avant l’investiture du milliardaire républicain le 20 janvier.
Il est ensuite parti pour Rome, où il doit rencontrer la chef du gouvernement de droite radicale italienne Giorgia Meloni, à la fois fidèle partisane de l’Ukraine et partisane de Donald Trump, à qui elle a rendu visite en Floride.
Lors de la réunion réunissant une cinquantaine de pays sur la base aérienne américaine de Ramstein en Allemagne, le chef du Pentagone a appelé ses alliés à « ne pas faiblir » dans leur soutien à l’Ukraine, assurant que les Etats-Unis resteraient « un partenaire fiable » au sein de l’OTAN.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche marquera l’ouverture d’un « nouveau chapitre » pour les Européens, a déclaré Volodymyr Zelensky.
Il dit y voir aussi une « période d’opportunités », même si Donald Trump affiche son scepticisme quant aux milliards d’aide dépensés par Washington pour soutenir Kiev contre l’invasion russe lancée il y a près de trois ans, le 24 février 2022.
Le déploiement de troupes occidentales en Ukraine, proposition qui suscite de fortes réserves dans plusieurs Etats européens, est “l’un des meilleurs instruments” pour “forcer la Russie à la paix”, a insisté le chef de l’Etat ukrainien.
Dernière réunion
Parmi les idées explorées par les chancelleries européennes et Washington figure celle de mettre en place un contingent militaire en Ukraine pour assurer le maintien d’un hypothétique cessez-le-feu.
Lloyd Austin a annoncé jeudi une nouvelle aide militaire à l’Ukraine d’un montant d’environ 500 millions de dollars.
Tout en reconnaissant que l’administration Trump « prendrait ses propres décisions », il a assuré que les États-Unis seraient « toujours un partenaire fiable à l’avenir », car leurs « valeurs » et leur « engagement à [leurs] les alliés et les partenaires ne changent pas.
“La lutte en Ukraine nous concerne tous”, a-t-il déclaré sans nommer Donald Trump.
Donald Trump a souvent critiqué l’aide apportée par les États-Unis à l’Ukraine et a assuré pouvoir résoudre le conflit en « 24 heures », sans jamais détailler sa méthode.
L’UE est « prête à prendre le relais » pour diriger le soutien militaire à l’Ukraine en cas de désengagement américain, a affirmé la chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas, tout en se disant « sûre » que Washington poursuivrait ses efforts.
«Arsenal de drones»
M. Zelensky a exhorté les alliés de Kiev à « participer encore plus activement » au développement d’un « arsenal de drones » pour l’Ukraine, armes devenues essentielles dans cette guerre.
Une livraison importante de 30.000 de ces machines a été annoncée à Ramstein par le Royaume-Uni et la Lettonie pour un montant de près de 54 millions d’euros (80 millions de dollars canadiens), cofinancée avec le Danemark, les Pays-Bas et la Suède.
Dans la région russe de Saratov, un incendie se poursuivait jeudi pour le deuxième jour consécutif sur un site pétrolier frappé la veille par des drones ukrainiens, à quelque 500 km de la frontière entre les deux pays.
Sous la présidence de Joe Biden, les États-Unis ont été le plus grand soutien de Kiev dans sa défense contre la Russie, ayant fourni une aide militaire d’une valeur de plus de 65 milliards de dollars depuis février 2022.
Insuffisant toutefois pour permettre à l’Ukraine de repousser les troupes russes à l’est, où elles ont accéléré leur progression ces derniers mois.
Moscou a revendiqué lundi la prise de la petite ville minière de Kourakhové, après une bataille de près de trois mois.
Et jeudi, les forces russes sont parvenues à établir une tête de pont en traversant l’Oskil, une rivière qui séparait jusqu’ici les positions des deux camps, selon un responsable local.
Dans ce contexte, l’Ukraine craint de subir des pressions de la part du nouveau président américain élu pour qu’il fasse des concessions à Vladimir Poutine dans les futures négociations de paix.
La Russie exige que lui soient cédées quatre régions ukrainiennes qu’elle contrôle partiellement, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que l’Ukraine renonce à adhérer à l’Otan.