Lors de la guerre civile qui a éclaté en 2011, les forces du régime, appuyées par l’aviation russe, ont repris la partie orientale d’Alep aux insurgés en 2016, grâce à des bombardements dévastateurs.
« Nous avons peur que le scénario de guerre se répète »
Des habitants d’Alep, contactés par téléphone par l’AFP, ont exprimé leur inquiétude. “Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons tout le temps des roquettes et des obus d’artillerie, et parfois des avions”, a déclaré Sarmad, un homme de 51 ans. « Nous craignons que le scénario de guerre ne se reproduise et que nous soyons contraints de fuir nos foyers. »
L’OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni qui prétend disposer d’un vaste réseau de sources en Syrie, a fait état de 24 civils tués au total, dont 19 dans des frappes aériennes russes sur des zones rebelles. Un correspondant de l’AFP côté rebelle a fait état d’intenses combats autour d’Alep. Il a déclaré avoir vu les assaillants dans une ville à sept kilomètres d’Alep, avancer avec des véhicules blindés. Les combattants prétendaient recevoir des ordres d’une salle d’opérations commune.
« Dépendant du Hezbollah ?
Les combattants ont bombardé Alep pour la première fois depuis quatre ans, ciblant le campus universitaire où quatre civils ont été tués, selon l’agence officielle Sana. De son côté, l’OSDH a indiqué que « des obus d’artillerie ont visé une résidence universitaire ». « Il est étrange de voir les forces du régime recevoir de tels coups malgré la couverture aérienne russe (…) Les forces du régime étaient-elles dépendantes du Hezbollah, actuellement occupé au Liban ? » a demandé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Un général des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, a été tué jeudi dans les combats, a rapporté une agence de presse iranienne. Grâce à la guerre, HTS, dominé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, avait pris le contrôle de pans entiers de la province d’Idleb, mais aussi de territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié.
Selon l’OSDH, les combats ont atteint vendredi la ville stratégique de Saraqeb, tenue par le régime et située au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes.
Plus de 14 000 déplacés
L’armée de l’air russe a intensifié ses frappes aériennes, selon cette Source. Le Kremlin a appelé vendredi les autorités syriennes à “ramener l’ordre le plus rapidement possible” à Alep. Lors d’une conférence de presse, le chef du « gouvernement » autoproclamé d’Idlib, Mohammad al-Bashir, a justifié jeudi l’offensive en affirmant que le régime avait « commencé à bombarder des zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils ».
Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a indiqué que « plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont été déplacées » par les violences. Le nord de la Syrie a bénéficié ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020. La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.