Un haut responsable militaire chinois a été démis de ses fonctions, soupçonné de « graves violations disciplinaires », ont annoncé jeudi les autorités, dernier exemple en date d’une vaste campagne de répression de la corruption au sein des forces armées.
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Le Parti communiste chinois “a décidé de suspendre Miao Hua de ses fonctions dans l’attente d’une enquête”, a déclaré Wu Qian, porte-parole du ministère chinois de la Défense, lors d’une conférence de presse.
Les charges retenues contre Miao Hua, membre de la puissante Commission militaire centrale réputée proche du président Xi Jinping, n’ont pas été précisées. Mais « violation grave de la discipline » est un euphémisme régulièrement utilisé par les dirigeants chinois pour désigner des actes de corruption.
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le président chinois Xi Jinping a mené une vaste campagne anti-corruption, qui s’est étendue à l’armée. Si ses partisans y voient un outil de bonne gouvernance, ses détracteurs jugent qu’il sert à éliminer ses rivaux sur le plan politique.
Depuis l’été 2023, près de 20 responsables militaires et industriels de défense ont été limogés, dont les deux derniers ministres de la Défense.
Mercredi, le journal britannique « Financial Times » a même affirmé que le ministre chinois de la Défense Dong Jun avait lui-même été démis de ses fonctions en raison d’une enquête pour corruption, après le limogeage de ses deux prédécesseurs. pour des faits similaires.
Le porte-parole de l’armée a démenti ces informations, les qualifiant de « pures inventions ».
« Ces propageurs de rumeurs sont mal intentionnés. La Chine exprime son profond mécontentement face à ce comportement diffamatoire », a fustigé Wu Qian.
“Les deux affaires ne sont pas forcément liées”, mais elles illustrent “la persistance et la résilience des problèmes de corruption et de discipline” dans l’armée malgré “les efforts considérables déployés par Xi Jinping”, affirme à l’AFP Dylan Loh, professeur adjoint à Nanyang Technological. Université.
Une concurrence « féroce »
Selon des responsables américains cités par Bloomberg, l’intensité de cette campagne est en partie motivée par la crainte que cette corruption n’affecte la capacité de la Chine à mener une potentielle guerre.
Lors d’un examen des unités de l’armée de l’air dans la province centrale du Hubei au début du mois, le président chinois Xi Jinping a appelé à éliminer la corruption et à « renforcer la préparation aux combats ».
Ces licenciements successifs interviennent dans un contexte d’intensification de la pression militaire chinoise sur Taïwan et autour des territoires qu’elle revendique en mer de Chine méridionale.
Jeudi encore, la Chine a promis d'”écraser résolument” toute tentative d’indépendance de Taiwan, qui échappe au contrôle du Parti communiste.
Les analystes affirment que la corruption au sein de l’armée pourrait remettre en question le niveau de préparation au combat de l’armée chinoise.
“La corruption au sein de l’armée chinoise soulève à juste titre des questions sur sa capacité à atteindre ses objectifs militaires et à achever le “grand rajeunissement” souhaité par Xi Jinping”, a déclaré à l’AFP Heather Williams, du Centre d’études stratégiques. et international, un groupe de réflexion américain.
Mais selon Victor Shih, homme politique et expert de l’élite dirigeante chinoise, « la concurrence pour les postes les plus élevés est si féroce qu’il pourrait y avoir des reproches mutuels entre officiers, conduisant à des cycles sans fin d’arrestations, de nouvelles nominations et d’accusations.