L’invité –
De partenaire clé, la France devient l’intrus
Une réaction aux congés accordés par le Tchad aux militaires français.
Cédric Leboussi, responsable R&D au magazine web vudailleurs.ch
Publié aujourd’hui à 7h15
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Il s’agit d’une déroute diplomatique sans précédent. L’expulsion de la France par plusieurs pays africains n’est pas seulement un camouflet, c’est une débâcle, une humiliation historique qui met en lumière l’échec flagrant de la politique étrangère française. Dès lors, une question se pose : comment a-t-on pu, en si peu de -, passer du statut de partenaire incontournable à celui d’intrus détesté ? La réponse, aussi cinglante qu’évidente, peut se résumer en trois mots : arrogance, incompétence et incapacité à lire les dynamiques du monde contemporain.
Tout d’abord, il faut admettre que ce rejet ne vient pas du ciel. Ce n’est pas le résultat d’une soudaine vague de populisme africain. Il s’agit au contraire d’un phénomène inscrit dans le -, conséquence directe de décennies de mépris institutionnel et d’une politique étrangère figée dans des schémas néocoloniaux.
Ainsi, la France a longtemps traité ses relations avec l’Afrique comme un héritage immuable, croyant à tort que quelques contrats lucratifs et interventions militaires suffiraient à préserver son influence. Résultat? Nous avons semé la méfiance et aujourd’hui nous récoltons le rejet.
-Par ailleurs, les dirigeants de ce pays ont sous-estimé l’aspiration légitime des pays africains à reprendre le contrôle de leurs affaires. Ils ont ignoré les signaux d’alarme répétitifs : révoltes populaires, critiques acerbes du franc CFA ou encore émergence de nouveaux partenaires comme la Chine et la Russie. Pire encore, ils ont persisté dans une posture paternaliste qui a fini par exaspérer même les plus modérés.
Pour la France, cette baisse représente un double échec. D’un côté, elle se complaît dans des discours grandiloquents sur sa « vocation universelle », tout en perdant pied sur une scène internationale de plus en plus compétitive. En revanche, elle laisse son image se dégrader faute de stratégie cohérente et de vision à long terme.
Où sont les innovations dans la politique africaine ? Où est la volonté de construire des partenariats équitables ? En réalité, au lieu de s’attaquer aux racines des problèmes, la France persiste dans des demi-mesures et des opérations militaires coûteuses, qui ne font qu’amplifier son rôle d’acteur d’instabilité. Enfin, cet échec repose sur une classe politique française profondément déconnectée des réalités locales. Trop souvent, ses représentants se contentent de réciter les mêmes éléments de langage sur la « coopération » et l’« amitié entre les peuples », tout en imposant des conditions favorables aux seuls intérêts français. Une telle hypocrisie n’a plus cours.
Pendant ce -, les adversaires, qu’ils soient étatiques ou non, font de grands progrès. Ils comprennent que le soft power, l’écoute et les investissements dans des secteurs clés comme l’éducation ou la technologie sont bien plus efficaces que les accords imposés par la force ou la supercherie. Une Afrique sans la France, à qui profite ?
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