Elections législatives en France | Le barrage contre l’extrême droite prend forme – .

(Paris) La barrière contre l’extrême droite se dessine mardi en France avant le second tour des législatives, quelque 200 candidats de gauche ou de centre droit s’étant déjà retirés au profit de leurs rivaux pour empêcher le Rassemblement national (RN) d’obtenir la majorité absolue dimanche.


Publié à 07:23

Mise à jour à 10h04



Lucie PEYTERMANN, au service politique de l’AFP

Agence France-Presse

Le dépôt des candidatures, qui sera clôturé à 12 heures (heure de l’Est), permettra d’y voir plus clair dans le second tour de ces élections historiques, déclenchées par la dissolution choc de l’Assemblée nationale le 9 juin par le président Emmanuel Macron.

La plupart des projections de sièges réalisées ces derniers jours indiquent que le RN aura beaucoup de mal à atteindre une majorité absolue de 289 députés, et les analystes privilégient le scénario d’une Assemblée divisée en trois blocs (extrême droite, gauche, centre droit), ce qui pourrait rendre le pays ingouvernable alors que la France se prépare à accueillir les Jeux olympiques.

PHOTO SYLVIE HUSSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Tableau explicatif du mode de scrutin aux élections législatives

L’objectif est d’empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue de 289 députés. Si cela était réalisé, les adversaires du parti d’extrême droite seraient alors confrontés à la tâche complexe de former une majorité ou un gouvernement alternatif capable de diriger la France.

A ce stade, selon un comptage réalisé par l’AFP, 118 membres du Nouveau Front populaire (NFP, gauche) ont choisi de se retirer, ainsi que 78 du camp présidentiel. Auxquels s’ajoutent trois députés rattachés au parti de droite Les Républicains (LR) et un élu sans étiquette, sur un total de plus de 300 courses à trois.

Souvent sans enthousiasme, les désistements de candidats macronistes ou de gauche concernent, dans l’écrasante majorité, des circonscriptions où au moins trois candidats sont qualifiés pour le second tour et où le parti d’extrême droite est en position de l’emporter.

L’objectif est d’empêcher le RN et ses alliés d’obtenir la majorité absolue, ce qui constituerait un événement historique, l’extrême droite n’ayant jamais été au pouvoir en France depuis l’après-Seconde Guerre mondiale.

Le jeune président du RN, Jordan Bardella, a promis le poste de Premier ministre en cas de majorité absolue du RN, dénonçant des « alliances du déshonneur » et appelé les électeurs à lui accorder une majorité absolue « face à la menace existentielle pour la nation française » que représente selon lui la gauche.

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jordan Bardella

Un président affaibli

M. Macron, qui a ouvert la porte à cette vague d’extrême droite en convoquant ces élections anticipées, a déclaré lundi à ses ministres que “pas une voix” ne devait aller au RN.

Une manière de répondre à ceux qui, dans leur majorité et à l’image du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, ont mis dos à dos le RN et La France Insoumise (LFI), le parti de gauche radicale dont certains membres ont été accusés d’avoir flirté avec l’antisémitisme pendant la campagne des européennes.

Mais la voix du président français ne semble plus porter dans son propre camp, qui a essuyé une cuisante défaite dimanche au premier tour, se retrouvant relégué en troisième position loin derrière le RN et la gauche.

Le chef de l’Etat, attendu au sommet de l’Otan à Washington la semaine prochaine juste après le scrutin, est également fragilisé sur la scène internationale, qui scrute le résultat de dimanche avec attention ou inquiétude.

Mardi, un choc verbal s’est produit entre la figure de proue de l’extrême droite, Marine Le Pen, et la présidence française.

Ancien double finaliste à l’élection présidentielle face à M. Macron, Mmoi Marine Le Pen a mis en garde contre un possible « coup d’Etat administratif » du camp présidentiel, accusé de vouloir procéder à une vague de nominations avant une éventuelle cohabitation, notamment à la tête de la police et de la gendarmerie.

En réponse, l’Élysée l’a appelée à faire preuve de « sang-froid » et de « modération ».

Une coalition ?

Si le RN ne parvenait pas à gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR (droite républicaine) pourraient tenter de former une « grande coalition », courante dans d’autres pays européens, mais étrangère aux traditions politiques françaises.

Le Premier ministre Gabriel Attal a ainsi espéré qu’une « assemblée plurielle » sortirait des urnes, le LR Xavier Bertrand parlant de « gouvernement de renouveau national ».

PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Gabriel Attal

« Beaucoup de ceux qui hier étaient farouchement dans l’opposition réfléchissent », a assuré le centriste et macroniste François Bayrou.

Mais un représentant de la gauche radicale, Manuel Bompard, a exclu que LFI participe à une telle coalition. « Les Insoumis ne gouverneront que pour mettre en œuvre leur programme, rien que le programme, mais tout le programme », a-t-il affirmé.

 
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