Les visages des mathématiques à Genève
Gabriel Cramer (1704-1752) partage avec Jean-Louis Calendrini (1703-1758) titulaire de la chaire de mathématiques de l’Université de Genève lors de sa création. Cramer reste célèbre pour son travail Introduction à l’analyse algébrique des lignes courbes (1750), dans lequel il étudie et classe les courbes en utilisant l’algèbre.
Louis Bertrand (1731–1812) fut l’élève de Leonhard Euler. Son œuvre la plus connue est Développement nouveau de la partie élémentaire des mathématiques prise dans son intégralité, publié en deux volumes à Genève en 1778.
Élève de Louis Bertrand, Simon L’Huilier (1750–1840) remporte le prix de la section de mathématiques de l’Académie des sciences de Berlin pour une thèse sur les principes du calcul infinitésimal. Outre le calcul infinitésimal, ses contributions concernent principalement les probabilités et la construction de polyèdres.
Nommé en 1848, Gabriel Oltramare (1816–1906) occupe la chaire de mathématiques supérieures jusqu’en 1900. Spécialisé dans la théorie des nombres et l’analyse, il se consacre à une théorie qu’il invente et appelle « calcul de généralisation ».
Un an avant de succéder à Oltramare, Henri Fehr (1870–1954) fonde, en 1899, avec Charles-Ange Laisant la revue Enseignement des mathématiques (1899) qu’il dirigea pendant plus de cinquante ans et qui est encore publié aujourd’hui à Genève. Fehr est également co-fondateur de la Société Mathématique Suisse (1910) et a continué, tout au long de sa carrière, à œuvrer pour le bien collectif.
Rolin Wavre (1896–1949) soutient sa thèse à l’Université de Genève en 1921 avant d’y être nommé professeur en 1924. Henri Fehr souligne que son œuvre « dénote d’une rare profondeur d’esprit et d’une extraordinaire puissance d’abstraction ».
Né en Russie, Dmitri Mirimanoff (1861–(1945) s’installe en France à l’âge de 19 ans pour ses études en paroisse, prend des cours auprès de Picard Appell Hermite et Poincaré puis décide de venir à Genève, devient citoyen suisse naturalisé et défend sa thèse en 1900Il enseigne à l’Université l’année suivante (Genève, Lausanne et Fribourg) et jusqu’en 1936, ses travaux couvrent un vaste domaine: les dernières théories de Fermat sur les théories des ensembles, la géométrie, le calcul des probabilités, etc.[1945)settledinFranceattheageof19forhisstudiesInParishetooklessonsfromPicardAppellHermiteandPoincaréThenhedecidedtocometoGenevabecameaSwissnaturalizedcitizenanddefendedhisthesisin1900HetaughtattheUniversitythefollowingyear(GenevaLausanneandFribourg)anduntil1936Hisworkcoveredavastfield:Fermat’slasttheoremantinomiesofsettheorygeometryprobabilitycalculationetc
Georges de Rham (1903–1990) est né à Roche, dans le canton de Vaud. Après des études classiques, il envisage de se consacrer à la philosophie mais opte pour la chimie, la physique et la biologie qu’il abandonne finalement au profit des mathématiques à l’Université de Lausanne. Les résultats contenus dans sa thèse lui confèrent immédiatement une renommée internationale. Il enseigne à l’Université de Genève à partir de 1936. Ses travaux couvrent la topologie, l’analyse fonctionnelle et la géométrie différentielle.
Né en Serbie, Jovan Karamata (1902-1967) fut envoyé par ses parents à Lausanne au début de la Première Guerre mondiale. À la fin de la guerre, il retourne à Belgrade où il obtient son doctorat en 1926, participant à la fondation de l’Institut de mathématiques de l’Académie serbe des sciences. Nommé professeur à l’Université de Genève en 1951, il est l’auteur d’une centaine d’articles et de plusieurs ouvrages consacrés à l’analyse mathématique.
Michel Kervaire (1927–2007) étudie les mathématiques à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, puis réalise sa thèse sous la direction de Heinz Hopf, qu’il soutient en 1955. Il est nommé professeur à l’UNIGE en 1971. Ses collaborations avec John Milnor, ses résultats en algèbre ou combinatoire ainsi que l’étude des nœuds de dimension supérieure dont il est à l’origine comptent parmi les joyaux des mathématiques genevoises.
André Haefliger (1929–2023) étudie les mathématiques à l’Université de Lausanne avec l’idée de devenir enseignant. Il est nommé professeur à l’Université de Genève en 1962. Haefliger contribue considérablement à la réputation de la Section de Mathématiques par ses travaux et son influence sur de nombreux chercheurs. Spécialiste de la topologie et notamment de la théorie des feuilletages, il était également violoniste.
Vaughan Jones est né en décembre 1952 à Gisborne, en Nouvelle-Zélande. Après un doctorat à la Section de Mathématiques de l’Université de Genève sous la direction d’André Haefliger, il reçoit la médaille Fields en 1990 pour ses recherches dans le domaine de la théorie des nœuds, notamment grâce à sa découverte du polynôme de Jones, nœud polynomial invariant.
Stanislav Smirnov est né en 1970 à Leningrad (Russie). Il a été nommé professeur à l’Université de Genève en 2003 et a reçu la médaille Fields en 2010 pour sa preuve de l’invariance conforme du modèle de percolation et du modèle d’Ising en physique statistique.
Martin Coiffeur est né le 14 novembre 1975 à Genève. Il a étudié à l’Université de Genève où il a obtenu un doctorat sous la direction de Jean-Pierre Eckmann. Il est actuellement professeur à l’Imperial College de Londres et à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. En 2014, il a reçu la médaille Fields pour ses travaux sur les équations aux dérivées partielles stochastiques ainsi que sur les processus stochastiques ou processus de Markov.
Hugo Duminil-Copin est né en 1985 à Châtenay-Malabry (France). Il a obtenu son doctorat à la Section de Mathématiques de l’UNIGE sous la direction de Stanislav Smirnov. Il est ensuite engagé à l’Université de Genève comme professeur. Depuis 2016, il est également professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques Paris-Saclay. Ses travaux en physique statistique sur le modèle d’Ising lui ont valu la médaille Fields en 2022.