quelles sont leurs revendications ?

Moins d’un an après un mouvement d’ampleur historique et malgré une série de mesures, la mobilisation agricole reprend en et devrait s’accentuer dans les prochains jours. En cause : le sommet du G20 au Brésil, où pourrait être signé le traité de libre-échange avec le Mercosur.

Ils sont prêts à sortir les tracteurs, non par joie mais par épuisement et colère : malgré de nombreuses aides d’urgence et annonces du gouvernement, l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA a appelé à des actions nationales une fois les semailles d’hiver terminés, « dès la mi-2017 ». -Novembre», et notamment la semaine du 18 novembre, pour protester contre une potentielle signature d’un accord avec le Mercosur à l’occasion de l’ouverture du sommet du G20 au Brésil.

La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays, dont certains cadres affichent leur proximité avec l’extrême droite, promet « une révolte agricole » à partir du 19 novembre, avec un « blocus du fret alimentaire ». Quant à la Confédération paysanne, troisième force syndicale, elle prévoit cette semaine des actions contre les « accords de libre-échange » ou « l’accaparement des terres par les entreprises énergétiques ». D’autres problématiques plus locales seront également abordées.

Pas d’accord UE-Mercosur

Les revendications des agriculteurs sont claires : ils ne veulent pas de la signature d’un traité de libre-échange avec le « Mercosur », une alliance économique et politique majeure fondée en 1991 par le traité d’Asunción et qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Le Mercosur est l’un des accords commerciaux les plus importants au monde, avec près de 780 millions de personnes concernées et des volumes d’échanges compris entre 40 et 45 milliards d’euros d’importations et d’exportations.

Le traité de libre-échange avec l’UE prévoit la suppression totale ou partielle, selon les produits, des droits de douane entre l’UE et les pays membres du Mercosur, notamment sur les questions industrielles (véhicules, médicaments, etc.). ) et agricole. Mais aussi d’établir des quotas en dessous desquels les produits sud-américains ne seraient pas taxés : 180 000 tonnes par an pour le sucre, 100 000 tonnes pour la volaille et 99 000 tonnes pour le bœuf. La liste complète comprend également le porc (25 000 tonnes par an) et le riz (60 000 tonnes par an).

En échange, les taxes imposées par le Mercosur sur les produits européens seraient supprimées sur de nombreux produits : vin, chocolat, biscuits, boissons gazeuses ou encore spiritueux. Les produits laitiers ainsi que les fromages produits au sein de l’UE seraient concernés par des « quotas importants » sans taxes. Mais l’opposition de plusieurs pays, dont la France, a bloqué son adoption définitive, défendue en revanche par l’Allemagne. Certains termes de l’accord sont particulièrement fortement rejetés par les agriculteurs français.

Les grands syndicats d’agriculteurs dénoncent la « concurrence déloyale » des grandes exploitations sud-américaines. Les agriculteurs exigent également que les produits importés soient soumis aux mêmes normes que les produits français. Fin 2023, les interprofessionnelles françaises du sucre, des volailles, des céréales et de la viande regrettaient l’absence de « clauses miroir » sur les « normes de production environnementales et sanitaires ». Ces derniers craignent donc que le marché soit inondé de produits ne répondant pas aux normes européennes, comme le maïs OGM ou le « poulet dopé aux antibiotiques ».

GNR, normes environnementales et aléas climatiques

Par ailleurs, les agriculteurs réclament d’autres mesures pour des enjeux plus locaux mais non moins importants. C’est notamment le cas pour la taxation du GNR, pour l’allègement des normes environnementales, pour une meilleure prise en compte des aléas climatiques dans les cultures, entre sécheresses et pluies torrentielles, ou encore pour la simplification du « millefeuille administratif » qui s’applique aux agriculteurs.

Depuis début octobre, les actions se multiplient en région : une génisse éventrée par un loup abandonnée devant une sous-préfecture du Doubs, une veillée funèbre organisée en « mémoire de l’agriculture française » en Corrèze, ou encore des chrysanthèmes déposés à le pied de croix symbolisant les éleveurs vosgiens abandonnés par le groupe laitier Lactalis. Parti l’année dernière du Tarn, avec un manque cruel d’eau, la mobilisation est cette fois alimentée par les problèmes dus à l’excès d’eau. En 2024, la France a connu sa pire récolte de blé depuis 40 ans et a vu sa récolte chuter d’un quart.

Des Pyrénées jusqu’à la frontière belge, les troupeaux de vaches et de moutons souffrent de maladies menaçant la fertilité des animaux survivants et donc la production future. « Sans réponse structurelle, la crise ne s’est jamais arrêtée et elle s’est fortement aggravée en raison des aléas climatiques », souligne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.

Annie Genevard met en garde contre les blocages

Depuis janvier, le gouvernement a multiplié ses engagements, débloqué des centaines de millions d’euros d’aides, mis en branle une loi d’orientation agricole et s’est attaqué au millefeuille administratif dénoncé par les agriculteurs. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a ainsi parlé de son « obsession » à honorer les engagements pris, comme un « contrôle administratif unique » annuel des exploitations ou des « prêts garantis par l’État ».

Si cette dernière dit « comprendre » la colère, elle a néanmoins lancé quelques avertissements ce mardi : « Il ne doit y avoir aucune violence contre les forces de l’ordre, aucune dégradation des biens publics car c’est le contribuable qui en fin de compte paie, pas de désordre à l’approche. les fêtes de Noël qui sont si importantes pour nos petits commerçants, nos artisans », a-t-elle déclaré.

« Il faut pouvoir transporter des denrées alimentaires, servir les commerces auprès desquels les Français s’approvisionnent. J’invite chacun à l’esprit de responsabilité”, a-t-elle ajouté, appelant à “ne pas rompre ni abîmer le lien entre les Français et les agriculteurs”.

Mais à l’approche des élections professionnelles agricoles (en janvier), une Source syndicale reconnaît une « tentation de surenchère » entre les organisations, mais aussi du côté de la classe politique. Par ailleurs, concernant l’accord UE-Mercosur, même en cas de veto de la France, c’est la Commission européenne qui a le mandat pour les 27 pays de l’Union. Elle pourrait donc contourner ce veto en abrogeant une partie du traité. Pas de quoi rassurer nos agriculteurs.

 
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