Publié le 8 novembre 2024 à 21h02 / Modifié le 8 novembre 2024 à 21h26
Il est le président américain le plus controversé, mais Donald Trump a réussi à convaincre des couches très diverses de la population. S’il a pu se montrer virulent envers certaines communautés, ces mêmes communautés ont préféré voter pour lui que pour Kamala Harris, mardi 5 novembre dernier. Pour quoi ?
Le vote féminin
Avec les positions anti-avortement de Trump, on aurait pu estimer que le vote féminin se tournerait vers Kamala Harris. Si l’on compare les votes des électeurs, sur la base des sondages réalisés à l’issue du vote, l’écart entre les deux candidats à la présidentielle est de 10 points. 54 % des femmes ont voté pour Harris, contre 44 % des hommes. Il s’agit de la plus petite marge remportée par les démocrates dans cette catégorie depuis 2004. Comment l’expliquer ? Les opinions concernant l’avortement ont considérablement évolué au sein de la population américaine ces derniers temps. Plusieurs Etats ont d’ailleurs organisé un vote sur ce thème le même jour que l’élection présidentielle. Alors que 60 % des citoyens étaient favorables à ce qu’elle reste « légale dans la plupart des cas » en 2022, les derniers sondages montrent une parfaite division de la population (49-49) sur l’avortement. Ces débats n’ont évidemment pas joué un rôle significatif en faveur de Kamala Harris.
La religion
Les Arabes musulmans votent historiquement pour les Démocrates aux Etats-Unis, mais le soutien du président Joe Biden à Israël dans la guerre à Gaza a pesé sur la campagne de Kamala Harris. La vice-présidente n’a pas pu se démarquer des positions de l’actuel occupant de la Maison Blanche et aurait donc perdu une partie de cet électorat, notamment à Dearborn dans le Michigan, première ville à majorité arabe du pays, où Trump a battu elle de 6 points (42 à 36).
Communautés
Depuis Ronald Reagan, Donald Trump est le seul candidat à avoir visité le Bronx, un quartier à forte majorité afro-américaine (30 %) et hispanique (55 %). Nous étions le 23 mai, et cette opportunité lui a permis de détourner son procès dans l’affaire des documents classifiés. Dans le Bronx, il a déclaré : « Peu importe que vous soyez noir, marron, blanc ou de toute autre couleur, cela ne fait aucune différence. Nous sommes tous américains.
Même si seulement 12 % de la communauté noire a finalement voté pour lui, de nombreuses personnalités (Byron Donalds, membre de la Black Conservator Federation (BCF), Azealia Banks, MIA, etc.) ont fait campagne à ses côtés. Certains membres masculins de la communauté noire, surreprésentés dans le système carcéral, voient d’un mauvais œil le passé de Kamala Harris en tant que procureure et affirment qu’elle n’est pas une « vraie » personne noire.
Beaucoup d’entre eux se sont également tournés vers Trump en raison de l’inflation importante sous le mandat Biden. Lors de ses meetings, le milliardaire rappelait régulièrement le faible taux de chômage de la communauté noire durant sa présidence et accusait les migrants de voler des « emplois noirs ».
Les promesses économiques de Donald Trump ont aussi (et surtout !) séduit la communauté hispanique, qui est aussi en moyenne plus jeune, plus populaire et moins instruite que la population blanche.
Kamala Harris a certes remporté 53 % des voix hispaniques contre 45 % pour Trump, mais ce score pour les démocrates est le plus bas enregistré depuis cinquante ans. Cette fracture sociale hispanique est décrite en détail sur notre site.
Ville contre campagne
Alors qu’il avait gagné principalement dans les zones rurales par le passé, cette fois-ci, les gains de Donald Trump sont d’autant plus importants que la zone est peuplée (y compris dans les grandes banlieues). Il a gagné +8,1 points en moyenne dans les départements du centre urbain.
Les indécis se sont également ralliés au Républicain en fin de campagne, le vainqueur dépassant Kamala Harris de 26 points dans cette catégorie.