L’annonce de la candidature du président Alassane Dramane Ouattara a surpris mais ne semble pas illégale au regard de la Constitution ivoirienne de la Troisième République. Dans la plupart des pays francophones, il s’agit d’un mandat de cinq ans, renouvelé une fois, pour un total de 10 ans à la tête du pays. Mais une pratique souvent utilisée sous nos tropiques fait que chaque changement de constitution, comme celle de la Côte d’Ivoire, donne naissance à une nouvelle République et remet donc le compteur à zéro. ADO, ayant pour prétexte la naissance de la 3ème République rendant caduques toutes les dispositions antérieures, se donne le droit de briguer un deuxième et dernier mandat sous la Troisième République. A-t-il vraiment tort de briguer un second mandat sous la nouvelle République, même s’il s’agit du quatrième au classement général ? La réponse appartient au peuple ivoirien dans la mesure où aucune disposition de la nouvelle Constitution ne prévoit que même si une nouvelle constitution est adoptée et une nouvelle République proclamée, on ne peut exercer plus de deux mandats. Trump en est à son deuxième et dernier mandat aux États-Unis comme le prévoit la Constitution américaine
La candidature d’Alassane Dramane Ouattara viole-t-elle la Constitution ivoirienne ?
Sans tomber dans un débat juridico-judiciaire, cette candidature peut à notre humble avis susciter des interrogations. Le piège qu’il aurait tendu à ses adversaires en proposant l’élaboration d’une nouvelle constitution n’est que sa parole, en jurant la main sur le cœur qu’il ne dépassera pas ses deux mandats même avec l’adoption d’une nouvelle constitution et la naissance d’une nouvelle République. Les praticiens et tous les observateurs et analystes politiques et juridiques riront aux éclats, car le pouvoir, comme dirait Amadou Hampaté Ba, c’est comme l’alcool après un premier verre, on est heureux comme un agneau. Dans la seconde c’est comme si on avait mangé un lion, on se sent tellement fort qu’on n’accepte plus qu’on nous interpelle. Nous voulons tout imposer à tout le monde. Au troisième verre, nous sommes comme le cochon, nous ne pouvons faire que des choses sales…. A défaut d’être un cochon ADO est intoxiqué par le pouvoir et comme dirait Montesquieu pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la conjoncture des choses, le pouvoir arrête le pouvoir, mais la Constitution censée être la seule puissance pour arrêter ADO , lui donne au contraire son autorisation, elle ne semble donc pas avoir été violée.
Quoi qu’il en soit, cette question des prolongations de mandat liées aux évolutions de la Constitution et de la République est l’un des domaines majeurs sur lesquels le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance doit aborder pour enfin établir des règles incontestablement conformes. à la démocratie. Il s’agit de mieux asseoir la crédibilité de la CEDEAO.
L’opposition va-t-elle initier des protestations avant de se lancer dans la campagne visant à bloquer à vie la route vers la présidence d’ADO ?
Les armes des acteurs politiques semblent inégales et inéquitables, l’opposition ivoirienne divisée pourrait faire face à un candidat à la présidentielle qui défendra avec éloquence et vaillance son bilan élogieux. Sachant que le match est incertain, le chemin le plus court pour l’opposition risque d’être dans la rue pour contester et protester contre un quatrième mandat d’ADO, avant de prendre l’autre chemin, celui de contester les résultats après les élections. Soit dit en passant, la limitation des mandats est présente dans les constitutions de toutes les grandes démocraties. L’opposition, si elle veut barrer la route à une présidence à vie de l’ADO, doit se battre sur deux fronts, à savoir exiger la transparence des élections et prôner une union sacrée autour d’un candidat capable de tenir tête au président sortant. Cette dernière a un palmarès qui plaide positivement en sa faveur.
Le peuple ivoirien a-t-il encore quelque chose à attendre d’Alassane ? Que dire de son palmarès ?
Qu’on aime ADO ou qu’on le déteste, il est considéré aujourd’hui comme le Président qui a fait pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens ce qu’aucun autre prédécesseur n’a accompli, tant sur le plan économique qu’économique. « en termes de développement. Là où il semble échouer, c’est certainement dans le contexte de la réconciliation des Ivoiriens. Alors avec un bilan élogieux il est sûr et certain qu’il est favori d’autant qu’il se retrouverait certainement face à une opposition désunie et affaiblie. Les infrastructures, les prouesses économiques, le niveau de vie des Ivoiriens, la diplomatie, bref le bilan d’ADO est vraiment une arme redoutable et un argument politique majeur pour convaincre les électeurs ivoiriens de lui accorder un mandat supplémentaire.
Maliweb