pro-russe, eurosceptique, « vengeur envoyé par Dieu »… Cinq choses à savoir sur Calin Georgescu, le candidat arrivé premier au premier tour

pro-russe, eurosceptique, « vengeur envoyé par Dieu »… Cinq choses à savoir sur Calin Georgescu, le candidat arrivé premier au premier tour
pro-russe, eurosceptique, « vengeur envoyé par Dieu »… Cinq choses à savoir sur Calin Georgescu, le candidat arrivé premier au premier tour

Le candidat indépendant a créé la surprise en prenant la tête des votes à l’issue du premier tour organisé dimanche. Le Premier ministre europhile, Marcel Ciolacu, bien que favori dans les sondages, ne sera même pas en lice pour la seconde place.

Peu connu du grand public, ignoré des sondages, le candidat pro-russe Calin Georgescu a créé la surprise lundi 25 novembre. arrivant en tête, avec 22,94% des voix, lors du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie. « Ce soir, le peuple roumain a crié à la paix. Et ils ont crié très fort »a réagi le candidat, connu pour ses positions critique de l’OTAN. Cette percée a fait l’effet d’un séisme en Roumanie, pays jusqu’alors épargné par les vagues nationalistes. Calin Georgescu, qui a mené sa campagne sur le réseau social TikTok, a notamment fait des promesses sur la fin de l’aide à l’Ukraine, tandis que les deux pays partagent une frontière de près de 650 kilomètres.

Le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, éliminé de l’élection présidentielle, a annoncé qu’il ne le ferait pas. “je ne discuterais pas” les résultats, « même si la différence est faible », et a annoncé sa démission de la tête du Parti social-démocrate. Favoris dans les sondages, il est arrivé troisième dès le premier tour dimanche avec 19,15% des suffrages, derrière la centriste Elena Lasconi (19,17%). Le candidat ultranationaliste affrontera le8 décembre, date du second tour. Celle-ci pourrait bénéficier d’un nouveau soutien de l’extrême droite, représentée par George Simion et son parti Alliance pour l’unification des Roumains (AUR), exclus de la course après avoir recueilli 14% des voix. Même si la fonction présidentielle roumaine est essentiellement cérémonielle, si Calin Georgescu est élu, il aura le pouvoir de décision sur les candidats des partis au poste de Premier ministre et sur les candidats du gouvernement aux postes judiciaires. Rhétorique populiste, euroscepticisme… franceinfo vous présente cinq choses à savoir sur Calin Georgescu.

1 Un candidat pro-russe

Bien qu’il ait toujours refusé d’affirmer explicitement son soutien à la Russie, Calin Georgescu se décrit comme un « proche de la culture russe ». Le candidat indépendant de 62 ans évoque Vladimir Poutine comme “un homme qui aime son pays” et admirer le liens entre le Kremlin et la Hongrie.

Critique de l’Union européenne et de l’OTAN, qu’il accuse de porter atteinte à la souveraineté nationale, il a préconisé durant sa campagne la cessation de l’aide à l’Ukraine. Il soutient également que l’invasion russe est manipulée par des sociétés militaires américaines, rapporte Politique. Dans une autre interview rapportée par Reuters, il a déclaré que la meilleure chance diplomatique de la Roumanie résidait dans « La sagesse russe ».

En 2022, Calin Georgescu a estimé, lors d’un entretien sur la chaîne roumaine télé-réalité, que le bouclier antimissile américain situé dans le village de Deveselu, dans le sud de la Roumanie, était une politique de confrontation et non une mesure pacifique. En 2021, il l’a appelé de « honte diplomatique », selon Reuters. Si ses positions sont partagées par le Kremlin, ce dernier a néanmoins assuré Lundi “ne sachant pas bien” Calin Georgescu, rapporte l’AFP.

2 Un ultranationaliste désapprouvé par un parti d’extrême droite

Le parti d’extrême droite AUR a soutenu à deux reprises Calin Georgescu comme Premier ministre, en 2020 et 2021, rapporte EuroNews. Une collaboration qui s’est arrêtée après que le parti ait critiqué sa position pro-russe et anti-OTAN, explique le Tuteur.

Nostalgique de ce qu’il appelle « Grandeur roumaine »l’ultranationaliste a également fait l’éloge d’anciennes figures du fascisme dans le pays, qualifiant notamment Ion Antonescu, chef de l’Etat roumain pendant la Seconde Guerre mondiale condamné pour son rôle dans la Shoah, ainsi que Corneliu Zelea Codreanu, fondateur de la Garde de Fer, comme « héros de la nation »rapporte Reuters. En 2020, le parquet général a ouvert une procédure pénale contre lui pour promotion “personnes coupables de génocide”, explique EuroNews. Sous la pression, l’AUR s’est une nouvelle fois désolidarisée de Calin Georgescu. Mais depuis les résultats du premier tour, le parti semble être revenu sur cette position. George Simion, candidat à la sortie de l’AUR, a a salué la victoire de Calin Georgescu, invitant ses 1,3 millions d’électeurs à le soutenir, rapporte la BBC.

3 Une figure de la politique environnementale roumaine

Durant sa campagne, Calin Georgescu a axé une partie de ses promesses sur le développement rural et la souveraineté alimentaire. Il souhaite notamment renforcer le soutien aux agriculteurs roumains, pour amorcer la réduction de la dépendance de Bucarest à l’égard de l’énergie et des importations, selon l’Associated Press. Une spécialité qui a marqué sa carrière politique. Après une carrière à l’Institut national de recherche et de développement, où il a travaillé sur les questions d’érosion des sols, Calin Georgescu entre en politique dans les années 1990.

Alors conseiller du ministre de l’Environnement, Marcian Bleahu, le nationaliste devient secrétaire général du ministère entre 1997 et 1998. L’année suivante, sa carrière prend une dimension internationale lorsqu’il représente la Roumanie aux Nations Unies sur les questions environnementales. Une période durant laquelle il a également coordonné la Stratégie nationale de développement durable, alignée sur les objectifs européens. Consolidant son rôle dans l’élaboration des politiques publiques en matière d’écologie et d’agriculture, entre 2000 et 2013, selon le Roumanie InsiderCalin Georgescu dirige le Centre national pour le développement durable en Roumanie, avant d’être directeur exécutif de l’Institut de l’indice de durabilité mondiale des Nations Unies entre 2015 et 2016, rapporte le Tuteur.

4 Une campagne réalisée sur TikTok

Faisant fi des plateaux de télévision traditionnels, Calin Georgescu bouscule les codes d’une campagne politique classique en investissant dans TikTok. Figure incontournable des pages roumaines du réseau social, l’ancien haut responsable pro-russe a su captiver 277 000 followers et, à la mi-novembre, cumulé plus de 92,8 millions de vues, avec un bond de 52 millions la semaine précédant la première. tour d’élections, selon le groupe de réflexion Expert Forum, interrogé par Associated Press, qui juge cette pprogression météorique soudain et artificiel. « Internet est le seul espace de liberté d’expression »a déclaré le candidat d’extrême droite dans une vidéo récente, traduite par l’AFP.

Pour Cristian Andrei, consultant politique basé à Bucarest cité par 24ce succès électoral représente une réponse à « une classe politique déconnectée »incapable d’utiliser efficacement les nouvelles plateformes. Pour Madalina Voinea, membre du Forum Expert interrogée par AP, « Il est urgent que TikTok fasse la lumière sur ce qui se passe en Roumanie. »

5 Il se décrit comme « un vengeur envoyé par Dieu »

Durant sa campagne, Calin Georgescu a largement mis en avant sa foi chrétienne. Justificatif l’Église orthodoxe roumaine selon Washington Post, le candidat mélange régulièrement références religieuses et rhétorique nationaliste et se pose en défenseur des valeurs chrétiennes et traditionnelles. Il se présentait notamment comme un « vengeur envoyé par Dieu pour servir les Roumains »rapporte le New York Timesdécrivant ensuite l’élection comme une véritable “prière pour la nation”, prétendant vouloir donner la parole à « humilié » et à “ceux qui ont l’impression de ne pas compter et qui comptent le plus”.

 
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