(Copenhague) La Suède a lancé lundi une nouvelle loi révolutionnaire qui permet aux grands-parents de bénéficier d’un congé parental rémunéré pour s’occuper de leurs petits-enfants pendant les trois premiers mois de leur vie.
Publié hier à 17h59
Jan M. Olsen
Presse associée
Cette décision intervient après que le Parlement suédois, le Riksdag (chambre basse du parlement suédois), qui compte 349 sièges, a approuvé en décembre dernier la proposition du gouvernement de transférer l’allocation parentale. Cette décision intervient 50 ans après que le pays scandinave est devenu le premier au monde à offrir un congé parental rémunéré aux pères, et pas seulement aux mères.
La loi prévoit que les parents peuvent transférer une partie de leur généreuse allocation de congé parental aux grands-parents de l’enfant. Un couple de parents peut transférer jusqu’à 45 jours, tandis qu’un parent seul peut transférer 90 jours, selon l’agence gouvernementale qui gère le système d’assurance sociale.
Ce pays scandinave de 10 millions d’habitants, connu pour son système de protection sociale financé par les contribuables, a bâti au fil des générations une société où les citoyens sont pris en charge du berceau à la tombe.
En Suède, il est permis de prendre un congé parental complet à la naissance d’un enfant. L’allocation parentale est versée pendant 480 jours, soit environ 16 mois, par enfant. Sur ces 390 jours, l’indemnité est calculée sur la base du revenu total de la personne, tandis que pour les 90 jours restants, les personnes reçoivent un montant fixe de 180 couronnes (environ 23 dollars canadiens) par jour.
En Suède, les parents bénéficient également d’autres avantages : ils peuvent travailler à temps réduit jusqu’à ce que leur enfant ait huit ans, tandis que les employés du gouvernement peuvent bénéficier de ces horaires réduits jusqu’à ce que leur enfant ait 12 ans.
Conditions
Alexandra Wallin, de l’Agence suédoise de sécurité sociale, a déclaré à la chaîne de télévision suédoise SVT que la nouvelle loi « offrira de plus grandes opportunités ».
Toutefois, les règles pour les grands-parents, a-t-elle expliqué, sont les mêmes que pour l’allocation parentale ordinaire et exigent qu’une personne soit assurée pour l’allocation parentale, ce qui est le cas pour la plupart des Suédois.
L’allocation parentale est soumise à certaines conditions : le retraité peut également prendre un congé parental, auquel cas l’indemnité est calculée sur la base de sa pension. Il est interdit de chercher du travail ou d’étudier pendant la période où il perçoit l’allocation parentale.
En 1974, la Suède a remplacé le congé de maternité par un congé parental pour les deux parents. À l’époque, l’assurance parentale permettait aux parents de prendre six mois de congé pour chaque enfant, chacun des parents ayant droit à la moitié de ces jours.
Cependant, selon l’Agence de sécurité sociale, après cette décision, les pères n’ont pris que 0,5% de leur congé parental rémunéré. Aujourd’hui, les pères suédois prennent environ 30% de leur congé parental rémunéré, selon l’agence.
Les États-Unis, un cancre en matière de congé parental
En revanche, les États-Unis sont l’un des rares pays – et le seul pays industrialisé – à ne pas avoir de politique nationale de congé maternité rémunéré. La loi sur le congé familial et médical accorde aux travailleuses américaines éligibles jusqu’à 12 semaines de congé par an, sans rémunération, sans protection de l’emploi.
« Nous n’avons pas droit à un congé parental payé au niveau fédéral ou au niveau des États », a déclaré Vicki Shabo, qui étudie et défend les programmes de congés familiaux et médicaux payés aux États-Unis au sein du groupe de réflexion New America, basé à Washington.
Des programmes de congés parentaux rémunérés ont été mis en place dans 13 États et dans le District de Columbia, même si le congé parental offert dans ces États est généralement d’environ trois mois, soit une fraction des prestations suédoises. En mars dernier, seulement environ un quart des travailleurs civils aux États-Unis bénéficiaient d’un congé parental rémunéré, selon l’Agence américaine des statistiques du travail.
Même dans les États qui offrent un congé payé pour créer des liens avec un nouvel enfant, ce temps n’est pas transférable aux grands-parents, à moins qu’ils n’agissent en tant que parent de l’enfant, a déclaré Jared Make, vice-président de l’organisation de défense des droits à but non lucratif A Better Balance.
« Les familles s’étendent souvent au-delà de la famille nucléaire », a déclaré Make. « Des exemples comme celui de la Suède montrent à quel point les États-Unis sont en retard. Nous avons beaucoup de travail à faire pour rattraper le reste du monde industrialisé. »
