(Séoul) Le Parlement sud-coréen vote vendredi une motion de destitution contre le président par intérim Han Duck-soo, accusé d’avoir entravé l’enquête sur la tentative ratée du président déchu d’imposer la loi martiale qui a plongé le pays dans une grave crise politique.
Mis à jour hier à 23h16
Les députés sud-coréens ont voté le 14 décembre en faveur du destitution du président conservateur Yoon Suk Yeol, qui a imposé la loi martiale et envoyé l’armée au Parlement au début du mois, avant de faire marche arrière quelques heures plus tard.
Le Premier ministre Han Duck-soo assure la présidence par intérim. M. Yoon est suspendu dans l’attente du verdict de la Cour constitutionnelle, qui doit valider ou invalider le licenciement dans un délai de six mois.
Mais l’opposition reproche à M. Han de refuser de pourvoir trois des neuf sièges de la Cour, censée se prononcer à la majorité des deux tiers sur la destitution du président Yoon.
Elle a déposé une demande de révocation qui sera soumise au vote vendredi, a indiqué à l’AFP un porte-parole du Parti démocrate, principale force d’opposition.
Dans ce texte, l’opposition affirme que M. Han « fait intentionnellement obstacle à l’enquête spéciale visant à interroger les personnes impliquées dans la rébellion et a clairement manifesté son intention de rejeter la nomination de trois juges de la Cour constitutionnelle », non pourvus en raison du départ à la retraite. de leurs titulaires.
De telles actions, affirme la motion, « violent le devoir de tout agent public de faire respecter la loi ». […] et servir la population.
Pour le président du Parti démocrate, Lee Jae-myung, « l’« autorité intérimaire » s’est transformée en une « autorité insurrectionnelle » ».
Si la motion est adoptée, ce sera la première destitution d’un président par intérim après celle du président titulaire dans l’histoire de la Corée du Sud. Le ministre des Finances Choi Sang-mok deviendrait alors le nouveau président par intérim.
« Notre économie et les moyens de subsistance de notre population […] « Nous ne pouvons pas supporter une incertitude politique accrue », a prévenu M. Choi lors d’une conférence de presse, s’exprimant contre la destitution de M. Han.
Signe des inquiétudes des investisseurs sur la quatrième économie d’Asie : vendredi matin, le won sud-coréen a plongé à son plus bas niveau depuis près de 16 ans face au dollar.
Audience à la Cour Constitutionnelle
Han Duck-soo, fonctionnaire de carrière de 75 ans, affirme que son statut de président par intérim ne lui donne pas le pouvoir de procéder à des nominations importantes. Elle exige que le choix des juges de la Cour constitutionnelle fasse au préalable l’objet d’un accord entre le Parti du pouvoir populaire (PPP, au pouvoir) et les formations d’opposition.
Malgré la vacance de plusieurs sièges, la Cour constitutionnelle doit tenir vendredi une première audience sur la destitution de Yoon Suk-Yeol.
Si les trois sièges vacants ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer à l’unanimité pour évincer définitivement M. Yoon du pouvoir. Un seul vote contre sa révocation signifierait donc sa réintégration automatique dans ses fonctions.
Le refus de M. Han de nommer de nouveaux juges prouve « qu’il n’a ni la volonté ni les compétences pour respecter la Constitution », a déploré le chef des députés du Parti démocrate à l’Assemblée, Park Chan. dæ.
Le président déchu Yoon Suk Yeol, 64 ans, fait également l’objet d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort.
Le Bureau d’enquête sur la corruption, qui centralise les enquêtes, a déjà convoqué à deux reprises le président déchu pour l’interroger sur les événements de la nuit du 3 au 4 décembre qui ont stupéfié le pays. Mais M. Yoon ne s’est présenté à aucune de ces convocations.
Les enquêteurs lui ont adressé jeudi une troisième convocation pour une audience dimanche matin.