De l’autre, l’ancien président Donald Trump, 78 ans, auteur d’un retour politique spectaculaire après avoir quitté la Maison Blanche en 2021 dans un contexte chaotique, après avoir échappé à deux procédures d’impeachment et avoir été condamné en justice.
« Cela fait quatre ans que nous attendons cela. Quatre ans», a déclaré le républicain lundi lors d’un meeting à Pittsburgh, en Pennsylvanie, avant de se lancer dans de nouvelles diatribes contre les migrants, puis de s’élancer pour le dernier rassemblement de sa campagne, dans le Michigan.
« Retour à la normale »
Parsemée d’événements dramatiques, au premier rang desquels deux tentatives d’assassinat visant Donald Trump, cette course à la Maison Blanche a aussi été marquée par toute l’escalade dans un pays fracturé.
Chacun des deux rivaux se dit confiant dans sa victoire. Si l’on en croit les sondages, tout se jouera par quelques dizaines de milliers de voix, dans sept États dits pivots.
Les États-Unis, pays fédéral, disposent d’un système de suffrage universel indirect, couronnant le candidat qui parvient à rassembler la majorité des 538 grands électeurs, soit au moins 270.
C’est donc logiquement en Pennsylvanie, qui offre le plus d’électeurs de ces « swing states », que Kamala Harris et Donald Trump jettent leurs dernières forces.
Électricien de cet Etat, Yvonne Tinsley est venue voir le vice-président, disant rêver d’un “retour à la normale”.
« Je sais que Kamala ne va pas tout changer, mais je sais qu’elle saura au moins remettre les choses dans le bon sens », affirme cette comptable de 35 ans « fatiguée de toutes ces divisions ». Dans la soirée, le vice-président, ancien procureur puis sénateur de Californie, né d’un père jamaïcain et d’une mère indienne, a participé à une campagne de porte-à-porte auprès des électeurs.
Avant une réunion à Pittsburgh, où elle a déclaré : « L’élan est de notre côté. » La candidate démocrate a par ailleurs repris ses grandes promesses : incarner une « nouvelle génération », rétablir la protection fédérale du droit à l’avortement et soutenir la classe moyenne.
Pour son tout dernier rendez-vous, Kamala Haris n’a pas lésiné sur les symboles : ce sera à Philadelphie, berceau de la démocratie américaine, et au pied d’un grand escalier immortalisé dans le film “Rocky”.
« Ennemis de l’intérieur »
Et cette campagne a parfois pris des allures de match de boxe. Lundi, le colistier de Donald Trump, JD Vance, n’a pas hésité à qualifier Kamala Harris de « poubelle ».
L’ancien président a encore alimenté les tensions dans un pays à bout de nerfs en commençant à remettre en question l’intégrité des opérations de vote. L’équipe de Kamala Harris a déclaré « s’attendre » à ce que le républicain se déclare vainqueur prématurément, comme il l’a fait en 2020.
L’ancien magnat de l’immobilier, qui qualifie ses opposants d'”ennemis de l’intérieur”, est un “fasciste” animé par la vengeance et sa soif de “pouvoir illimité” martèle les démocrates.
Mais dans ses meetings, les trumpistes ne se laissent pas décourager. Ethan Wells, un restaurateur de 19 ans, confie son enthousiasme : « Quand Trump était président, personne ne s’en est pris à l’Amérique. » Près de 80 millions d’Américains, dont Kamala Harris, ont déjà voté par anticipation, sur 244 millions d’électeurs. Son rival devrait voter pour lui en personne mardi près de sa résidence en Floride.
Ce qui se passera ensuite reste la grande inconnue.
Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite à l’élection présidentielle de 2020, après laquelle ses partisans ont pris d’assaut le Capitole le 6 janvier 2021. Au moins trois États, Washington, le Nevada et l’Oregon, ont mobilisé les réservistes de la Garde nationale. Ailleurs dans le pays, certains bureaux de vote seront surveillés par des drones et des tireurs embusqués sur les toits.
Dans la capitale fédérale, des barrières métalliques sont érigées autour de la Maison Blanche, du Capitole et d’autres sites sensibles.