Rapport des élus américains sur le COVID : contexte supplémentaire

La sortie du rapport d’une sous-commission spéciale du Congrès américain sur différents aspects de la pandémie suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Certains y voient une confirmation que les vaccins étaient nocifs, même s’il n’en dit rien. D’autres sont convaincus que le SRAS-CoV-2 a été créé en laboratoire, même si le rapport n’apporte aucune nouvelle preuve en ce sens.

Le rapport de la sous-commission conclut notamment que le virus à l’origine du COVID-19 a le plus probable est sorti d’un laboratoire de Wuhan, en Chine. Il allègue également que le directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses de l’époque, le Dr Anthony Fauci, aurait tenté de cacher cette information.

Il critique également plusieurs actions des institutions américaines pendant la pandémie : les dépenses gouvernementales ainsi que les conséquences sociales et économiques des confinements – notamment en ce qui concerne la fermeture des écoles – font partie des thèmes récurrents.

Les républicains étaient majoritaires au sein de cette sous-commission et la dirigeaient. Le rapport de 520 pages a été rédigé sous la direction du républicain Brad Wenstrup, président de la sous-commission.

Cependant, les membres démocrates de cette sous-commission rejettent certaines conclusions du rapport. (Nouvelle fenêtre) et estiment que l’exercice n’a pas permis d’apporter un éclairage significatif sur les questions auxquelles il souhaitait répondre.

Cette nuance est omise de nombreux discours circulant autour du rapport, souvent présentés comme étant biparti. Cependant, les membres démocrates de la sous-commission ont publié leur propre rapport de 57 pages le 2 décembre. (Nouvelle fenêtre)qui critique le travail de leurs collègues républicains.

Dans leur rapport, les démocrates accusent les républicains d’avoir abandonné l’objectif initial de l’exercice, à savoir prévenir et se préparer aux futures pandémies. Selon eux, les députés républicains voulaient plutôt faire avancer leur un agenda politique qui n’a que peu contribué au travail essentiel consistant à anticiper les futures crises de santé publique et à sauver des vies à l’avenir.

Avec ces sous-commissions, nous sommes dans un travail parlementaire classique, celui du contrôle de l’action gouvernementale.explique Julien Tourreille, chercheur à l’Observatoire sur les Etats-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Les sous-commissions sont dirigées par le parti qui détient la majorité au Congrès, c’est donc actuellement le Parti républicain qui a la capacité de définir son programme.

Une citation de Julien Tourreille, chercheur à l’Observatoire sur les Etats-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand

Le parti majoritaire peut donner l’impulsion sur les sujets que nous traiterons et sur les personnes que nous inviterons. Et lors de la rédaction du rapport, ce sont eux qui tiennent la plume et peuvent le diriger. Car oui, ces comités, parfois, peuvent être utilisés à des fins partisanes pour tenter de soutenir un discours prononcé par le parti.ajoute-t-il. Le fait que ce soit politisé, qu’il y ait un angle, ce n’est pas surprenant.

Le rapport du sous-comité spécial du Congrès américain sur la pandémie de COVID-19 compte 520 pages.

Photo : Comité de surveillance et de responsabilité

Que nous dit le rapport sur les origines du virus ?

Le rapport allègue que le SRAS-CoV-2 est probablement apparu en raison d’un accident lié au laboratoire ou à la recherche.

Il cite notamment les propos tenus par le directeur des Centers for Disease Control and Prevention de 2018 à 2021, Robert Redfield, et le directeur du renseignement national de 2020 à 2021, John Ratcliffe. Tous deux sont des partisans de longue date de la thèse des fuites en laboratoire. Ce dernier a d’ailleurs été désigné comme prochain directeur de la CIA par le président élu Donald Trump.

Des rapports d’agences américaines en ce sens, dont ceux du FBI et du ministère de l’Énergie, sont également évoqués.

L’idée selon laquelle le virus s’est échappé de l’Institut de virologie de Wuhan n’est pas nouvelle. Elle a déjà fait l’objet de nombreux reportages et enquêtes approfondies, notamment par l’émission Découverte.

Un article journalistique dans le magazine Science (Nouvelle fenêtre) analyse cependant que le rapport n’offre aucune nouvelle preuve directe d’une fuite de laboratoire, mais résume un cas circonstanciel. Il s’appuie sur plusieurs témoignages entendus lors des auditions de la sous-commission du Congrès, et non sur de nouvelles révélations.

Il n’en reste pas moins qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus scientifique sur les origines du virus et que le rapport ne permet pas de tirer des conclusions définitives.

C’est également ce que soutiennent les démocrates de la sous-commission dans leur rapport, qui soulignent que nous n’arriverons peut-être jamais au fond de l’histoire sans une plus grande transparence de la part de la Chine. Aujourd’hui, une origine zoonotique et un accident de laboratoire sont tous deux plausibles, tout comme un scénario « hybride » reflétant un mélange des deux.on peut y lire.

L’origine du virus continue d’être étudiée par de nombreux scientifiques et de nouvelles informations émergent parfois. Par exemple, une analyse (Nouvelle fenêtre) présenté la semaine dernière lors d’une conférence de virologie au Japon a révélé que certains animaux du marché des fruits de mer de Wuhan présentaient des réponses immunitaires similaires à celles qui seraient provoquées par une infection par le SRAS-CoV-2 au début de la pandémie.

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Plusieurs questions concernant l’origine du SARS-CoV-2 restent sans réponse.

Photo : Reuters / Thomas Peter/Reuters

Que dit le rapport sur le Dr Fauci ?

Le rapport du sous-comité aborde également L’origine proximale du SRAS-CoV-2un journal influent (Nouvelle fenêtre) écrit par de nombreux virologues au début de la pandémie. Ils ont soutenu que Le SRAS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ni un virus délibérément manipulé.

Le rapport indique que L’origine proximale était un commande par le Dr Fauci dans le but de discréditer la thèse des fuites en laboratoire. Lors des auditions du sous-comité, deux auteurs du document ont fermement nié (Nouvelle fenêtre) qu’il s’agissait d’un ordre du Dr Fauci, assurant que ce dernier n’avait aucune influence sur son contenu.

Cela dit, l’idée selon laquelle le Dr Fauci a influencé L’origine proximale ne date pas d’hier. Courriels rendus publics par Les informations en janvier 2023 (Nouvelle fenêtre) montrent que le Dr Fauci a été fortement impliqué dans les discussions entourant le document et a été tenu informé des modifications apportées à ses différentes versions. Cependant, rien ne prouve qu’il ait lancé l’idée de l’écrire ou qu’il ait décidé de ses orientations.

Les auteurs du rapport qui ont pris la parole lors de l’audience ont insisté sur le fait que le Dr Fauci était là pour encourager une discussion ouverte et une enquête approfondie sur la théorie des fuites en laboratoire, et non pour la balayer sous le tapis. tapis.

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Le Dr Anthony Fauci était le principal conseiller de la Maison Blanche dans la lutte contre la pandémie.

Photo : Presse associée / Susan Walsh

Que dit le rapport sur les vaccins ?

Même si certains commentateurs affirment que le rapport lève le voile sur l’inefficacité des vaccins contre la COVID-19, le rapport affirme tout le contraire.

On peut y lire que les vaccins ont été en grande partie sûr et efficace et qu’ils ont a joué un rôle crucial dans la réduction de la gravité des symptômes du COVID-19. L’administration Biden est cependant critiquée pour avoir exagéré la capacité du vaccin à prévenir l’infection et la transmission.

L’opération Vitesse de distorsionune initiative de 10 milliards de dollars lancée par l’administration Trump pour accélérer le développement et la commercialisation d’un vaccin est applaudie. L’opération Warp Speed ​​​​a été un grand succès et a permis de sauver des millions de viesnous pouvons lire.

Mais la rapidité avec laquelle le vaccin de Pfizer a été approuvé sous Biden et les différentes politiques de vaccination – qui ont causé plus de mal que de bien, selon le rapport – sont ensuite critiquées.

La décision arbitraire La volonté de l’administration Biden de proposer des doses de rappel du vaccin à tous les Américains avant que les agences de santé n’aient donné leur accord à une telle initiative est également dénoncée.

Enfin, le rapport critique le système de pharmacovigilance des vaccins aux États-Unis, qui serait insuffisant et peu transparentainsi que le programme d’indemnisation des victimes de la vaccination, qui n’aurait pas n’a pas réussi à gérer un programme de vaccination de masse.

L’histoire du sous-comité COVID

La sous-commission sur la pandémie de coronavirus a été créée en avril 2020. (Nouvelle fenêtre). Initialement, son objectif était de garantir que l’argent des contribuables est utilisé judicieusement et efficacement en réponse à la pandémie et pour évaluer l’état de préparation et la réponse du gouvernement à la crise.

À l’époque, Donald Trump était président, les démocrates avaient la majorité au Congrès et Nancy Pelosi était présidente de la Chambre.

Les représentants républicains ont voté à l’unanimité contre la création de la sous-commission (Nouvelle fenêtre)estimant qu’il s’agissait d’un exercice partisan qui servirait à discréditer le président Trump.

Lorsque les Républicains ont pris le contrôle du Congrès en 2023, ils ont changé de direction. (Nouvelle fenêtre) de la sous-commission afin qu’elle examine notamment les origines de la COVID-19 et les mandats concernant le port du masque et la vaccination.

La révision des dépenses publiques figurait également parmi ses objectifs.

>Decryptors. Marie-Pier Élie, Jeff Yates, Nicholas De Rosa and Alexis De Lancer.>
 
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