L’Espagne va régulariser les sans-papiers pour raisons économiques

L’Espagne va régulariser les sans-papiers pour raisons économiques
L’Espagne va régulariser les sans-papiers pour raisons économiques

À contre-courant des politiques européennes, l’Espagne a voté pour une réforme visant à régulariser en masse les sans-papiers. Entre augmentation du nombre de contribuables et pénurie de main d’œuvre, des arguments économiques sont invoqués pour cette réforme qui entrera en vigueur le 20 mai 2025.

En Europe, la tendance est plutôt au ralentissement de l’immigration. Une récente enquête de l’Institut CSA montre que 48% des Français se déclarent désormais favorables à l’arrêt total de l’immigration, soit sept points de plus qu’en 2021.

>> Pour en savoir plus, lisez : Au sommet de Bruxelles, les 27 veulent durcir le ton sur l’immigration et L’UE adopte définitivement un pacte migratoire, avec des conséquences pour la Suisse

Mais le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez n’est pas d’accord. « L’Espagne doit choisir entre un pays ouvert et prospère ou un pays fermé et pauvre. Nous, Espagnols, nous sommes les enfants de l’immigration, nous ne serons pas les parents de la xénophobie», résumait-il début octobre à la tribune du Congrès des députés.

La réforme a été publié au bulletin officiel le 22 novembre, après son adoption par le gouvernement, et entrera en vigueur le 20 mai 2025.

Les migrants sans papiers ne peuvent pas payer d’impôts ni cotiser à la sécurité sociale

Gonzalo Fanjul, militant contre la pauvreté et directeur de recherche à la Fondation Por Causa

Arguments économiques

Le socialiste souhaite ainsi réduire les délais d’obtention des papiers de trois à deux ans, ce qui pourrait permettre de régulariser quelque 300 000 immigrés chaque année au cours des trois prochaines années. C’est le nombre d’immigrés dont le pays a besoin pour maintenir son niveau de vie et sa croissance (entre 2,7 et 2 % prévus pour 2024), qui compte parmi les plus élevés de l’Union européenne.

Chaque sans-papiers régularisé rapporterait environ 3 500 euros net par an

Gonzalo Fanjul, militant contre la pauvreté et directeur de recherche à la Fondation Por Causa

Gonzalo Fanjul, militant anti-pauvreté et directeur de recherche à la Fondation Por Causa, met l’accent sur l’argument économique : « Les migrants sans papiers ne peuvent pas payer d’impôts et ne peuvent pas cotiser à la sécurité sociale. C’est pour cela que je trouve le système immoral, mais surtout stupide. C’est un système irrationnel, il se tire une balle dans le pied d’un point de vue économique et démographique.

Il estime que « chaque sans-papiers régularisé rapporterait environ 3 500 euros net par an ». La régularisation est donc « économiquement intéressante pour l’État espagnol », souligne-t-il.

Gonzalo Fanjul avance encore l’argument du recrutement : « il y a un problème de main-d’œuvre dans les secteurs de l’agriculture, de l’hôtellerie et des services personnels et il devient structurel ».

D’Amérique Latine

Le continent africain est souvent accusé d’être la principale Source d’immigration irrégulière, mais, selon Gonzalo Fanjul, c’est une idée fausse. « Les flux de migrants sans papiers en provenance d’Afrique constituent moins de 10 % du total », tandis que les migrants d’Amérique latine représentent « environ 80 % » du total, précise-t-il. Il s’agit de personnes qui arrivent légalement à l’aéroport avec un visa touristique, puis restent en Espagne après l’expiration de leur visa et tombent donc dans l’illégalité.»

“Le gouvernement le sait très bien”, assure Gonzalo Fanjul, mais il n’empêche pas ces arrivées car “c’est une population dont l’Espagne a besoin”, assure-t-il.

>> Lire aussi : Le rôle de l’Afrique du Nord dans les routes de l’exil et Forte augmentation des arrivées de migrants clandestins dans les îles espagnoles des Canaries

Valérie Demon/juma

 
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