En 2024, la date symbolique à laquelle les Québécoises commencent à travailler « gratuitement » jusqu’à la fin de l’année est le 29 novembre, une légère augmentation par rapport à l’année dernière, selon les calculs de l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS). .
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Les femmes recevront évidemment leur salaire de manière régulière d’ici la fin de l’année. Dire qu’ils travaillent gratuitement est une façon d’illustrer l’écart salarial entre les hommes et les femmes qui demeure au Québec.
En 2023, les femmes gagnaient en moyenne 30,86 dollars de l’heure. Cela équivaut à 91 % du salaire horaire de leurs homologues masculins, qui s’élevait à 33,84 $, selon les plus récentes données de l’Institut de le tourisme du Québec.
IRIS utilise le salaire horaire plutôt que le salaire annuel pour déterminer la date symbolique afin d’éviter que la surreprésentation des femmes dans les emplois à temps partiel n’influence les données.
L’écart salarial entre les hommes et les femmes est encore plus large sur la base du salaire annuel, indique l’institut de recherche. Les Québécoises gagnent un revenu annuel qui représente 78 % de celui de leurs collègues masculins.
L’écart salarial stagne
La date à laquelle les femmes commencent à travailler « gratuitement » a relativement stagné ces dernières années. En 2023, elle était fixée au 25 novembre ; en 2022, c’était le 27 novembre, en 2021 le 1er décembre – une anomalie provoquée par la pandémie, note l’IRIS.
« Depuis deux décennies, nous assistons à une lente évolution vers une réduction de l’écart salarial. Nous comprenons pourquoi il y a eu des progrès, mais [la stagnation] ces dernières années est difficile à justifier», explique Anne Plourde, chercheuse à l’IRIS.
L’adoption du Loi sur l’équité salariale En 1996, le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) et la création du réseau de garderies subventionnées comptent parmi les politiques qui ont permis au Québec d’afficher un écart salarial plus faible par rapport au reste du Canada.
En 2022, cela s’élevait à 13 % en Ontario, contre 9 % au Québec.
Cependant, Anne Plourde juge quand même qu’on « aurait pu aller plus loin » pour atteindre l’équité et que la province montre même « certains reculs, notamment sur l’accès aux services de garde ».
Pour elle, la solution passe principalement par la création de nouvelles places en garderie subventionnée.
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Le gouvernement de François Legault a également promis de créer 37 000 places subventionnées d’ici 2025. Au 30 août, 25 000 places avaient été créées. Quelque 34 000 enfants sont toujours sur la liste d’attente.
La menace des « mâles alpha »
La montée du phénomène des « mâles alpha », qui prône un retour des femmes au foyer, pourrait avoir un « effet régressif sur l’écart salarial », à condition que la tendance prenne une plus grande ampleur, estime Anne Plourde.
« Une chose qui explique les différences de rémunération entre les hommes et les femmes est le fait que les femmes sont souvent les principales responsables du travail domestique. Ils sont donc moins disponibles pour évoluer dans leur carrière et ont moins de chances de se retrouver dans des postes de direction mieux rémunérés », explique le chercheur.