Cette offensive met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest de la Syrie.
Une percée éclair. Les jihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle de la moitié d’Alep, la deuxième ville de Syrie, après deux jours d’offensive rapide contre les forces gouvernementales, a indiqué samedi une ONG.
« La moitié de la ville d’Alep est désormais sous le contrôle (du groupe jihadiste) Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et de factions alliées »a déclaré à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Les djihadistes et leurs alliés atteignent la citadelle historique d’Alep après le retrait des forces du régime syrien «sans combat» lors de cette dernière phase, a indiqué le directeur de l’ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
Les combattants djihadistes sont entrés vendredi à Alep après deux jours d’offensive qui ont mis fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest de la Syrie.
227 morts
Ces combats ont fait au moins 277 morts, selon un bilan donné plus tôt par l’OSDH, et sont les plus violents depuis 2020 dans la région, où la province d’Alep, en grande partie tenue par le régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand conflit. bastion rebelle et djihadiste d’Idlib.
Les rebelles ont également pris le contrôle de la ville stratégique de Saraqeb, au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et Lattaquié, selon l’ONG.
Raids intensifs
Vendredi, deux témoins ont affirmé à l’AFP avoir aperçu des hommes armés à Alep et ont fait état de scènes de panique dans la grande ville du nord. Un correspondant de l’AFP à Alep a fait état d’affrontements entre les assaillants et les forces syriennes et les groupes qui les soutiennent.
Selon l’OSDH, le groupe jihadiste HTS et des groupes alliés, certains proches de la Turquie, ont atteint vendredi les portes de la ville après «deux attentats suicides à la voiture piégée». Ils ont ensuite progressivement pris le contrôle d’un nombre croissant de quartiers, indique cette Source.
L’armée syrienne, qui a déployé des renforts à Alep, selon un responsable sécuritaire, a assuré avoir repoussé « la grande offensive des groupes terroristes » et regagne plusieurs positions.
L’armée russe a annoncé que son armée de l’air bombardait des groupes « extrémistes » en Syrie, en soutien aux forces du régime, selon les agences russes. L’armée de l’air syrienne a également lancé des raids intensifs sur la région d’Idlib, a indiqué l’OSDH.
Roquettes et obus
Au cours de la guerre civile qui a éclaté en 2011, qui a fait plus d’un demi-million de morts et des millions de déplacés, HTS, dominé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, a pris le contrôle de pans entiers de la province d’Idlib et des territoires voisins dans les régions de Alep, Hama et Lattaquié.
Le régime syrien a repris le contrôle d’une grande partie du pays en 2015 avec le soutien de ses alliés russe et iranien. Ses forces, appuyées par l’aviation russe, ont repris la partie orientale d’Alep aux insurgés en 2016, après des bombardements dévastateurs.
Le nord de la Syrie a bénéficié ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020.
La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.
L’offensive a permis aux jihadistes de conquérir depuis mercredi environ 70 localités, dont une vingtaine vendredi, dont Saraqeb, selon l’OSDH.
« Pour la première fois depuis presque cinq ans, on entend tout le temps des roquettes et des obus d’artillerie, et parfois des avions »a décrit Sarmad, un habitant de 51 ans joint par téléphone par l’AFP. « Nous avons peur que le scénario de guerre se répète et que nous soyons contraints de fuir nos foyers ».
Soutien de l’Iran
Sans pouvoir expliquer la rapidité de l’avancée des jihadistes, Rami Abdel Rahmane se demande si les troupes du régime d’Assad « dépendaient du Hezbollah, actuellement occupé au Liban ». Le Hezbollah, groupe libanais pro-iranien allié à Damas, a été fortement affaibli par la guerre avec Israël au Liban, stoppée mercredi par un cessez-le-feu.
Un autre allié fidèle de la Syrie, l’Iran, a réitéré sa « un soutien continu » dans le pays, où il s’est engagé militairement pour soutenir le président Assad pendant la guerre civile.
Le Kremlin a appelé vendredi les autorités syriennes à « remettre les choses en ordre le plus vite possible » à Alep.
Le chef de “gouvernement” L’autoproclamé à Idlib, Mohammad al-Bashir, a justifié jeudi l’offensive en accusant le régime d’avoir « a commencé à bombarder des zones civiles, provoquant l’exode de dizaines de milliers de civils ».
Selon le Bureau des Affaires Humanitaires de l’ONU (Ocha), les violences ont déplacé « plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants ».