Plusieurs exemples récents ont démontré l’efficacité de cette procédure. “Une vieille dame s’est fait voler son sac par un jeune homme en scooter. La malheureuse est tombée au sol et a été blessée. Le jeune homme a finalement pu être interpellé. La victime a demandé à la protection de la jeunesse d’organiser une médiation pénale avec son agresseur. Avant l’acte, il n’a vu que le sac sans se soucier de la personne qui le portait. Lors de l’entretien, la dame a demandé si le jeune homme ferait cela à sa grand-mère, ce à quoi il a évidemment répondu par la négative. explique Damien Vandermeersch, magistrat à la Cour de cassation.
Après discussion, il est apparu que le jeune était déscolarisé, avec un manque total d’empathie et qu’il n’avait pas compris la portée de son geste. “La condition de la médiation était qu’il retourne à l’école et passe ses examens. Il a finalement réussi et a pu s’en sortir plutôt que de tomber dans une spirale négative.précise-t-il.
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Comprendre la logique de l’attaquant
Cet exemple est symptomatique du fait que dans le cadre d’une procédure judiciaire, les attentes des victimes ne se limitent pas à une réponse répressive. “Bien souvent, les victimes souhaitent comprendre la logique de l’agresseur qui l’a poussé à commettre son acte. Je suis toujours interpellé par l’immense écart entre la perception des auteurs et celle des victimes. Ce travail de médiation nous permet de le résoudre.ajoute Damien Vandermeersch.
« Le problème de la justice pénale actuelle, c’est que l’agresseur subit toute la procédure judiciaire »
Selon lui, ce concept devrait être davantage mis en œuvre en Belgique. “Le problème de la justice pénale actuelle est que l’agresseur subit toute la procédure judiciaire. Il subit la peine prononcée, il arrive en prison où il vit dans des conditions souvent indignes avec des bâtiments surpeuplés et vétustes. Il se considérera donc comme une victime du système carcéral, mais c’est exactement le contraire qu’il faut faire.» ajoute-t-il. “Cette justice réparatrice permet, surtout si elle intervient tôt dans le parcours criminel de l’auteur, d’obtenir une rémission des actes provoqués en mettant l’accent sur la responsabilité.»
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Des conditions parfois plus dures que des peines de prison
En ce sens, la justice réparatrice peut constituer une alternative crédible à la peine de prison et permettre une libération conditionnelle. “Développer l’empathie est parfois moins confortable que le confinement”poursuit Damien Vandermeersch. “Il est surprenant de constater que de plus en plus de condamnés préfèrent terminer leur peine plutôt que de bénéficier d’une libération conditionnelle. C’est la preuve que les conditions peuvent être plus dures et moins confortables qu’une peine de prison, contrairement aux idées reçues. Nous devons arrêter de croire que les conditions et les peines probatoires sont un cadeau pour la personne condamnée.»