Une histoire surnaturelle bouleverse le procès pour viol de Mazan

Une histoire surnaturelle bouleverse le procès pour viol de Mazan
Une histoire surnaturelle bouleverse le procès pour viol de Mazan

Stéphane Babonneau, le deuxième avocat des parties civiles, s’est efforcé de le sortir de cette spirale de déni : « Il y a tellement d’actes que votre position est incompréhensible. […] Cette épreuve est aussi une main tendue vers vous. Vous avez la possibilité, dans cette salle, d’admettre que vous avez violé Mme Pelicot. Durant deux heures d’interrogatoire, Romain V. ne saisira jamais cette main. «Je n’avais aucune intention de violer Mme Pelicot. J’ai été violée quand j’étais enfant, agressée, battue. insiste-t-il une énième fois, le dos courbé. Son expertise psychologique et son enquête de personnalité ont révélé une trajectoire marquée par de multiples abus subis dans l’enfance, notamment des violences sexuelles infligées par « soi-disant amis » de ses parents. « Vous savez ce qu’est un viol, alors ? » Babonneau a réagi.

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« Lien social »

Les quelques vidéos, diffusées à la demande des parties civiles ainsi que du ministère public, ne feront pas évoluer sa position. Cet homme, en handicap depuis 2011, célibataire et sans enfants, ne lâchera rien : il cherchait “un simple mensonge social”, a « brise ta solitude ». Sur les images, Gisèle Pelicot est allongée sur le dos, visage visible, inconsciente. Ses ronflements couvrent même le son de la télé quand Romain V. lui impose une pénétration digitale, vaginale et orale, la laissant au bord de l’étouffement. Un gros plan de son visage montre son agresseur légèrement souriant, une image contrastant avec l’expression abattue qu’il affiche sur le banc des accusés. Il assure qu’il n’en a reçu aucun “plaisir”.

Romain V. visitait le site Coco depuis un an lorsqu’il entre en contact avec Dominique Pelicot. Après un échange de photos, un rendez-vous a été convenu avec lui au supermarché pour “voir” Gisèle Pélicot. Aucun mot n’est échangé entre eux. Romain V. nie même avoir envisagé à cette époque une « relation sexuelle ». “Je pensais qu’il pourrait s’agir d’une personne qui recherchait également des liens sociaux”, » essaie-t-il, sans s’apercevoir de ses incohérences. “Je ne comprends toujours pas pourquoi tu n’en parles pas alors?” » a répondu un évaluateur. “[Parce que] je ne la connais pas et [que] je suis timide”, il répond.

Lors de sa première visite à Mazan, dans la nuit du 8 au 9 décembre 2019, il a suivi le protocole indiqué. Il se déshabille, se réchauffe les mains et se dirige en silence vers la chambre. Il pense à un « semi-éveil » provoquée par le “fatigue”. “Tu as eu à chaque fois la même sensation, de semi-réveil de fatigue, sérieusement ?” s’agace le président Roger Arata. L’accusé se réfugie derrière des pertes de mémoire. « Quand vous la voyez dormir, vous ne posez pas de question à M. Pelicot, pourquoi ? lui dit Antoine Camus. Romain V. plaide une nouvelle fois l’absence de libre arbitre : “Il me demande de continuer alors je continue bêtement.” Avant d’être repris par Antoine Camus : “Il t’aurait demandé de te jeter par la fenêtre, tu ne te serais pas jeté par la fenêtre.”

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“Je ne suis pas contagieux”

Comme plusieurs des 50 coaccusés, il tente également la thèse du consentement par procuration. Cette fois, c’est le libre arbitre des femmes, en l’occurrence Gisèle Pelicot, qu’il entreprend de nier. “Le mari étant présent, un mari parle à sa femme, je pensais avoir la permission.” Romain V. digresse, se place souvent au centre des débats, évoque régulièrement ses problèmes de santé, ses apnées du sommeil, ses lourds traitements qui le quittent. “confus”. Romain V. est porteur du VIH depuis 2004, sous trithérapie depuis 2005. Il ne portait pas de préservatif, comme la majorité des autres accusés. Et n’avait pas informé Dominique Pelicot de sa séropositivité. Soutenu par son avocat Louis-Alain Lemaire, constatant son suivi régulier d’analyses, il recadre néanmoins : “La charge virale est stable, je ne suis pas contagieuse.”

Les versions des deux hommes diffèrent sur l’arrêt de ses visites. Dominique Pelicot affirme y avoir mis un terme le 15 septembre 2020, suite à sa première interpellation dont il l’avait informé. Pour Romain V., la décision serait venue quand il “J’ai réalisé qu’il n’y avait pas de lien social, qu’il n’y avait pas de sorties.” Il continue : « J’attendais d’aller au théâtre, au cinéma, de me promener. Je cherchais du lien social, je me suis dit qu’il fallait peut-être vivre ce qui s’était passé. Lui-même semble à peine y croire. “Je me suis rendu compte que la sixième fois, c’est quand même très malheureux.”

 
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