Financer la transition | Une opacité inquiétante

Financer la transition | Une opacité inquiétante
Financer la transition | Une opacité inquiétante

Mettre en place une nouvelle administration coûte cher. C’est pourquoi le gouvernement américain alloue quelque 7 millions de dollars à l’équipe de transition du président élu. Mais cet argent est assorti de conditions, et pour l’instant, Donald Trump refuse de s’y conformer. Préférant avoir carte blanche avec les dons privés, dans une période cruciale pour la future administration.

« Organiser une transition soulève des questions de conflits d’intérêts et met au premier plan toutes les préoccupations des gens concernant l’influence de l’argent en politique », note Heath Brown, professeur agrégé de politique publique à la City University of New York – John Jay College of. Justice pénale.

Pour cette raison, le Congrès a adopté en 1963 la Loi sur la transition présidentielleun ensemble de règles pour régir la transition d’une présidence à l’autre, affinées au fil des décennies. Il prévoit notamment un engagement de chaque candidat à la présidentielle, avant même les élections, d’éviter les conflits d’intérêts une fois élu – ce que Donald Trump n’a pas encore signé, malgré le délai du 1est Octobre 2024.

Transition coûteuse

L’engagement débloque également des fonds fédéraux pour payer la location des bureaux, les salaires du personnel et d’autres coûts afin de faciliter l’installation rapide d’un nouveau gouvernement le 20 janvier, jour de l’investiture. En échange, les dons privés, qui restent courants quel que soit le parti, sont plafonnés à 5 000 dollars par contributeur.

En rompant avec les pratiques passées, l’équipe de Donald Trump a ouvert la porte à des contributions sans aucune limite. La liste des donateurs n’a pas encore été rendue publique, même si un collaborateur du président désigné a déclaré au New York Times qu’il s’y était engagé, après un article sur le financement opaque de la transition, paru dans le journal le 24 novembre.

Face aux préoccupations éthiques soulevées, l’équipe de Donald Trump a également promis de ne pas accepter d’argent de l’étranger, même si cela est techniquement possible ; les règles du fonds de transition sont moins strictes que celles entourant le financement des campagnes électorales.

Malgré tout, des inquiétudes demeurent.

Période cruciale

“La période de transition est incroyablement importante, peut-être les 10 ou 11 semaines les plus importantes de toute la présidence, car des centaines et des centaines de décisions importantes sont prises pendant cette période”, a déclaré M. Brown.

Si une personne cherche à influencer les choix de l’administration, pour son recrutement ou ses politiques futures, c’est le meilleur moment, ajoute Heath Brown.

“Il y a beaucoup de postes vacants avec une nouvelle administration, et si vous êtes un donateur majeur ou si vous avez collecté des contributions, vous savez que cela vous donne un coup de pouce”, a déclaré Brendan Glavin, directeur de recherche de l’organisation OpenSecrets. Par exemple, pour un poste d’ambassadeur, une pratique courante, quel que soit le parti de l’administration, ajoute-t-il.

La nomination cette semaine du milliardaire Warren Stephens, grand donateur de Donald Trump, au poste d’ambassadeur au Royaume-Uni n’est donc pas particulièrement surprenante.

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Influence et accès

Souvent, l’accès direct au président élu et à son équipe est recherché par le biais d’importantes contributions financières. D’autant que les réunions pendant la période de transition sont plus informelles, exemptées des procédures liées à la présidence, comme l’archivage des notes.

S’il n’est pas légal de monétiser directement une modification d’une loi en échange d’une contribution financière, il n’est pas interdit aux donateurs d’exprimer une opinion.

“Cela peut paraître contre-intuitif, mais souvent les gens veulent être entendus par le président, mais ce qu’ils veulent surtout, c’est que l’administration ne fasse… rien”, explique Robin Kolodny, professeur de sciences politiques à l’université Temple de Philadelphie.

Le co-auteur d’un ouvrage sur le financement des campagnes politiques américaines donne l’exemple des investisseurs en cryptomonnaies, actifs dans la campagne de Donald Trump, et pour qui un statu quo – sans un nouveau cadre réglementaire plus contraignant – serait idéal.

L’argent ne garantit pas nécessairement l’influence. « Si celui qui a donné le plus pouvait dire au président quoi faire, on verrait des gens de gauche donner à Donald Trump pour un nouveau pacte vert », illustre-t-elle. Les donateurs s’associent plutôt à des administrations partageant les mêmes idées.

Le but de l’influence n’est pas de faire changer d’avis quelqu’un, mais plutôt de faire de vous une priorité, ou de ne pas faire d’une priorité ce que vous ne voulez pas qu’il soit une priorité.

Robin Kolodny, professeur de sciences politiques à l’Université Temple

On ne sait pas encore exactement combien d’argent l’équipe de transition a collecté ni quel niveau de transparence elle acceptera.

En 2016, Donald Trump a accepté de signer l’accord et de révéler les dépenses de transition, avec 6,5 millions de dollars reçus en dons et 2,4 millions de dollars accordés par le gouvernement fédéral. Mais le coût du loyer, de 258 000 dollars, avait suscité des interrogations, le président élu ayant utilisé des bureaux dans la Trump Tower…

Avec le New York Times

 
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