Un chef de gang qui contrôle un port clé de la capitale haïtienne est accusé d’avoir massacré des personnes âgées et des chefs religieux vaudous de sa communauté pour venger la mort de son fils, selon le gouvernement et des organisations de défense des droits humains.
Un chef de gang accusé d’avoir tué plus de 100 personnes dans la capitale haïtienne pour venger la mort de son fils persécutait toujours les habitants mardi, selon des témoignages rapportés par l’Associated Press.
Mackenson Cangé, dont le père figurait parmi les victimes, a déclaré à la radio Magik9 que les habitants de la zone contrôlée par les gangs ont expliqué que les hommes armés poursuivaient toujours les personnes âgées et tuaient également les plus jeunes.
“Je crois en la justice de mon pays. Mais j’en ai marre que le gouvernement condamne (seulement) ces massacres. Nous devons agir», a-t-il confié.
Peu de détails sur les massacres qui ont duré deux jours dans la communauté de Cité Soleil, vendredi et samedi (6 et 7 décembre), ont été rendus publics. Les habitants n’ont pas été autorisés à quitter la zone et aucune image des meurtres n’a été partagée sur les réseaux sociaux, comme cela a souvent été le cas lors d’incidents précédents.
Ni la Police nationale haïtienne ni le chef de la mission internationale soutenue par l’ONU n’ont fait de déclarations suite à cette tuerie.
Pendant des années, la police n’a pas pu pénétrer dans la zone contrôlée par les gangs, et même les groupes de défense des droits humains n’ont pas pu y accéder cette fois-ci, s’appuyant sur des témoins qui y vivent et refusent souvent de parler de peur d’être tués.
Deux groupes locaux de défense des droits de l’homme affirment que plus de 100 personnes ont été tuées, tandis que Volker Türk, le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré qu’il y avait eu au moins 184 victimes.
Les meurtres ont été imputés au chef de gang Micanor Altès, également connu sous les noms de Monel Felix et Wa Mikanò. Son fils est mort de maladie selon le Réseau national de défense des droits de l’homme et la Coopérative pour la paix et le développement.
Les deux groupes de défense des droits ont déclaré qu’Altès accusait les chefs religieux vaudous et les anciens de la communauté de pratiquer la sorcellerie et de nuire à son fils.
Mardi 10 décembre, l’Office de protection du citoyen d’Haïti a dénoncé ces meurtres, soulignant que les victimes étaient âgées entre 60 et 80 ans. Il a appelé les autorités policières et judiciaires à réagir rapidement et à identifier tous les responsables.
La Haitian Bridge Alliance, une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis, a également demandé mardi une enquête approfondie.
« Ce massacre est une profonde tragédie qui met en lumière la crise croissante de la violence des gangs et de l’anarchie en Haïti », a déclaré Guerline Jozef, directrice exécutive de l’alliance.
Micanor Altès contrôle les communautés côtières du Quai Jérémie, de La Saline et de Fort Dimanche et est connu pour ses vols, extorsions et détournements de marchandises et de camions, selon un rapport de l’ONU. Les experts affirment qu’il n’était pas connu pour être aussi brutal que les autres chefs de gangs haïtiens.
Mackenson Cangé a déclaré que des habitants du quai Jérémie lui ont dit que des hommes armés poursuivaient toujours les personnes âgées et tuaient également les plus jeunes. Il a déclaré que son père avait été tué après que trois hommes se soient présentés à son domicile vendredi soir et lui aient demandé de les accompagner. “Je n’aurais jamais pensé que quelque chose comme ça arriverait à mon père“, a déclaré Mackenson Cange, soulignant qu’il vivait dans cette communauté depuis 29 ans.”Mon père a été assassiné. Poignardé puis brûlé« .
Il a admis connaître personnellement une trentaine d’autres personnes tuées. Sa mère et sa sœur, qui vivaient avec son père, ont survécu. “J’ai perdu mon meilleur ami, quelqu’un qui m’a soutenu toute ma vie« .
La zone contrôlée par les gangs, comme beaucoup d’autres, reste inaccessible à la police et aux autres autorités. Même si le gouvernement s’est engagé à traduire les responsables en justice, la manière dont il compte le faire n’est pas claire.
“Une ligne rouge a été franchie et l’État mobilisera toutes ses forces pour traquer et détruire ces criminels.», a indiqué lundi le gouvernement dans un communiqué.
Plus de 4 500 personnes auraient été tuées cette année en Haïti.