en Arizona, les pro-Trump se préparent déjà à contester les résultats des élections

C’est là, il y a quatre ans, que Joe Biden a battu Donald Trump avec la plus petite marge. Seulement 11 000 voix de différence. L’Arizona, au sud-ouest des États-Unis, à la frontière mexicaine, fait partie de ces fameux États charnières de l’élection présidentielle américaine. Or, ici, nombreux sont ceux qui n’ont pas reconnu le résultat de 2020. L’État est l’un des fondements de la pensée complotiste des partisans de Trump et tous se disent prêts à agir, si des irrégularités sont constatées.

À Casa Grande, au sud de Phoenix, la capitale de l’État, Wes est un peu pressé, il est au marché aux armes légères et s’arrête rapidement avant de se diriger vers l’église. Wes est venu échanger le modèle de chargeur d’un des fusils d’assaut qu’il a chez lui : « Je ne vais pas vous l’énumérer mais j’en ai assez. J’ai des portées courtes et longues, je peux tirer à plus d’un kilomètre, il explique. Si mes frères d’armes m’appellent pour accomplir notre devoir, alors j’y vais. Tous les militaires ou anciens militaires ont juré de défendre le pays contre les menaces internes et externes. J’ai l’impression que quelque chose va se passer, je le ressens dans mes os. J’espère me montrer, je ne veux pas que ça se passe mal dans ce pays. Je ne veux pas de bain de sang, alors j’espère que je me trompe», assure Wes.

“Il y a des groupes de personnes qui sont prêtes à répondre à n’importe quoi.”

Brian, marchand d’armes à Casa Grande, Arizona

sur franceinfo

Dans les allées des magasins, les commerçants affirment que les ventes de munitions se sont envolées ces derniers mois. Brian est convaincu que les gens se préparent. « Il y a des groupes de personnes qui sont prêtes à répondre à tout. Il y a des milices autour de nous, la guerre civile n’aura pas lieu. Mais certains groupes voudront prendre les choses en main, nous vivons actuellement dans un monde fou.

En 2020, 46 fonctionnaires, élus du Congrès, membres du conseil de surveillance et un shérif ont été sanctionnés pour refus d’élection. 100 % des fraudes signalées ont été rejetées dans le cadre d’une enquête indépendante, mais Rocky n’en accorde aucun crédit. « On nous traite de négationnistes de l’Holocauste, mais j’ai travaillé sur l’audit, j’ai vu les faux bulletins de vote. Ils ont triché et ils sont en train de recommencer. le vote par correspondance et par bulletins de vote ne fonctionne pas, ils trichent. Avant, l’élection se déroulait sur une journée, maintenant elle dure des semaines ou des mois… Ils se disputent, ils vont au tribunal. C’est exactement ce que veut la gauche, le chaos. Nous sommes Américains, nous sommes des soldats de la liberté. Il ne faut pas se laisser provoquer, en tout cas nous défendrons la Constitution. Et si cela signifie prendre les armes, qu’il en soit ainsi.conclut Rocky.

Les partisans de l’ancien président affirment qu’ils ne répondront qu’aux provocations, comme Gavin, installé dans les tribunes du dernier rodéo de la saison, à Camp Verde, fief conservateur au nord de Phoenix. “C’est un chapeau MAGA, Make America Great Again», si Gavin a troqué son chapeau de cowboy contre une casquette c’est que les élections approchent. Gavin confectionne des goodies, des objets promotionnels, les siens portent l’effigie de Donald Trump. “Ces quatre dernières années, la seule violence que j’ai subie venait de la gauche, assure-t-il. Des gars sont venus dans mon bureau, m’ont manqué de respect, m’ont craché dessus, m’ont injurié. Bref, la gauche est censée être pleine de bons sentiments, de paix mais bon.»

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À Camp Verde, fief conservateur de l’Arizona, les habitants assistent au dernier rodéo de l’année. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Gavin oublie de mentionner qu’il y a quatre ans, des évaluateurs républicains ont reçu des menaces de mort pour avoir validé l’élection de Joe Biden. Cette année, il n’est pas question pour lui que Kamala Harris, que les démocrates gagnent à nouveau en Arizona. « Cette fois, je pense qu’on a joué la même carte qu’eux, en votant par anticipation. Pour être sûr que nos bulletins de vote vont au bon candidat. Je ne pense pas qu’elle puisse gagner, c’est impossible, du moins pas avec nous», se convainc Gavin.

« Trop gros, trop gréé », “l’écart sera trop grand pour que le vote soit truqué” : ce slogan est entendu partout, dans la bouche des militants et de l’équipe de Donald Trump. Par exemple, dans le hangar d’un fabricant de munitions où s’est déroulé ce week-end un meeting d’un des partisans de Donald Trump en Arizona, Charlie Kirk, évangélique et ultraconservateur. Il a travaillé dur pendant quatre ans pour récolter des fonds et corriger une erreur, celle de la victoire d’un démocrate en Arizona.

Une hérésie pour Kirk qui rappelle que les Républicains sont bien plus nombreux que les Démocrates dans cet Etat, insinuant comme preuve que le nombre de personnes inscrites est suffisant pour remporter la victoire. Kirk annonce l’avance républicaine de 8 points suite au vote anticipé, mais il ne dit pas que c’est une question de participation. Ce mélange de chiffres et d’affirmations donne aux militants l’impression que la victoire est acquise et qu’aucun autre résultat ne pourra être validé dans les prochains jours.

 
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